Le Whisky Live de cette année, c’était en peu comme une grande fête, une célébration pour les 70 ans de Velier et les 85 ans de Neisson. Oui, j’étais comme vous : sacrément excité ! Mais il y avait encore bien d’autres choses, autant dire qu’on ne s’est pas ennuyé !
Vous me connaissez, qui dit événement, dit plan. Ce qui me permet de ne pas m’y tenir 😀
En gros, voilà ce que j’avais en tête : sur deux jours (samedi et lundi), déguster ou redéguster le plus de nouveautés possible en rhums et consacrer un peu de temps aux Cognacs et Armagnacs. Pourquoi ne pas s’en tenir au rhum, me direz-vous. Principalement parce que je fais ce que je veux 😛
Concernant les rhums, j’avais en tête quelques bouteilles qui devraient définitivement figurer sur mon line-up ; Libération 2017, Navy de chez Velier, redéguster certaines bouteilles des 70 ans Velier, Wild Parrot n°2, Bally 1999 brut de fût… Mais j’avais bien sûr dans l’optique de rester ouvert à l’inatendu afin de ne pas passer à côté de diamants bruts.
Autre but majeur de ce salon : partager l’expérience avec les amis du rhum et se taper de bonnes poilades ! Objectifs qui auront été atteints sans problème 🙂
A peine arrivé, je rencontre plusieurs potes de l’anniversaire Velier de Milan. Et c’est avec cette joyeuse bande que je me dirige vers l’espace dédié aux non-whiskys, nous avions donc du rhum bien sûr, mais aussi des Cognacs, des Calvados, des Armagnacs, des eaux-de-vie de fruits. Ces derniers attendront le second jour. En ce premier samedi de Whisky Live, l’objectif est clair : déguster des rhums, et prendre quelques notes au passage. Je dois avouer que cela n’a pas été toujours facile du fait du nombre de choses à découvrir mais aussi à cause de ce groupe n’énergumènes, dans lequel j’étais très à l’aise mais pas le plus productif du monde ^^ De manière générale, il est très compliqué d’écrire des notes de dégustation étoffées sur un salon où de très nombreuses bouteilles sont à découvrir ; manque de temps et pas les conditions les meilleures expliquent cela. Oui peut-être cherche-je des excuses pour certaines descriptions sommaires que je vais vous proposer 😛

Rhum Rhum Libération 2017 – réduit et intégrale
Bref, premier arrêt au stand du Maestro Capovilla, qui était en train d’ouvrir les toutes nouvelles bouteilles blasonnées d’un aigle / faucon / épervier (rayez la mention inutile). Il s’agissait bien sûr du dernier Libération en date, le 2017. Ce rhum distillé en 2010, est désormais la quatrième déclinaison dans cette gamme de rhums de Marie-Galante. Et comme à chaque fois, beaucoup d’attentes, tant le 2012 Full Proof, et dans une moindre mesure le 2010, étaient remarquables. Mais voilà, la fournée 2015 était, selon moi, un peu en baisse.
Je commence naturellement par la version réduite, où j’ai agréablement retrouvé ces notes de poudre à canon/pétard à mèche caractéristiques de la série. Ce qui m’a ensuite frappé c’est son côté sec et boisé, voire même un peu austère.
La version Intégrale, elle, offre au nez un profil plus tropical, plus opulent, toujours sur la trame Libération. Cependant en bouche, j’ai retrouvé le boisé très (trop ?) présent.
Bien sûr ce n’est pas mauvais, mais j’ai trouvé cette dernière version trop boisée. Il est à noter que les bouteilles venaient à peine d’être ouvertes ce qui n’a sans doute pas joué en leur faveur.
Après cette mise en bouche, direction l’espace VIP, mais arrêt en chemin, puisqu’au milieu de notre route apparait soudain le stand Velier. J’y aperçois quelques rhums connus et d’autres pas. C’est bien sûr vers ces dernières que je me dirige 🙂
Au programme, deux rhums blancs, avec le nouveau clairin, un rhum blanc pur jus de canne du Mexique et l’attendu Navy blend. Comme un benêt, je les ai dégustés exactement dans l’ordre inverse…

Velier Royal Navy Rum
Le Navy blend a donc été élaboré par Velier dans la tradition des rhums servis à la marine anglaise, mélange de rhums de leurs anciennes colonies, en l’occurrence, Jamaïque, Guyana et Trinidad (Caroni).
Au nez, se détachent assez nettement les influences jamaïcaines et caroniennes de la bête. Les notes fumées bitumées en fond et l’acidité au premier plan, alors que l’apport Demerara reste discret, pour ne pas dire inexistant face aux deux géants de l’exubérance gustative. La première impression est puissante et légèrement astringente. La bouche confirme une forte présence jamaïcaine avec l’acidité qui ressort. Trinidad revient de belle manière sur la finale, sans pour autant éteindre l’apport de l’autre île. Cette finale est longue et très anisée.
Pas mal ce Navy blend. A regoûter pour décortiquer un peu plus ce qui s’y passe, mais en tout cas c’est bien foutu.

