Aller, encore un petit effort, nous voilà presque au bout de ces articles consacrés au Whisky Live Paris 2023. Enfin, quand je dis “presque au bout”, il nous reste encore une quarantaine de spiritueux à passer en revue. Ce qui, mine de rien, portera le compte de produits dégustés à un peu plus de 150 sur les trois jours… Comme je vous disais, je n’ai pas chômé.

C’est un peu ma manière à moi de rendre hommage à cet incroyable salon, en ne ménageant pas mes efforts. Bien loin d’avoir tout dégusté, je suis. Mais finalement, c’est tout de même un joli score. Bien sûr, j’ai tendance à voir ce que j’ai loupé : pas assez d’armagnac, quelques nouveautés rhum manquées, l’absence de shochu… Bref, si La Maison du Whisky pouvait organiser une séance de rattrapage pour les 8675 spiritueux que je n’ai pas eu le temps de déguster, cela serait fort urbain. Merci d’avance.

Mais d’ici là, voici la quatrième et ultime partie de Mon Whisky Live Paris 2023.

RHUM

Mount Gay PX – 43%

Vingt ans de bourbon puis un an en ex-fût de Pedro Ximenez
Nez : une gourmandise coco toute barbadienne avec un peu de sherry qui augmente le côté confit/grillé et la concentration
Bouche : pourrait avoir quelques degrés de plus mais c’est facile et gourmand
Finale : bois, coco, torréfié

Mount Gay Single Estate 23|01|Bn_Qa – 55%

Dix jours de fermentation avec levures des chais et cannes du domaine, 100% potstill, cinq ans ex-bourbon ; autrement dit un ovni chez Mount Gay.
Nez : empyreumatique, esters, rien à voir avec le profil de la marque
Bouche : vif mais ça va, même chose que le nez, certaine sucrosité, un peu de gourmandise mais pas assez pour moi
Finale : très long

Foursquare Touchstone – 61%

Nez : chouchous, coco, vernis, un peu d’épices, vanille
Bouche : les 61% sont très bien, belle présence en bouche, rond
Finale : moyennement longue

Appleton Legend 17 ans – 49%

Nez : bien plus “jamaïcain” et bien plus expressif que les autres références de la marque (si ce n’est la Hearts Collection), beaucoup d’orange, de l’ananas, amande amère, bois
Bouche : concentrée, alcool très bien, orange, bois, très torréfiée
Finale : longue !

Providence 2020 (3 ans) – 52%

Sirop de canne, vieilli trois ans en fût de chêne américain neuf
Nez : beurré, noisette, léger funk de la matière première encore présent
Bouche : alcool un peu vif, bois un peu plus marqué mais toujours assez gourmand et une petite fraîcheur
Finale : beurre, beurré et beurre aussi, il y a également un peu de beurre sous le beurre
Pas mal

Shakara 12 ans – 45.7%

Puisque je l’avais déjà dégusté il y a quelques temps, je ne suis pas passé au stand (enfin si, j’ai pris une photo). Si vous êtes curieux, voici l’article où je vous livrais mes impressions : Teasing Whisky Live 2023.

Karukera L’Insolite – 45,2%

Chauffe douce sur des fûts neufs aux grumes sélectionnées, enfuté à bas degré
Boisé marqué pour un trois ans mais pas un boisé qui me séduit, un peu trop de poivre. Avec un peu de temps, il s’améliore. Il faut aller le chercher.

Montebello 3 ans BdF – 52,3%

Nez : fruits à coque, canne, beurre
Bouche : bouche franche, gourmande, dont une certaine fraîcheur végétale
Finale : une jolie canne sucrée revient
J’ai bien aimé.

Montebello Zenga Gold Edition – 60%

18 mois en ex-rye et Tennessee whisky
Nez : canne et boisé beurré
Bouche : très canne
Finale : le fût revient avec toujours une certaine amertume herbacée

Montebello Zenga Black Edition – 60%

Nez : très joli nez, canne végétale mais surtout gourmande et grasse
Bouche : une suavité incroyable, la canne en plein avec presque un côté corn flakes (je ne me rappelais pas du tout avoir écrit ça, ça me rend curieux moi-même :D)
Finale : assez long

Brugal Visonario – 45%

Nez : fruits à coque, bois, vanille
Bouche : suave, alcool très discret, mêmes marqueurs qu’au nez
Finale : boisée, voile sur la langue

