Replongeons-nous une dernière fois dans l’édition 2024 du Whisky Live Paris. Après avoir passé en revue 48 rhums et 21 whiskies sur les deux premiers articles, il reste encore une grosse fournée de distillats de canne à déguster, ainsi que quelques eaux-de-vie françaises : armagnacs, calvados et autres cognacs.
J’espère que vous n’êtes pas encore rassasiés et qu’il vous reste un peu de place pour ce copieux dessert liquide !
Ce n’est autre que le stand, que dis-je, LES stands de Velier par lesquels nous allons commencer. Bien souvent prises d’assaut, les références de la société italienne comptent de célèbrent noms, tels que Hampden et Caroni.
Cette année n’a pas fait exception mais il y avait beaucoup d’autres rhums, à commencer par un quintet de Nine Leaves.
Cette distillerie japonaise a récemment fermé ses portes et c’est Velier qui a racheté non seulement les stocks mais aussi l’alambic. J’avais pu découvrir Nine Leaves la première fois en 2014 sur le Salon Club Expert Dugas, avant de m’y replonger, pour voir l’évolution sur le même salon en 2019. Et puis, il y avait bien sûr eu le fameux Encrytped pour les 70 ans de Velier et j’en passe.
Ici les cinq rhums présentés sont les premiers d’une série qui devrait environ compter un GROS paquet de références (c’est important la précision). Rappelons enfin que la matière est le sucre brut obtenu par la chauffe et l’évaporation du jus de canne frais, le kokuto (comme pour les shochus de sucre), à la manière du rapadou, de la panela etc…

Nine Leaves Ex-fût de chêne américain Single Cask 2016 (8 ans) – 59 %
On retrouve Nine Leaves sur son identité si particulière où la poire joue souvent un rôle.
Un peu de fraîcheur mentholée et à la fois du pop-corn caramélisé. Concentré et suave. Un peu fort tout de même sur la finale. Très persistant sur un boisé gourmand.
Nine Leaves Ex-fût de bourbon 2017 (7 ans) – 59 %
Boisé plus marqué, banane, un peu poussiéreux, plus de texture et de corps, alcool un peu mieux dosé, boisé un peu piquant. Il possède des qualités et des défauts.
Nine Leaves Ex-fût de chêne américain Single Cask 2014 (10 ans) – 59 %
Comme sur le 2016, il s’agit d’un fût de chêne américain de second remplissage, sans indiquer précisément ce qu’avait contenu le fût précédemment.
Beaucoup de boisé et d’arômes issus du vieillissement, épices et coco en tête, a l’air un peu serré.
Puissant, trop d’alcool pour moi, beaucoup de bois et on ne retrouve pas la patte Nine Leaves. Sans doute celui que j’ai le moins apprécié de la série.
Nine Leaves Fût de chêne russe neuf 2017 (7 ans) – 58 %
Oui, un fût de chêne russe… Pourquoi pas.
On change totalement avec de vineux et huileux au nez. Là, on retrouve un peu les vieux Nine Leaves ; une touche de noisette et de poire se distinguent.
Douceur et texture sont au rendez-vous, on a plus de « rhum » ici. L’alcool est également mieux intégré. Longueur avec un côté tannins surprenant.
Il m’a bien plu celui-là.
Nine Leaves Last Drops 2023 – 62 %
Dernières gouttes de rhum blanc coulées à la distillerie.
De prime abord, éloigné du blanc de Nine Leaves que je connais. Un aspect frais de la canne et doux de la mélasse (m’a un peu fait penser au nouveau Isautier Fusion). Avec du temps, les touches fruitées (poire et mirabelle) émergent et je reconnais Nine Leaves. La bouche est intense, suave, facile avec un degré nickel.
Très bien ce blanc japonais.
Toujours chez Velier, deuxième opus de la gamme Magnum, en association avec la célèbre agence photo, dont les œuvres habillent les bouteilles de la série. Cette année, ce sont quatre flacons sélectionnés, qui arborent les clichés d’Alex Webb.

