Bordeaux Rhum Festival 2019 – partie 2

Retour au Palais de la Bourse de Bordeaux, pour le Bordeaux Rhum Festival !

Festival inside

Bordeaux Rhum Festival – Intérieur

On revient ensuite vers un classique des embouteilleurs indépendants français : Ferroni. J’avais le sentiment de ne pas m’y être intéressé depuis trop longtemps et alors qu’il n’y avait pas de nouveauté, je suis tout de même bien content d’être passé voir le savant fou, entrepreneur, historien, barman, distillateur, touche à tout, embouteilleur marseillais.

Rhum Vulcao

Bordeaux Rhum Festival – Ferroni Vulcao

Vulcao (45%)
J’ai débuté par le seul blanc de la maison que je n’avais pas encore eu l’occasion de découvrir, le Vulcao, un grogue du Cap Vert. Je connais un peu ce type de “rhum” entre autres grâce à Musica E Grogue, et son créateur Jean-Pierre Engelbach, que j’avais pu rencontrer il y a bientôt deux ans. Ces eaux-de-vie de canne sont faites très artisanalement et le goût s’en ressent avec des arômes de canne fraiche et une forte acidité, pour un profil global tout sauf uniformisé ou aseptisé. Ce Vulcao répond à ces caractéristiques avec canne et acidité qui sont au rendez-vous. Je ne suis pas un fan inconditionnel des grogues mais ils valent le coup de les découvrir.

Rhum Ferroni

Bordeaux Rhum Festival – Ferroni Ambré, Brut de fût Barbade 2009, Brut de fût Jamaïque 2010

Ferroni Ambré
C’est LE blend Ferroni, un assemblage de Guyane Anglaise, Trinidad et Île Maurice. Il passe un an en fût de cognac avant de vieillir 6 mois de plus en fût de Rasteau. Le nez est comme dans mon souvenir, super gourmand avec ses notes pâtissières. La bouche se fait un peu plus puissante mais tout aussi agréable que le nez sur cette simplicité beurrée. Ma foi, c’est vraiment pas mal.
Ferroni c’est aussi des bruts de fût de différentes origines, enfin, il n’y en a plus que deux, cette série étant victime de son succès. Rassurez-vous, Guillaume Ferroni en a plein sous le coude, il a de nombreux fûts qui sont en train de tranquillement se reposer pour nous faire profiter en temps voulu de ce qu’ils renferment (il m’a fait la liste, ça a pris 5 minutes de tous les citer :D).
Ferroni Barbade 2009 (63.5%)
Un rhum de Barbade gourmand et puissant, avec sa traditionnelle coco mais aussi des notes beurrées là encore et une poudre à canon bien marquée, qui vient sans doute du double passage en fût de Rasteau. Ces deux “finishs” successifs dans des fûts ayant contenu le même type de vin doux naturel, apportent une certaine douceur (en plus de la poudre à canon) et le rendent étonnamment facile à boire malgré son degré. La finale est longue sur des notes de coco et beurre. Une autre création Ferroni drôlement facile à boire !
Ferroni Jamaïque 2010
Ce Worthy Park est moins à mon goût avec son profil typique des rhums jamaïcains vieillis sur le vieux continent. Le passage en fût de rye whisky lui apporte cependant une note de foin assez plaisante.
Bon, il va falloir surveiller ce qu’Aubagne nous réserve pour les années à venir !

Plantation Excellence Rhum

Bordeaux Rhum Festival – Plantation Belize 2009 et Jamaica 1999

On continue avec un embouteilleur français (qui est même bien plus que ça) : Plantation.
Pas la peine de vous parler de cette maison de Cognac, vous la connaissez déjà – si vous voulez en savoir plus, jetez un œil ici. Avant de nous jeter dans la dégustation de petites choses pas encore embouteillées (ou qui ne le seront peut-être jamais, en tout cas sous cette forme), je souhaitais me frotter à des embouteillages réalisés pour la Boutique Excellence Rhum.
Rhum Plantation Bélize 2009 (44%)
Ce rhum de presque 10 ans a passé 5 ans sous les tropiques dans le chai de la distillerie Travellers avant de débuter un second vieillissement en France vers Cognac pendant 4 ans et demi dans un fût de merisier. Le dosage est de 10g. Un nez à la fois gourmand et sec, nettement dominé (sans surprise) par la noix de coco. L’influence du merisier n’a pas été flagrante à mes narines. La bouche est plus douce que prévue où c’est à nouveau cette coco qui l’emporte, accompagnée de bois. La finale en revanche m’a moins plu. Un rhum de Belize assez typique de la distillerie pour moi.
Rhum Plantation Clarendon 1999 (46.7%)
Ses 17 ans passés dans la chaleur jamaïcaine lui ont apporté des accents fruités assez exubérants ; fruits blancs et fruits exotiques sont de la partie. Des notes empyreumatiques sont également de la partie. La bouche offre une belle intensité, avec un alcool vraiment bien dosé, des fruits toujours présents et un équilibre réussi. Sur la finale ce sont surtout les notes brulées et légèrement fumées qui vous accompagneront un long moment. Il m’a plu ce “petit” Clarendon sans me conquérir tout à fait, peut-être ne lui ai-je pas manifesté l’attention nécessaire.