Paranubes Rum
Direction le Mexique avec – surprise – un rhum blanc pur jus de canne (à 54%). Je n’en avais jamais entendu parler, ce qui a bien évidemment attisé ma curiosité.
Au nez, nous avons clairement affaire à un “agricole”, avec une belle canne, mais la seconde impression aromatique est sur le maïs et sa douceur. Il n’est pas non plus dépourvu de quelque chose d'”organique” un peu sur le style clairin d’Haïti. Il est sec et gourmand et évolutif. Il mérite de le laisser s’épanouir, et vous aurez entre autres de l’olive en saumure apparaitre. La bouche confirme toutes ces impressions et le degré est parfait. La finale, pas si longue que ça, voit surgir des notes plus citronnées.
Voilà une très belle surprise de ce Whisky Live et sans doute un de mes coups de cœur.

Clairin Le Rocher
En parlant de clairin, j’ai ensuite mis le nez dans le tout dernier. Depuis que l’on a vu apparaitre les clairins chez Velier, il y a toujours eu trois producteurs : Sajous, Vaval et Casimir, du coup, l’arrivée d’un nouveau domaine est un événement en soi (au moins pour moi :D). Il répond au petit nom de Le Rocher et, contrairement aux autres il n’est pas fait à partir de pur jus de canne mais de sirop (réduction/concentration du jus avant fermentation). Le nez, comme les autres clairins, est très aromatique, mais plus végétal, moins organique et surtout, développe des notes de ferme, oui y’a de la paille, il y a des bêtes, et il y a la “production” desdites bêtes… La bouche est totalement différente puisqu’elle propose des notes fumées et une relative acidité. La finale, longue, est encore plus fumée et fait vraiment penser à un mezcal.
Voilà une autre nouveauté à suivre, parce ça aussi c’est bien bon !
Puisque l’on est chez Velier, restons-y, avec une partie de la gamme célébrant les 70 ans de l’entreprise génoise. J’avais pu goûter bon nombre de ces bouteilles, mais je ne me suis pas gêné pour les déguster une nouvelle fois, voire pour la première fois sur certaines nouveautés qui n’étaient pas à Milan. Par avance, je m’excuse de la brièveté de certaines notes.

Neisson 2005, Neisson 2007, Neisson 1997 – Les trois en version 70 ans Velier
Les Neisson d’abord, qui sont au nombre de trois, avec un 2005, un 2007 et un 1997.
Le 2005 est vraiment sympa et confirme mon impression milanaise (je vous invite à lire mon article milanais pour plus de détails), même si je lui ai trouvé un certain manque d’équilibre.
Le 2007 m’a semblé mériter un peu plus de repos pour que l’équilibre apparaisse, dominé par un boisé fin et gourmand. La finale m’a beaucoup plu.
Le 1997… Aaaaaahhhhh le 1997 ! C’est ma plus grosse claque de tout le salon. Un équilibre et une gourmandise de bout en bout de la dégustation, avec entre autre de très beaux fruits à coque. J’ai pris beaucoup de plaisir à le déguster. Mais, car il y a un mais, il n’y en aura que très peu d’exemplaires et son prix sera à l’avenant

Santa Lucia 2010, Mount Gilboa 2008 , Nine Leaves Encrypted – Tous pour les 70 ans Velier
On continue avec une autre partie de la gamme anniversaire, celle-ci dans les fameuses bouteilles noires.
Le Santa Lucia est très fumé, même trop à mon goût et ne propose pas grand-chose d’autre. Pas une réussite.
Le Mount Gilboa a confirmé mon impression du Velier Live : il n’est pas à mon goût. Il possède un profil très “cuit” et envahit totalement la bouche en prenant complètement les papilles et en marquant le palais. Une fraicheur mentholée se distingue et la finale joue toujours sur ce registre très cuit, voire brûlé, mais aussi boisé et anisé. Il va sans dire qu’elle est très longue.
On continue avec une création japonaise, de la distillerie Nine Leaves, dont je vous ai déjà parlé. Les rhums de cette distillerie n’enthousiasment pas tous ceux qui les goûtent et ont du mal à trouver leur public. Sur le Encryted (nom de ce rhum), bien que l’on retrouve une certaine trame Nine Leaves, on s’en écarte beaucoup, avec un profil bien moins sec et bien plus riche. J’ai trouvé la finale extraordinaire. Un autre coup de coeur de cette édition 2017.