Barbancourt blanc – 55%

Nez : canne fraîche qui semble très sucrée et pleine, frais avec un léger menthol
Bouche : sucrosité marquée et toujours un léger médicinal en plus de la canne
Finale : légèrement réglissée
Une surprise, bonne la surprise

Barbancourt 160e anniversaire – 45%

Jus entre 15 et 40 ans
Nez : le bois a beaucoup donné, vanille, fruits à coque, torréfié, on sent presque la texture
Bouche : très torréfié, grosse sucrosité, texture
Finale : longue

Je vais maintenant parler de quatre immanquables du salon pour les amateurs de rhums agricoles. Je me suis arrêté aux stands pour saluer les producteurs et exposants mais je n’ai pas dégusté ces rhums. La raison : j’avais eu la chance de les goûter auparavant. Je vais tout de même vous en dire un mot, justement basé sur ces dégustations pré-Whisky Live.

Neisson Clot Godinot – 52.5%

Dès le nez posé sur le verre, on sait où l’on va : en Martinique. La canne à sucre est la star ; elle se voit bien épaulée par le citron vert et le cassis. On imagine une texture épaisse. La bouche ne fera que confirmer ce pressentisment : grasse et suave, elle offre une concentration qui se remarque sur le jus de canne et les fleurs. Les 52.5% sont très bien choisis. La finale est essentiellement florale et herbacée (un peu moins un mon goût).

Neisson Zetwal – 49.4%

Il m’a fait une impression étagée (ce qui ne veut pas dire grand-chose, je vous l’accorde). En fait, je ne l’ai pas trouvé très homogène suivant les différentes étapes de la dégustation, ce qui n’est pas un problème en soit me direz-vous. En effet.
Le nez m’a beaucoup plus, avec énormément de fruits, autant exotiques, que du verger, que des agrumes. Très frais, il ne fait pas forcément son âge, d’autant que des notes florales apparaissent. Bien sûr, le boisé n’est pas complètement absent, et il est légèrement torréfié et épicé. C’est d’ailleurs les arômes issus du fût qui dominent la bouche, avec une belle gourmandise : brioche, miel, caramel… Peut-être un petit manque de peps. La finale est menée par le boisé épicé, qui ne laisse que peu de place aux autres acteurs. L’impression générale est positive, cependant, pas de coup de cœur.

J. Bally Grande Cuvée du Siècle – 45%

Cette cuvée célèbre les 100 ans de la création de la distillerie (fermée entre temps). Il s’agit d’un blend de cinq millésimes : 1929, 1939, 1955, 1975 et 2008, créé par Marc Sassier et ses équipes. Pas de suspens, j’ai beaucoup aimé. Complet, complexe et évolutif, il balaye toutes les familles d’arômes : des fruits sous différentes formes et de différentes natures, des notes tertiaires, des épices, du tabac, du caramel… Le tout est équilibré, avec une bouche légèrement plus boisée que le nez. Il propose une belle intensité pour ses 45% et la finale est très longue.

Saint James Éphémère n°5 – 51.8%

Et voilà, le quatrième et dernier Éphémère est sorti. Il conclue la série de bruts de fûts qui recomposent, au travers de leurs numéros, la date de création de la marque : 1765.
Le nez est élégant et boisé mais sans doute moins que sur d’autres de la gamme. Ces sont définitivement les arômes issus du vieillissement qui occupent la place : fruits secs, cacao, vanille… En bouche, le boisé lui-même se fait plus intense. L’alcool est superbement dosé et marche très bien au côté du velouté. Prédominance du cacao sur la fin de bouche et la finale, très longue et toujours très orientée fût.
En revanche, savoir s’il est meilleur/plus à mon goût/plus réussi que les trois autres… Il faudrait se faire un line-up mais même comme ça, vu que les dates d’ouverture seraient vraisemblablement différentes, cela ne serait que moyennement concluant. Peut-être me livrerai-je néanmoins à l’expérience un de ces jours.

Territory 3 Cap Vert

Pas représenté sur le salon, ce n’est autre que l’un des deux créateurs de la marque qui m’a gentiment servi quelques centilitres du breuvage. Je le rappelle, il s’agit d’un dry spiced rum. Autrement, dit, le rhum de l’origine choisie (ici le Cap Vert) est redistillé (chez Ferroni) avec des ingrédients (on dirait “botaniques” dans le gin), qui proviennent du même pays/île/région du monde.
En résulte, pour ce troisième opus, un distillat hyper frais et fruité ! Très engageant au nez et en bouche, il donne envie de tonic !