Plantation samples

Bordeaux Rhum Festival – Plantation, échantillons

Et c’est là que c’est vite parti en vrille, car ce n’est pas moins d’une bonne demi-douzaine de bruts de fût (plus la plupart) qui se sont succédés dans mon verre, le tout ponctué de blagues – horribles – savamment distillées par Alexandre Mourigué. En voici le rapide compte rendu (non pas des blagues, je n’oserais pas). A souligner un visiteur qui n’arrêtait pas de demander du Baileys à la place du Belize, ce qui n’aidait pas à la concentration.
West Indies Rum Distillery 2011 (62%)
Un nez sur la noix de coco grillée et un boisé sec, où se font également sentir d’étonnantes notes de maïs. La bouche est puissante, sèche et douce à la fois, toujours sur cette coco omniprésente. On garde les mêmes sur la finale avec en prime l’apparition de tabac. Pas mal même si un peu fort.
Savanna grand arôme 2005 (47.8%)
Je ne suis pas grand amateur des rhums grand arôme, celui-ci ne dérogera pas à la règle, malgré une bouche relativement équilibrée et gourmande.
Saint Lucie 2010 (57.1%)
Un nez surprenant sur des notes très chaudes, empyreumatiques et torréfiées ; heureusement des notes fruitées de pomme sont là aussi. En bouche, la puissance est mesurée et il se fait plus complexe et moins facile à décortiquer ; on n’y retrouve pas vraiment l’identité Sainte Lucie. On retrouve les notes très chaudes sur la finale, qui se fait très longue.
Savanna agricole 2004 (61%)
Un nez épicé aux arômes de noyau de cerise et de boisé gourmand, plutôt sur la finesse que l’intensité. La bouche confirme la finesse et l’équilibre des arômes mais j’ai trouvé l’alcool vraiment trop puissant – peut-être le fait d’enchainer les forts degrés… La finale est longue et sympa, c’est même peut-être là que ce rhum est le plus séducteur.
Clarendon MMW 1984 (74,8%)
Ce rhum de 35 ans, vieilli presque toute son existence sous les tropiques, ne sera autre que le Plantation Extrême n°4. A noter que la fermentation de ce rhum a été faite avec l’eau de la rivière proche de la distillerie, dont l’eau est salée ; intéressant. Je sais, je viens de l’écrire, mais cela me semble suffisamment important pour l’écrire à nouveau : 34 ans de vieillissement tropical ! Le nez est hors du commun : intense, riche, gourmand, végétal, pâtissier, empyreumatique, très complexe, avec entre autres des notes d’un bois sombre, d’épices de noël, d’orange… J’y ai passé un long moment et tant mieux, il dévoile sans cesse de nouvelles facettes. La bouche est très forte, trop forte. Le bois, les épices, le zest d’orange surnagent dans cette intensité gustative et une étonnante légère sucrosité ressort. La finale est à la fois sur des notes très sombres (tabac, cuir, bois) mais garde une certaine fraicheur. Un rhum qui se remarque et qui est impressionnant. Seul problème, cette puissance alcoolique en bouche… Je pense vraiment que 10, voire 15 degrés de moins lui auraient fait le plus grand bien.
Ce n’est qu’après cette “bête” de rhum que je me rends compte que certains flacons renferment aussi du Long Pong, ma distillerie favorite de Jamaïque. Je n’en ai goûté qu’un, un STCE 2005, lui aussi à 74.8%, décidément… Je n’étais plus vraiment en état de déguster proprement un second rhum aussi puissant, aussi n’ai-je marqué que : “aaahh Long Pond, toujours aussi gourmand…” Je me suis surpassé 😀

Old Borthers black bottles

Bordeaux Rhum Festival – Old Brothers LPCH (Jamaïque), MGB (Marie-Galante), FWI (Barbade)