Karukera 2011 – Four Daughters
On termine avec un autre rhum qui confirme mon impression de Milan, mais en bien cette fois : le Karukera 2011. Au nez, on trouve ce côté poudre à canon, caractéristique des Libération (alors que nous ne sommes pas à Marie-Galante ici), comme je vous le disais plus haut, mais aussi de la vanille et un boisé fin pour un résultat assez gourmand. La poudre se retrouve en bouche et l’on a droit à une relative douceur. Il est équilibré entre acidité et corps (oui je suis peut-être le seul à comprendre ce que cela veut dire :D). Sa finale est partagée entre boisé et menthol. Vraiment sympa ce Karukera embouteillé pour la dernière fille de Luca Gargano !

Velier
Du bon, du très bon, du moins bon et un peu d’exceptionnel chez Velier cette année, faites votre choix 🙂
En parlant de Karukera, il y avait aussi quelques bonnes choses à déguster sur leur stand ; les désormais “classiques” : Intense et Expression, respectivement un blanc pur jus où la canne se fait sentir et où les 63%, eux, sont très discrets et un vieux d’une grande et chaleureuse richesse. Deux belles découvertes des mois passés ; si vous ne les avez pas encore dégustés, sautez dessus à la première occasion.

Karukera Fût 65
Mais ce n’est pas tout, puisque a été ouverte (et vidée dans la foulée) une carafe Karukera Fût 65 (sélection du fût par Luca Gargano pour les 70 ans de Velier). Un bien joli contenant, mais le contenu est-il au niveau ?
Un nez très rond, fondu et gourmand, très sympa. La bouche est un peu plus vive que prévu, ce qui est bienvenu, légèrement acide, avec des arômes de fruits à coque et un peu trop de bois à mon goût. La finale est boisée aussi mais de fort agréable manière. Elle est longue, avec des variations torréfiées et épicées, mais garde une certaine fraicheur. C’est bon. Maintenant, je m’interroge toujours sur cette nécessité pour les marques d’avoir de genre de carafes dans leur gamme, qui malheureusement sont souvent très chères, en partie à cause du flacon utilisé.
Après la Guadeloupe, faisons un passage en Martinique, chez Bally. Pour faire déguster ces rhums agricoles : le président de l’AOC Martinique, Marc Sassier, pas mal 🙂 Et ce n’est qu’une de ses nombreuses casquettes.
Commencer par le millésime 2005 et le XO m’a permis de confirmer que le profil Bally n’est pas tellement à mon goût, ils ont quelque chose de trop doux (je ne parle pas de sucre) et manquent de relief – même si le XO est un peu torréfié.
L’Héritage, en revanche, avec son profil bien plus boisé et sec, a plus ma préférence. Ayant eu l’occasion d’y goûter il y a un bon moment, cela n’a fait que confirmer ma première impression ; un rhum méconnu mais qui vaut le détour. Je ne vais pas me plaindre qu’ils aient décidé de continuer cet embouteillage après avoir eu des velléités de l’arrêter.
En prime, j’ai eu droit à un petit cours sur l’influence des montagnes du centre de la Martinique, qui bloquent les nuages venant de l’est. La façade ouest est plus sèche et les cannes à sucre plus mûres alors que les cannes de la partie est sont plus arrosées par les pluies, ce qui les rend plus “fraiches”.

Bally 1999 brut de fût
Pour finir notre rapide tour d’horizon de cette distillerie, j’ai trempé les lèvres dans le nouveau brut de fût, successeur du 1998 sorti l’année dernière : le 1999. Ce qui frappe immédiatement, c’est sa couleur, il est extrêmement sombre ; on ne peut le voir sans hausser un sourcil. J’ai profité de la présence de Marc Sassier pour l’interroger à ce sujet. Il m’a raconté que cette robe est 100% naturelle et s’explique par deux facteurs : très peu de pluie, ce qui a eu pour conséquence d’avoir des cannes très sèches, mais surtout des fûts neufs où l’extraction de bois a été très importante.
Bien sûr ces deux éléments ont aussi eu pour conséquence d’apporter de puissants arômes boisés à ce rhum. Je l’ai dégusté deux fois durant le salon et mes deux expériences ont été assez différentes puisque la première fois, il m’a semblé évident qu’il avait besoin de repos afin de passer outre le mur de bois épicé, mais la seconde fois, le repos ne faisait que l’éventer… J’ai pu en ramener trois centilitres à la maison, ce qui me permettra d’être fixé – ou pas. Bref, les fruits secs et l’orange sont également de la partie. En bouche, il est très concentré, riche, boisé, frais, acide et prend entièrement le palais. La finale est longue et toujours très boisée mais également mentholée avec des notes de caramel cuit.
Une expérience que ce rhum, mais qui n’a convaincu tout le monde sur le salon.
Je m’arrête là pour l’instant, à bientôt pour la suite 🙂
Et voici le lien vers la seconde partie et celui vers la troisième partie.
Great report! Did they say when the Paranubes will be available for purchase in Europe?
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Thank you! Unfortunately they did not and I have to admit that I did not ask ^^
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About the Paranubes.
It is already available in Italy (in the “good” shops), and it will eventually be available (soon?) through LMDW for France and the rest of Europe.
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