WHISKY

Impossible de passer à côté des whiskies français cette année. Leur place ne fait que croitre depuis quelques années, et tant mieux ! Pas mal de Bretagne dans ma sélection mais pas que.

Galaad Prélude en Brocéliande – 43%

3 ans ex-fût de cognac et fût neuf français
Nez : très jeune whisky entre céréales et fruits du verger frais
Bouche : rond, manque un peu de corps mais on a bien la suite du nez
Finale : légère et moyennement longue

Galaad Origine millésime 2018 – 44,5%

5 ans 40% de fût neuf et 60% de fût de chêne français ex-cognac
Nez : plus épicé et boisé, plus chaud et un peu moins de céréales
Bouche : plus gras, plus riche et chaud
Finale : chaude, torréfiée, grillée
Il me plaît bien

Galaad Nuit de Samhain – 46%

Même vieillissement que sur le précédent, suivi d’une finition de six mois en ex-fût de vin italien
Nez : un peu plus vif et plus tendu
Bouche : le côté vineux surprend ici puisque je ne l’avais pas au nez
Finale : vineux, légère noix
C’est marqué mais ça me plaît

Version Française Blavier 2003 – 55%

Nez : très confit, très noix, oxydatif, soufre
Bouche : pareil, trop de soufre mais la texture et la noix sont très agréables
Finale : Long
Le vieillissement intégral en fût de vin jaune se sent avec le positif et le négatif.

Ex Libris – Quelque part dans le Ciel 2015 – 57,9%

Nez : tourbe et fruits blancs
Bouche : attaque suave sur les fruits, puis la tourbe et les épices arrivent
Finale : tourbe terreuse

Ex Libris – Le Poids D’un Nuage 2012 – 58,5%

Nez : plus complexe, il y a une facette pâtissière bourbon derrière la tourbe et puis quelques fruits
Bouche : belle attaque, vive, suave et fruitée puis la tourbe intervient
Finale : tourbée chaude, un peu terreuse là encore
Vraiment bon

Ex Libris – Une Île en Terre – 58,2%

Nez : fruits exotiques, la tourbe laisse un peu plus de place
Bouche : fruité avec une tourbe discrète au début, puis qui se développe progressivement jusqu’à la finale…
Finale : …où elle domine, assez sèche
Très bon aussi

La Piautre Whisky Single Malt – 46%

Nez : très céréales, très léger métal
Bouche : belle intensité maltée, briochée, texture agréable
Finale : biscuit, long, chocolat
Très bien

La Piautre Whisky de Rye – 47,8%

Nez : épices, biscuit
Bouche : grosse intensité, pain et épices
Finale : biscuit, long, grillé

COGNAC

Vallein Tercinier 1995 – 48,7%

Borderies
Nez : fruité, floral, belle intensité et relativement fin
Bouche : alcool très bien
Finale : finale fleur et noyau

Vallein Tercinier Lot 83 – 50,4%

Petite Champagne
Nez : plus d’arômes issus du fût, sucre roux, vanille
Bouche : un peu vif mais la puissance reste contrôlée
Finale : boisée et même asséchante, plus un noyau timide

Vallein Tercinier 1975 – 52,1%

Fins Bois
Nez : belle synthèse fruits, fleurs et bois (un peu poudré) le tout sur une jolie intensité
Bouche : belle bouche intense et équilibrée. Un peu trop fort et devient de plus en plus épicé
Finale : même chose sur la finale

Jean-Luc Pasquet – Le Cognac de Paul Lot 57 – 42,3%

Grande Champagne
Nez : de la dentelle fruitée et florale, le boisé soutient le reste
Bouche : aromatique intense mais texture un peu aqueuse. Les fruits se font plus secs que frais ou compotés. Asséchant
Finale : les tannins marquent
Le nez laissait penser mieux

Jean-Luc Pasquet – Symphonie des Terroirs N°1 – 50,6%

Assemblage multi crus et multi millésimes
Nez : complexe mais étonnamment sur le bois
Bouche : alcool parfait, fruits confits et bois
Finale : longue, boisée mais pas trop sombre, noyau

Jean-Luc Pasquet – Le Cognac de Jean-Michel Lot 95 – 53,5%

Grande Champagne
Nez : commence sur une bouffée crayon mais elle s’estompe, vivacité certaine
Bouche : alcool correct et belle présence gourmande
Finale : un boisé torréfié et chaleureux, long
Le premier nez m’a fait peur mais très bien rattrapé ensuite