Magnum Series #2 Saint James 12 ans – 45 %
Le boisé mentholé Saint James très typique se distingue sur le nez. Il s’estompe un peu pour gagner en gourmandise.
Touche de parfum en bouche, boisé, suave.
Long sur ce boisé trouvé au nez.
Moyen ce Saint James.
Magnum Series #2 Beenleigh – 60 %
Fruits assez légers, vanille.
Intense, belle intégration, plus expressif, toujours fruité.
Pas foufou, mais un peu plus plaisant que le précédent.
Magnum Series #2 Clarendon – 60 %
Jamaïcain peu estérisé, sur la gourmandise : pâtissier, chouchou, caramel.
Exactement pareil en bouche, hyper gourmand mais pas franchement jamaïcain.
J’aime bien ce profil, facile, intense et très plaisir.
Magnum Series #2 Hampden – 60 %
Classique, réussi dans le style mais je dois avouer m’ennuyer un peu.

Habitation Velier Providence 2020 – 55 %
Pas mal, entre pur jus et gourmandise du bois.
En bouche, plus concentré sur le bois puis sur le fruit à coque et le caramel.
Jolie gourmandise.
Habitation Velier Renegade 2024 – 55,2 %
Rhum blanc. Très canne, un peu de potstill mais sans plus.
Idem en bouche.
Mieux que la majorité des precasks de la distillerie, moins métallique.
Habitation Velier Mhoba 2024 – 66.2 %
Rhum Blanc. Très canne et un côté miel.
Un peu fort.
Longueur sur le duo canne et miel. Pas trop la facette chimique que l’on trouve souvent sur Mhoba.

Papalin Jamaica High Ester 5 ans – 47 %
Facile, rond, amande, assez sage.
Plus boisé en bouche.
Finale étonnante, légère note fermière, boisé, léger cacao.
Papalin Jamaica High Ester 5 ans – 57 %
Plus aérien, plus frais mais des arômes similaires.
Alcool limite.
Finale plus gourmande.
Bien sans plus, le 47 % m’a semblé mieux.
Habitation Velier Hampden 2019 – 60,5 %
Mark LROK, vieillissement en ex-fût de sherry.
Atypique mais pas franchement dans un style qui me plait.
Un quelque chose de “bouffe”, peut-être sauce soja. Et même sur la finale, on continue sur cette trame.
Hampden C<>H 2023 – 64,1 %
Ex-fût de whisky tourbé.
Intéressant, Hampden d’abord mais avec une note fumée qui arrive ensuite.
Whisky plus présent en bouche avec un peu de minéralité aussi.
Fumée en finale.
Intéressant et réussi selon moi. L’exubérance Hampden (surtout sur un mark aussi élevé) et la tourbe paraissent pouvoir faire jeu égal.
Voilà pour Velier. Partons maintenant dans l’Océan Indien, à l’Île Maurice d’abord, puis à La Réunion.
Mauricia est la marque de rhums pur jus de la distillerie Grays (qui produit aussi les rhums New Grove). J’ai eu envie de goûter les vieux cette fois, ayant dégusté les blancs l’année dernière au Rhum Fest.

Mauricia Signature – 45 %
Fûts de chêne américain et français.
Très boisé dans un style popcorn.
Assez simple mais plaisant.
Mauricia Héritage – 45 %
Fûts de chêne américain.
Plus de fraîcheur, une impression de puissance accrue et puis le coco et la vanille arrivent. Plus d’épices en bouche et une certaine suavité qui reste sur la finale avec le maintien de la noix de coco.
New Grove Single Cask 15 ans pour Premium Craft Spirits – 49,8 %
Il n’est pas sans m’évoquer les anciennes étiquettes oranges (SC à haut degré, comme les deux dans cet article) sur les fruits jaunes compotés et ce côté empyreumatique typique.
Alcool parfait, très gourmand, grosse sucrosité, toujours les arômes du nez avec vanille en plus. Facile, gourmand et pas si simple.
Toujours chez New Grove, je me suis ensuite arrêté sur la collection Whisky Cask Finish. Les trois expressions qui la composent ont d’abord vieilli 7 ans avant de passer une année supplémentaire dans d’ex-fûts de whisky, le premier non tourbé, le dernier très tourbé (Islay) et le deuxième, entre les deux.

