La semaine dernière, je vous ai proposé les trois premiers rhums Neisson de ma sélection pour les fêtes. Comme vous avez pu le lire, nous avons commencé par d’excellents rhums, mais il ne s’agissait que de l’entrée de ce festin en devenir.
Aujourd’hui, passons au plat de résistance ! Ça ne seront pas trois mais bien six rhums dont nous allons parler, tous distillés dans les années 90.
Neisson 1991 Hors d’Âge

Neisson 1991 – 45.3% (crédit photo : Référence Rhum & DR)
Que nous propose cette première carafe ? Au nez, nous avons des fruits secs, des épices douces et du poivre mais aussi des pruneaux, ainsi qu’un léger côté poussière (poudré) pas très plaisant. Suite à un peu plus de repos, des arômes d’abricot et de cacao font leur apparition. Il perd un peu en intensité après un certain temps, puis ce sont des fruits aux sirop saupoudrés d’épices (même au niveau « texture ») qui entrent en scène. Ces derniers sont associés à un boisé grillé et vanillé. Puis, les minutes passant, il nous donne l’impression que les arômes se sont posés pour arriver à quelque chose de plus fondu où ils sont liés les uns aux autres, et où l’équilibre chaleur/fraicheur est atteint (de timides notes florales et de pomme font même un passage furtif). C’est après avoir attendu longtemps qu’il devient vraiment bien – après l’exubérance du début et un tout petit passage à vide.
En bouche, il livre une belle intensité en entrée de bouche, avec une dominante de notes boisées et grillées. Mais la fraicheur demeure, pour un bel équilibre où les fruits secs sont bien présents.
La finale est encore plus marquée par des notes grillées et torréfiées, chaleureuses et un boisé présent mais fin. Il se fait très agréable en rétro-olfaction et reste « stable » un bon moment.
Il mérite vraiment du repos dans le verre (45 minutes environ), cela donne la possibilité aux arômes de s’harmoniser et le côté poudreux tend à disparaitre. La bouche est sympa, équilibrée mais manque un peu de relief. La finale est très agréable et dure longtemps.
Neisson 1992 Hors d’Âge

Neisson 1992 – 49.2% (crédit photo : Pietro Caputo)
La seconde carafe maintenant, avec le 1992.
Au nez, il se révèle vif, “jeune”, avec un boisé un peu piquant. Les arômes principaux sont les épices douces, un léger torréfié, des notes grillées, le caramel et l’orange confite, très présente ! Se manifeste également quelque chose que je n’aime pas tellement et que j’ai déjà pu ressentir sur d’autres agricoles (entre autres sur l’extra vieux ancienne version) ; et cela prend de plus en plus de place Je n’arrive malheureusement pas à décrire cette caractéristique de manière plus objective ou plus explicite. C’est après plus de 75 minutes dans le verre que ce côté désagréable a commencé à s’estomper et il devient alors bien plus sympa avec une dominante d’arômes chauds, grillés, de caramel cuit et de boisé.
En bouche, l’ouverture se fait sur ce truc désagréable du nez, que je n’arrive toujours pas à définir si ce n’est par le mot « jeune », terme pourtant pas nécessairement péjoratif, loin de là. En l’occurrence, c’est comme si le liquide et ses différents arômes n’avaient pas eu le temps de s’associer pleinement. L’alcool est sans doute un petit peu trop présent ainsi que l’orange.
La finale est à nouveau très chaude, sur les notes grillées, légèrement cacaotées. Le boisé se fait tannique. Elle est longue et plaisante.
Impression en demi-teinte sur ce 1992. De belles choses mais un certain manque d’équilibre, et ce à plusieurs niveaux.
Neisson 1993 Hors d’Âge

Neisson 1993 – 46.3% (crédit photo : Référence Rhum & DR)
La dernière des carafes maintenant avec ce millésime 1993.
Au nez, le boisé se fait différent des deux autres, plus sec. Le profil est fin et gourmand, sur des arômes de fruits à coque (amande) et de vanille (fût américain ?) ; mais il offre aussi un côté chaleureux avec une légère impression de sucre caramélisé/sucre candy. De manière générale, il est fondu et équilibré. Il ne gagne pas vraiment à reposer longtemps dans le verre. Il se passe tout de même quelque chose, après plus de 90 minutes, le rhum se fait de plus en plus « confit au caramel » mais sans le sucre et il ne perd qu’un peu de fraicheur ; pas désagréable.
En bouche, fraicheur, vivacité et intensité sont au rendez-vous. Moins sur les fruits secs et les fruits à coque (même si toujours présents), il devient plus boisé et porté sur les agrumes. La texture est parfaite, tandis que la très légère impression sucrée accentue la gourmandise.
On retrouve sur la finale le boisé sec du nez. Elle se fait très gourmande avec de la vanille, des fruits secs et des fruits à coque. Elle garde une belle intensité/présence pendant plusieurs secondes. Un petit côté torréfié se fait sentir en retro-olfaction et après un moment, des notes sombres de pruneau et de tabac apparaissent.
Il m’a bien plu ce 1993, il est peut-être un peu plus simple que les deux autres, et surtout moins évolutif mais il se livre plus vite de fort belle manière.
Neisson 1995 Single Cask – Joint bottling Velier