Grosperrin Fins Bois Bio 20 ans – 49,7%

Nez : pêche abricot, voile boisé torréfié
Bouche : jolie gourmandise
Finale : toujours fruitée mais le bois remonte

Grosperrin Fins bois 28 ans – 48,6%

Nez : me plaît beaucoup, intensité certaine mais qui ne perd pas le nez
Bouche : très léger soufre sur l’attaque, le bois pousse
Finale : la finale est longue sur le bois et légère astringence, noyau

Decadent Drinkes Cognac Vallein Tercinier Héritage N°88 – 48,8%

Fins Bois
Nez : très fruité, saupoudré de bois et de vanille, pruneaux, noyau, fruits de la passion. Joli nez
Bouche : un peu moins intense en bouche, le boisé gagne un peu mais les fruits sont toujours là
Finale : pourrait être plus longue

Decadent Drinks Cognac Vallein Tercinier Héritage N°62 – 45,2%

Grande Champagne
Nez : hyper intense, hyper fruité, bien mûrs, presque trop de tout
Bouche : comme d’habitude, le bois gagne en puissance mais sans chasser les fruits, toujours concentré à l’extrême
Finale : noyau très agréable avec texture. Meilleure étape

Through The Grapevine Mauxion Lot N°45 – 45,2%

Bons Bois
Nez : très fruité, fruits blancs, fait moins que son âge mais les fleurs séchées nous rappellent qu’il n’est pas tout jeune
Bouche : plus boisé, un boisé à la fois massif et fin (oui ça ne veut rien dire)
Finale : on a une belle association entre fruits et bois, long

Through The Grapevine Arbellot de Vacqueur Lot N°67 – 52,4%

Bons Bois
Nez : plus intense, plus exotique, bois poudré
Bouche : intensité extrême là aussi, presque trop
Finale : long, toujours intense et exotique

Vallein Tercinier Lot 52 – 43,9%

Cask 666 ! Mais quelle est cette diablerie ?
Nez : à la fois expressif et fermé comme s’il avait trop à dire, “muffig” je vous laisse chercher la signification
Bouche : la bouche est mieux faite, très intense, plus réussie aromatiquement où bois et fruits se marient bien
Finale : un boisé asséchant

Rémi Landier Cuvée des 50 ans – 50%

Cognacs entre 20 et 50 ans
Nez : ça change ! Plus fruits secs et fruits à coque
Bouche : vif comme il faut, on garde nos fruits du nez mais d’autres apparaissent aussi, sucrosité
Finale : le boisé est super bien dosé et ne prend pas le pas sur le reste
Très bien !

C’est fini ! Je vais me racheter une langue, des joues et des gencives et je reviens.
Quelle expérience incroyable que ce Whisky Live Paris 2023 ! La prochaine édition étant une édition anniversaire, j’ai peur. Mais je suis également impatient. Mais j’ai peur.

Ultime petit mot sur la Cocktail Street, endroit où l’on boit mais surtout lieu de rassemblement et de retrouvailles. Beaucoup de potes avec lesquels partager des verres et des histoires. À vrai dire, ce fut aussi le cas dans les allées du Whisky Live lui-même. J’y ai retrouvé des amis de longue dates et des connaissances plus récentes, dont tout un groupe avec lequel j’étais allé me perdre en Écosse en début d’année. Je n’ai pris que bien trop peu de photos avec vous tous, alors aidez-moi la prochaine fois à immortaliser nos rencontres, je n’y pense presque jamais !

Et donc, la Cocktail Street et un stand qui restera dans les annales du stand. Bien sûr, l’espace Velier et sa Daiquiri Machine est un must mais je veux parler de celui qui se trouvait juste à côté de ce dernier : Triple A. Oui, Velier avait donc deux stands, mais j’ai juste adoré le principe du second : de la bonne nourriture italienne et du pinard. Ou quand soudainement, tu te retrouves avec un assiette de pâtes à la main ou un sandwich mortadelle à la bouche (merci Angelo, mon sauveur !). Du grand n’importe quoi, absolument essentiel !

Aller, je ne vous retiens pas plus longtemps.

Whisky Live Paris 2023 – Partie 1
Whisky Live Paris 2023 – Partie 2
Whisky Live Paris 2023 – Partie 3

Si vous voulez vous rafraichir la mémoire sur l’édition 2022 du Whisky Live, c’est par-ici :
– Mon Whisky Live 2022 – Partie 1
– Mon Whisky Live 2022 – Partie 2
– Mon Whisky Live 2022 – Partie 3
– Mon Whisky Live 2022 – Partie 4