New Grove Whisky Cask Finish Distillerie du Vercors – 46 %
On est sur la gourmandise de New Grove avec de la minéralité du whisky, ce qui le rend aussi plus sec.
New Grove Whisky Cask Finish Distillerie Rozelieures Le Fumé – 46 %
Peut-être un peu plus d’épices au nez mais encore une fois finish discret avec juste une pointe fumée.
En bouche, la facette fumée se remarque, ainsi que le côté asséchant, les deux perdurent sur la finale.
New Grove Whisky Cask Finish Islay – 46 %
Étonnamment plus de fruits en première impression et la tourbe arrive un peu plus tard.
Encore plus sec que les deux précédents avec une facette cendrée et puis la tourbe se développe et tend à prendre plus de place.
Préférence pour le Rozelieures.

Savanna Unshared Cask France – 59,4 %
Agricole 9 ans fût de Porto.
Fruits rouges, fruits exotiques, intense, peu de bois sur le nez.
Attaque où le porto se manifeste sur le fruit confit très présent, la vanille, la saumure d’olive.
Préférence pour le nez.
Savanna L’Absolu 2024 – 58 %
Très intense, fermier, fruits exotiques et fraise, mérite du temps et de l’aération. Olive, brulé…
Il va plaire aux amateurs.

Isautier Agent Double Fusion – 55 %
Ce nouveau rhum blanc de la collection Agent Double trouve sa particularité dans sa (ou plutôt ses) matière première. En effet, pur jus de canne et mélasse sont mises à fermenter ensemble. Le départ de la fermentation, du “levain” se fait sur du jus frais adjoint de levures, auxquels sont ajoutés dans un second temps mélasse et pur jus (en proportions égales). La distillation, elle, se fait sur le modèle des rhums de mélasse de la distillerie, à un degré plus élevé. C’est suite à de nombreux tests, que l’équipe Isautier a décidé de suivre ce mode d’élaboration. Et qu’est-ce que ça donne à la dégustation ?
Fraicheur de la canne et rondeur de la mélasse. Ces deux traits se relayent tout au long de la dégustation. Quelques épices et une pointe levurée viennent accroitre la complexité. En deux mots : je l’ai trouvé bien bon.
On quitte le monde des rhums pour aller faire un tour en France métropolitaine et découvrir ses trésors, avec le Calvados, l’Armagnac et le Cognac.

Calvados Roger Groult Autrement Pomme – 26 %
Ce spiritueux suit la méthode l’élaboration d’un pommeau de Normandie mais se trouve être à plus haut degré que ce que permet l’appellation (il est aussi moins sucré), et ne peut ainsi pas porter le nom de pommeau.
Le nez est caractérisé par la pomme, à la fois sur le jus frais, le jus fermenté et la pomme distillée.
Sucre présent mais mesuré.
L’alcool est hyper discret malgré ses 26 %.
Assez doux et facile.
Calvados Roger Groult XO 25 ans Single Cask – 41,1 %
Pomme superbe et éclatante, juste relevée d’une gourmandise pâtissière.
Calvados Roger Groult 7 ans – 55,8 %
Trop de “soufre”, puissance limite. Non pas mon truc ce sept ans, je me suis d’ailleurs rappelé l’avoir dégusté par le passé et être arrivé à la même conclusion.
Calvados Roger Groult 16 ans Sherry – 48 %
Finition de 6 mois dans d’ex-fûts de sherry Oloroso.
Nous sommes complètement sur une pomme dessert.
Sucrosité et texture de l’Oloroso vont très bien. Bien sûr, on sort un peu de nos repères Calvados et il ne plaira peut-être pas aux puristes mais j’ai trouvé l’expérience intéressante et plaisante. Le sherry semble bien aller au Calvados.
Calvados Roger Groult L’Âge d’Or – 41 %
25 ans d’âge minimum.
Je crois qu’on arrive là sur un Calvados vraiment représentatif de la catégorie. Une touche soufrée très discrète, plus assimilable à une note de pierre à fusil, finale plus boisée, mais tout ça sans ne jamais perdre la pomme.
On file chez Dartigalongue et ses Bas-Armagnacs.

