Musica e Grogue : Grogue Natural Da Cruz et Grogue Velha 2 anos


On voit de plus en plus de ces rhums capverdiens apparaitre sur les étals de nos cavistes depuis peu (Ferroni est souvent dans le coup), avec entre autres le(s) Vulcão (on en parle ici) ou encore le Old Brothers Bar dans les Arbres (on en parle ). Mais le premier grogue que j’ai dégusté remonte à un peu plus longtemps, lorsque j’avais eu la chance de rencontrer Jean-Pierre Engelbach chez un caviste près de République. Le co-créateur de Musica e Grogue était alors venu avec quelques échantillons et j’avais pu me frotter à cette eau-de-vie produite on ne peut plus artisanalement et à la typicité bien marquée.
Rappelons que les grogues sont élaborés à base de jus de canne, avec des durées de fermentation qui peuvent grandement varier et qu’ils sont distillés sur de petits alambics. En résultent des rhums très expressifs, à degré relativement faibles (entre 40% et 50% en sortie d’alambic). Sur une bonne partie des grogues j’ai pu tester, est très présente une note métallique liée au jus de canne, ce qui fait que je n’en n’ai pas toujours été fan.
Mais revenons à Musica e Grogue. Les cannes à sucre (la cana preta et la cana riscada) et la production sont localisées sur l’île de Santo Antão et plus précisément du côté de village de Tarrafal. La distillation s’effectue dans cinq (micro) distilleries, appelés trapiches. La tradition sur place est de consommer cet alcool blanc mais des vieillissements ont commencé à être mis en place depuis peu. A noter que M&G produit également des punchs à base de fruits de l’île (fruit de la passion et tamarin).
Bref, place à la dégustation du dernier blanc et et du 2 ans ! 🙂

Musica e Grogue – Grogue Natural Da Cruz 2020 – 43%

Musica e Grogue : Grogue Natural Da Cruz et Grogue Velha 2 anos – Grogue Natural Da Cruz 2020 – 43%

Le premier nez est immédiatement très expressif et on reconnait dès les premiers effluves sa nature de « rhum » pur jus de canne distillé sur alambic. Non sans rappeler certains clairins, il développe des arômes de canne fraiche mais aussi d’épices, des notes organiques, du zest de citron et une pointe florale capiteuse. Un accent métallique est également présent mais sans qu’il soit gênant, d’autant qu’une impression sucrée émerge.
Le second nez le rend encore plus expressif mais fait surtout apparaitre des arômes fruités de poire et de banane, tout en faisant ressortir les épices et en rendant son profil plus chaud. Vraiment intéressant.
La bouche nous offre ce qui avait été promis en début de dégustation avec cette typicité de canne distillée sur petit alambic. En revanche pas la moindre sucrosité mais un certain sérieux avec une canne qui se fait plus végétale et les agrumes qui ne manifestent par leur zist.
La finale est sèche et même légèrement amère sur la verdeur et toujours cette partie blanche de la peau du citron.
Le nez m’a beaucoup plu et laissait présager plus de folie et moins de gravité, cette dernière n’était pas vraiment un défaut à mes yeux mais la bouche et la finale sont trop éloignées du nez à mon goût. Je serais curieux de savoir combien de temps ce grogue a reposé avant d’être embouteillé.

Musica e Grogue – Grogue Velha 2 anos – 44.5%

Musica e Grogue : Grogue Natural Da Cruz et Grogue Velha 2 anos – Grogue Velha 2 anos – 44.5%

Le premier nez révèle une eau-de-vie qui a gardé son identité non-vieillie et sa nature sauvage. Cependant, cette facette très canne et alambic est rejointe par les notes provenant du fût, avec des accents boisés sur une timide vanille et des fruits à coque. Viennent se joindre à la fête quelques fruits rouges qui apportent encore un peu plus de complexité.
Comme sur le 2020, sur le second nez, celui-ci gagne en intensité mais également en arômes, puisque le beurre et la poudre à canon (sans aucun doute issue du fût de vin), non seulement apparaissent, mais deviennent même presque dominants. Ce duo fonctionne plutôt bien.
La bouche est très fraiche et même légèrement acide. On y retrouve les deux influences de ce grogue vieilli : l’exubérance du jus et la rondeur du fût. Une légère astringence fait saliver de manière agréable.
La finale, d’abord dominée par le boisé, est longue et changeante. En effet, le fût, laisse la place à la canne, qui elle-même va évoluer vers des arômes organiques dans un premier temps, puis vers plus de verdeur et enfin un côté terreux/bois mouillé.
Rares sont les purs jus aussi jeunes qui parviennent à associer de cette manière la quintessence de l’alcool blanc avec les arômes extraits du bois. Celui-ci y parvient, avec intensité et originalité.

Deux dégustations intéressantes, avec une nette préférence pour le vieux, où l’élevage vient “compléter” l’identité du blanc plutôt que de la gommer. J’ai trouvé le blanc un peu trop sévère en revanche mais l’effet “millésime” sur de telles productions est très impactant, du coup, il faudra goûter les suivants pour suivre tout ça ; je me dévoue ! 😉

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