Neisson 1995 – Joint bottling Velier – 48% (crédit photo : Référence Rhum & DR)
Au nez, il y a immédiatement un élément qui fait que ce rhum se distingue des autres millésimes : de la sève de pin (et sa fraicheur) et même un peu sapin (en ayant un à la maison en ce moment, ça m’a sauté aux narines ^^). Vient ensuite toute une batterie d’arômes, avec des fruits : fruits à coque, orange, pomme et fruits secs. Ces arômes gourmands sont complétés et complimentés par d’autres influences : la réglisse, la cannelle et le tabac. Pour finir se font également sentir des notes pâtissières et florales. Voilà un nez équilibré : frais, chaud, toasté, boisé, fruité, gourmand. A noter que frais et chaud, ça ne donne pas du tiède 😛 De plus, Il se livre tout de suite dans toute sa complexité.
Après 25 minutes dans le verre, il perd en fraicheur, avec cette sève de pin qui devient plus discrète, et se fait plus confit, plus réglissé. 25 minutes de plus et il devient plus équilibré avec un retour de la fraicheur, plus orangée cette fois. Après une heure et quart, on confirme l’équilibre et une belle présence des fruits à coque.
En bouche, l’alcool est discret (comme au nez), et l’on retrouve une bonne partie des arômes trouvés précédemment (pour notre plus grand plaisir). Le boisé et l’orange sont tous deux plus présents et dominent. En prime un côté végétal apparait.
La finale est très longue et reste intense. Fraiche, réglissée et boisée, légèrement poivrée et timidement fumée. Pas de fruits ici, mais ce n’est pas grave. Cette finale est sans fioriture et encore une fois, ce n’est pas grave 😊
Un Neisson de haut rang, avec une vraie identité !
Neisson 1997 Single Cask – Joint bottling Velier

Neisson 1997 – Joint bottling Velier – 44.7% (crédit photo : Référence Rhum & DR)
Un autre joint bottling avec Velier, distillé deux ans plus tard, le millésime 1997.
Au nez, le boisé est d’emblée exceptionnel : sec, fin et très gourmand. Il est accompagné de fruits à coque, d’épices douces, de notes d’abricot et de vanille, ainsi que d’une pointe d’agrumes. Il dégage comme une impression de velouté et semble gorgé de soleil. Mais ce n’est pas tout, puisque nous avons comme une multitude d’autres arômes – plus en retrait – qui alternent, allant et venant (prunes à l’alcool, sucre roux…). Le tout est très équilibré, fondu. Il nous offre un profil « classique » mais super bien fait. Le repos ne lui apporte pas grand-chose, voire même le dessert.
En bouche, l’attaque est gourmande et vive à la fois, avec là encore ce fin boisé mais également les abricots et les agrumes toujours présents et toujours discrets. La texture est agréable, onctueuse/huileuse et le rhum prend bien le palais. Une petite acidité vient balancer le côté chaud et amène de l’équilibre, tandis qu’une relative sucrosité accentue la gourmandise.
La finale reste sur cette impression de douceur, puis ce bois tellement « bon » et les fruits à coque reviennent. Le rhum se fait plus chaud avec des notes grillées, encore un petit zest d’orange, ainsi qu’un peu de noix de coco. Après un moment le tabac et les fruits secs arrivent et il devient un peu tannique.
Encore un rhum d’exception… Dégusté face au 1995, il est cependant moins intense (les quelques degrés de plus de son ainé n’y sont sans doute pas pour rien) et ne gagne sans doute pas à la comparaison.
Neisson 1997 Single Cask – 70 ans Velier

Neisson 1997 mis en bouteille pour le 70ème anniversaire de Velier – 44.1% (dégusté lors du Whisky Live 2017)
J’avais tellement été impressionné par cet autre 1997 lors du Whisky Live ! Heureusement, j’avais pu en avoir 1.5 cl, histoire d’y regoûter dans de meilleures conditions (merci Daniele !) ; auxquels se sont ajoutés un autre centilitre et demi envoyé par Antoine (merci Antoine !).
Au nez, c’est premièrement un côté bois précieux/cèdre qui se place sur le devant de la scène, allié à un côté boisé/planche et à une impression médicinale. Viennent par la suite la réglisse, les fruits à coque, la vanille et une note légère d’orange.
Après 25 minutes : l’orange ressort et ce boisé particulier demeure. Plus de repos n’apporte rien de plus si ce n’est une timide pointe de sucre roux.
En bouche, on retrouve encore ce boisé cèdre sur l’attaque.
C’est là que je me suis demandé si mon sample n’était pas daubé, parce que je ne me souviens pas du tout de ça au WL. Autant au nez, on a d’autres arômes que ce boisé précieux/cèdre, mais en bouche il ne laisse pas de place à autre chose 😦
La finale ne s’en sort pas trop mal dans ces conditions. Elle est longue, boisée, chaleureuse, et reste intense longtemps sur des notes de réglisse, de sucre roux, et de chocolat noir timide.
Je suis sûr à 99% que mon sample n’était pas représentatif de ce que ce rhum est. Et c’est bien dommage étant donné mon impression très positive sur le salon. Je n’ai aucune idée de comment il a pu prendre ce goût… Tristesse ;(
Vous ne devez pas être loin d’être rassasiés mais je ne peux pas rester sur cette note pessimiste ! Et puis, vous avez bien encore un peu de place pour le dessert et le digestif ? 😉 Alors rendez-vous la semaine prochaine !
Si vous avez loupé la mise en bouche, c’est par ici : partie 1.
La suite : partie 3.
Et ça continue : partie 4.
Et puis : partie 5.
Mais aussi : partie 6.
Sans oublier : partie 7.
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