Dartigalongue VSOP – 40 %
Très sur le fruit, entre le raisin et l’amande.
La Blanche n’est pas totalement absente et ça, c’est intéressant.
Un VSOP qui donne une bonne image de son âge, et va à l’encontre de l’idée boisée que l’on peut avoir des armagnacs, même jeunes.
Dartigalongue 30 ans – 40 %
On saute quelques étapes pour arriver sur le 30 ans de la maison.
Une fraîcheur étonnante, le boisé est dosé et très légèrement végétal. Le fruit, toujours présent, se trouve bien travaillé, cuit, compoté.
On gagne en pâtissier et fruits secs sur la bouche.
Finale rancio, noix.
Très bien.
Dartigalongue 1992 – 46 %
Boisé et fruits estérisés sur un côté aérien (peut-être ai-je été influencé par ce que j’en ai entendu avant de le déguster), un tout petit peu torréfié.
On reprend en bois sur la bouche avec quelques tannins.
Dartigalongue 1975 – 44 %
Tout est confit, tout est lié, tout est marié, mais toujours avec de la fraîcheur fruitée et une pointe de tabac.
Finale plus sombre et boisée.
Bien.
Dernière étape, un peu plus au nord, avec d’autres distillats de raisins, de la famille du Cognac.

Prunier Folle Blanche 2018 – 43 %
Nous ne sommes pas loin du distillat avec ses fruits et ses fleurs.
Court mais une fin de bouche légèrement plus boisée sur la vanille.
J’ai pu l’essayer avec du tonic Kardinal (l’équipe Swell de Spirits se trouve derrière ce nouveau tonic), et l’association marchait étonnamment bien, sur une montée d’agrumes très sympa.
Prunier Horizon – 43,5 %
Assemblage Fine Champagne : 70 % de Grande Champagne et 30 % de Petite Champagne.
Années entre 1966 et 1988 (une dizaine de millésimes).
Un côté aérien floral et fruité multi-facettes : fruits exotiques, fruits compotés, fruits à coque et agrumes.
Bouche intense, et bien plus fruitée que boisée, avec, de nouveau, ce panier de fruits très variés.
Très bon !
Prunier 1983 Petite Champagne – 48,6 %
Plus de concentration, un peu plus de bois, la puissance se sent un peu (la fin de journée n’aide pas).
Évidemment c’est bon, mais pas simple de passer après le précédent.

Cognac Pasquet 1999 (Fireworks Collection) – 51 %
Pour les 20 ans du salon, La Maison du Whisky a créé une collection (la Fireworks Collection) qui se compose de quarante magnums uniques renfermant des spiritueux de natures variées. La moitié sont des whiskies, et vous avez ensuite rhums, cognacs, armagnacs, etc… Le livret donné à l’entrée du Whisky Live renfermait un ticket qui donnait droit à déguster, au hasard, l’un de ses alcools. Je suis tombé sur un cognac de chez Pasquet, je ne me plains pas. Ça me consolerait presque d’avoir raté leur stand, rhume et fatigue obligent.
Côté dégustation, le nez est porté sur les raisins intenses, il se fait très fruité.
En bouche, jolie texture, pruneaux, du bois présent mais fondu aux fruits.
Très intense très belle longueur, avec, entre autres, la noix.
C’est sur cette très jolie dégustation que s’achève mon édition 2024 du Whisky Live Paris. À l’année prochaine, pour encore plein de rhum et sans rhume, enfin j’espère !
Whisky Live Paris 2024 – Partie 1
Whisky Live Paris 2024 – Partie 2



Pour Nine Leave tu parles de mélasse à un moment, alors qu’il me semble que Yoshiharu distillait a partir du sucre.
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