Je vous ai déjà parlé de Le Gus’t, cet embouteilleur indépendant sudiste. Je ne vais pas vous refaire tout l’historique, vous pouvez le trouver dans mon précédent article à leur sujet.
Et nous voilà donc avec deux nouveaux rhums, chacun d’eux en deux versions : full proof et optimum proof – ce dernier étant un degré un peu inférieur au full, où l’équilibre est sensé se créer de manière… optimale.
Deux nouveaux rhums de Guyane Anglaise donc, qui viennent de deux autres fûts achetés dans le même lot que celui que j’avais déjà dégusté. Une différence cependant : ces deux-là ne sont pas indiqués comme ayant séjourné dans des ex-fûts de caroni. Cependant, comme on va le voir à la dégustation, le doute n’est pas permis et l’influence de la distillerie fermée de Trinidad est indéniable.
Justement dé-gus’t-ons (je ne m’en lasse pas :D).
Le Gust Cuffy Optimum Proof – 60.4%

Le Gust Cuffy Optimum Proof – 60.4%
Au nez, la première chose qui me vient, c’est la parenté avec ces caroni très portés sur la vanille et un côté pâtissier, en plus des leurs notes caroniennes, mais qui souffrent d’un manque de fruité, si ce n’est une pointe d’agrumes très discrète. Il est un peu fermé et l’alcool est déjà pas mal présent. Le repos lui permet de s’ouvrir et de voir sa facette gourmande gagner du terrain sur ses arômes de distillerie-fermée-et-découverte-par-l’Indiana-Jones-italien-dans-la-forêt-vierge-avec-sa-machette. Ce repos lui fait du bien.
En bouche, l’intensité est là et il propose une certaine fraicheur qui vient équilibrer l’ensemble. Une certaine sucrosité vient même arrondir les angles de ce demeroni (merci Flo !) assez puissant par ailleurs.
La finale est dominée par l’hydrocarbure, la vanille et le bois, qui ressort.
Avec du repos, le nez devient plus agréable, en dépit d’un départ hésitant et la bouche est réussie. La finale, elle, laisse un peu à désirer.
Le Gust Marrons de la Liberté Optimim Proof – 58.8%

Le Gust Marrons de la Liberté Optimim Proof – 58.8%
Au nez, il se distingue du Cuffy Optimum Proof de par un peu plus de fraicheur et un boisé plus marqué. Il offre également moins de vanille et se présente même sur une impression légèrement fermière, qui tend à disparaitre les minutes passant. La trame caroni est bien là mais elle aussi décroit avec l’aération au profit du caramel. Le plus équilibré des quatre.
En bouche, il se fait déjà puissant (mais à l’alcool bien dosé) et plus simple, sur une dominante pétrolifère toute caroni, sans être austère pour autant. Il garde sa toute relative gourmandise trouvée sur le nez.
La finale est sèche, caronienne et boisée, à en devenir amère, après quelques instants.
Le nez le plus sympa, mais bien que la bouche ne se défende pas trop mal, la finale est moins réussie.
Le Gust Marrons de la Liberté Full Proof – 65.7%

Le Gust Marrons de la Liberté Full Proof – 65.7%
Au nez, les degrés en plus n’apportent pas grand-chose, mis à un part plus de vanille et des poils du nez qui tressautent. On y retrouve donc sa parenté caroni et de légères notes fermières (et peut-être une pointe pâtissière).
En bouche, la texture est agréable et la puissance permet de porter les notes caroniennes encore plus loin. Une sucrosité très modérée est à noter.
La finale est assez monolithique : hydrocarbures et vanille, mâtinée d’une certaine amertume.
Peut-être celui qui m’aura globalement le moins plu.
Le Gust Cuffy Full Proof – 66.9%

Le Gust Cuffy Full Proof – 66.9%
Au nez, les poils frisottent et il propose une intensité accrue. La note pâtissière se transforme en arôme de fruits à coque. C’est ici bien les notes d’hydrocarbures vanillées qui l’emportent et qui sont accompagnées d’une impression de cuir.
En bouche, sucrosité là encore, ainsi que puissance mais se dégage cependant un certain équilibre général. Assez agréable.
La finale est la plus longue des quatre et aussi la plus réussie selon moi ; il reste expressif un long moment, avec de s’éteindre, telle une cheminée, sur une impression de cendres.
Une impression générale réussie pour ce caronara (merci Olivier !) sur ce 66.9%.

Le Gus’t – line up, chez les beaux-parents ^^
Intéressant de voir comme de l’un à l’autre on retrouve des arômes communs et des différences parfois minimes mais qui comptent. Certes ils sont vraiment proches, mais les légères variations permettent à ces quatre rhums de se distinguer les uns des autres.
Je ne trouve vraiment rien de Demerara sur cette série mais que du caroni et le “mystère” demeure ! Je leur trouve un manque général de fruits mais ils ne sont pas ratés pour autant. Les amateurs de ce genre de caroni y trouveront sans nul doute leur compte, ceux de Demerara resteront en revanche sur leur faim.
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