Après avoir atteint de tels sommets (et pas qu’en degré d’alcool), il était compliqué de passer à autre chose, aussi ai-je fait une petite pose à boire de l’eau avant d’enchainer par celui qui sera mon dernier stand de la journée : Old Brothers.
J’arrive devant un Antony Martins visiblement fatigué par cette journée de salon (et peut-être par sa soirée de la veille ^^) mais qui devant l’affluence à son stand continue, comme à son habitude, de présenter sa démarche et ses produits aux visiteurs, avec passion et précision.
Vous connaissez sans doute Old Brothers par ses embouteillages bruts de décoffrage (et de fût ou de colonne), des rhums puissants et typés qui plaisent à Anto et Julien, les deux vieux frères. Mais ces rhums ne s’adressent qu’à une toute petite frange des amateurs de rhums, aussi l’idée est née de créer une gamme plus abordable, mais toujours qualitative, qui permettrait de faire découvrir des typicités d’origine. Pour ce faire, Anto s’est mis à réaliser des assemblages (et s’est d’ailleurs pris au “jeu) à des degrés moins extrêmes, pour arriver au degré qui lui a semblé le plus approprié : 47.1%. Trois bouteilles – très jolies soit dit en passant – ont vu le jour.
Old Brothers FWI (47.1%)
Nous sommes à la Barbade avec un assemblage de rhums provenant de deux distilleries de l’île : West Indies Rum Distillery et Foursquare, respectivement 90% et 10% du blend. Le résultat représente bien ce que la Barbade est : un profil gourmand et sec où la noix de coco et le bois occupent le devant de la scène mais qui sont ici rejoints par des notes de tabac et des arômes pâtissiers. Le résultat est plaisant et très gourmand, du nez à la finale.
Old Brothers MGB (47.1%)
Direction la Guadeloupe et plus précisément Marie Galante, avec la distillerie Bielle. Vous vous rappelez sans doute les bruts de colonne Bielle que Old Brothers avaient mis en bouteille au début de leur activité. On y revient donc avec un jeune rhum de 2016. On reconnait bien la colonne vertébrale de la distillerie avec les agrumes et les graines de fenouil, auxquelles se joignent la vanille et la noisette. En bouche, on se rend vraiment compte que ce degré choisi est vraiment bien ! La finale est très agricole sur la canne et les épices. Si on ne connait pas Bielle et que l’on veut découvrir leur rhum, ce MGB est un bon moyen d’y mettre un pied. Et si on connait déjà cette distillerie, on peut tout à fait y prendre du plaisir 🙂
Old Brothers LPCH (47.1%)
Nous avons ici un blend de rhums de Jamaïque de trois distilleries différentes pour un minimum de 4 ans d’âge. Vous avez peut-être deviné de quelles maisons jamaïcaines il s’agit au nez de ce rhum : Long Pond (45% de l’assemblage), Clarendon (45% de l’assemblage) et Hampden (10% de l’assemblage avec ce DOK). Nous sommes immédiatement transportés dans cette île à peine le nez penché sur le verre avec tout ce que cela comporte de fruits mûrs, de notes végétales et de vernis. Une fois de plus, le degré d’alcool semble offrir ce qu’il faut de puissance pour porter les arômes sans déranger la dégustation par une trop grande force. La finale est, comme souvent sur des rhums de Jamaïque, dominée par des notes empyreumatiques, mais on garde aussi du fruit, ce qui est bien agréable et pas si courant.
J’ai été emballé par ces trois bouteilles. Je trouve que le travail d’assemblage et de réduction est vraiment de bonne qualité !

Old Brother Bielle

Bordeaux Rhum Festival – Old Brothers Bielle Premium 2011

Old Brothers Bielle 2011
Il restait encore trois bouteilles à déguster sur le stand (Bielle, Clément et Sainte Lucie) mais l’heure de départ de mon train approchant, je n’ai pu en déguster qu’une et ça aura été le Bielle.
Contrairement au MGB dégusté plus haut, ce 2011 a précisément été sélectionné pour son côté atypique et singulier. Au nez c’est une surprenante noix de coco qui ouvre les hostilités ! Ce n’est que derrière cet arôme inhabituel que l’on pourra sentir les notes de rhum pur jus de canne, ses épices et ses agrumes, avec en prime des arômes pâtissiers. Sur la suite de la dégustation, bien que la coco soit toujours présente, les agrumes et les épices gagnent en intensité et en présence.
Etonnant et réussi que ce Bielle premium (comprenez qui a été distillé deux fois, sur colonne et sur alambic).

Palais de la Bourse by night 2

Bordeaux Rhum Festival – Place de la Bourse

C’est sur cette ultime dégustation que j’ai dû me presser pour aller prendre le tram pour ne pas louper mon train. Quelques regrets avec des stands auxquels je n’ai pas pu me rendre par manque de temps, avec entre autres celui des Frères de la Côte, qui était littéralement pris d’assaut et tant mieux pour eux 🙂
Et en passant devant le stand des rhums de Ced, Jean-François me fila un fruit de la passion – qui depuis aura servi à faire un ti-punch pour madame 😉 – et une petite rasade du Graal Passion mis en bouteille pour la Cave Passion en Andorre. Vous vous en doutez, cet arrangé est très… passion, alors si vous aimez ce fruit, aucune hésitation à avoir, mais encore faut-il passer dans les Pyrénées ^^
C’est cette note fruitée qui ponctua la fin de mon Bordeaux Rhum Festival 2019 !

 

Retrouvez ici la première partie.

2 thoughts on “Bordeaux Rhum Festival 2019 – partie 2

  1. Pingback: Rhum Society 2021 – partie 1 | Les rhums de l'homme à la poussette

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