Il y a trois ans, je m’étais mis en tête de déguster le plus possible des rhums d’exception de chez Neisson. J’avais réussi, au fil du temps, à accumuler 15 échantillons de ces bouteilles et vous en avais livré mes notes de dégustation dans quatre articles (j’ai remis les liens à la fin de celui-ci) publiés aux alentours de Noël et du Nouvel An. Eh bien, je me suis dit qu’il était temps de renouveler, ou plutôt de continuer l’exercice, avec d’autres rhums précieusement gardés de côté depuis lors.
Pour aujourd’hui, ce sont les Neisson 15 ans batch 3 et le Neisson 19 ans (batch 1 ? Va savoir) que j’ai dégusté.
Neisson 15 ans batch 3 – 48.7%

Le premier nez est moins époustouflant que dans mon souvenir (j’en avais parlé dans cet article). Il m’apparaît moins confit et opulent, mais attention, il est très loin d’être dénué de gourmandise pour autant. Cette dernière est portée par la vanille, des notes de torréfaction et les fruits à coque. L’association de ces trois acteurs fonctionne très bien mais me semble moins expressive que lors de ma première dégustation. Le boisé est fin et légèrement poudré, tandis qu’une certaine fraîcheur végétale apporte un peu de peps – l’alcool lui est très discret. En revenant sur ce 15 ans (après être passé par le 19), il a perdu de sa relative timidité et s’exprime plus clairement, au profit d’un caramel qui est venu quelque peu engluer ce nez, sans faire disparaître les autres marqueurs, plutôt en les fondant, en les liant.
Sur le deuxième nez, il gagne naturellement en intensité mais aussi – et c’est plus surprenant – en fruité, grâce au pruneau et aux agrumes. Plus de repos, amène le rhum à un point d’équilibre ; tous les arômes s’associent pour former un très joli profil, auquel le tabac vient s’ajouter et où la noix devient plus franche.
La concentration en bouche est saisissante, plus que le nez ne laissait présager et le degré alcoolique est idéalement dosé. Le boisé fin et intense met une claque toastée au palais. Les fruits à coque et la vanille, plus discrets, restent en retrait.
La finale est portée par une gourmandise chaleureuse qui vous enveloppe tout entier. Longue et évolutive, elle va nous trimbaler d’un boisé grillé vers des épices douces, en passant par la fraîcheur végétale et une impression pâtissière. Au fil du temps, c’est le boisé, accompagné de tabac, qui va s’imposer, amenant dans son sillage une amertume qui va se faire de plus en plus présente, sans doute un peu trop.
Qu’est-ce que c’est bien fait ! Il n’est pas « parfait » mais ce sont aussi ses imperfections et son évolution qui le rendent attachant et sacrément plaisant.
Neisson 19 ans – 47.6%

À peine versé dans le verre et porté au nez, ce 19 ans est immédiatement très expressif, sur une gourmandise conquérante. Les fruits à coque dominent de leur candeur torréfiée et caramélisée, comme une simplicité synonyme de perfection. La vanille et le boisé accentuent cette impression mais d’autres éléments viennent apporter profondeur et équilibre : une pincée de poivre et une note mentholée. Même pas la peine de parler du degré alcoolique. Quelques minutes plus tard, il n’a pas bougé d’un iota, ce dont je ne vais pas me plaindre, tant ce nez m’envoûte.
Étaler le liquide sur les parois du verre va accentuer sa fraîcheur mentholée mais surtout sa facette boisée, qui se fait un peu réglissée. Les fruits à coque et la vanille sont toujours présents mais il faut aller les chercher un peu plus loin. Un nez qui ne fait pas son âge et qui me rappelle un peu le 21 ans, par la conjugaison de la jeunesse et de la profondeur.
Cet ancêtre de 19 ans est extrêmement souple en bouche. L’alcool permet de le garder longtemps en bouche et d’en apprécier tous les reliefs. Le fût semble avoir été moins chauffé que sur le 15 ans, ce qui d’une certaine manière accentue encore cette idée d’eau-de-vie plus jeune. Les fruits à coque répondent présents, fidèles au poste, accompagnés de vanille et d’orange. La concentration, contrairement au 15 ans, ne se révèle pas tout de suite et c’est en le faisant jouer sous le palais qu’il va s’offrir totalement et prendre complètement possession de la bouche.
La finale continue en droite ligne sur les fruits à coque et ce boisé vibrant. Un boisé vanillé, légèrement asséchant mais toujours aussi séduisant et efficace. Une énorme gourmandise, plutôt simple.
Ben celui-là aussi est exceptionnel ! Bien qu’il joue sur un registre assez proche du 15 ans batch 3, il développe un profil qui en est relativement éloigné. Étonnant de voir comme le 19 ans se livre plus rapidement et facilement. Les fruits à coque et le boisé sont les stars et ne laissent que peu de place aux rôles secondaires.
Deux monstres. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à les déguster. Il est extrêmement difficile de dire lequel m’a le plus plu, tant ces deux rhums ont leurs qualités respectives. Je décrète donc une égalité mais quelle magnifique égalité !
Petit teasing pour la semaine prochaine : on va encore monter d’un cran 😉
Neisson d’exception – partie 1
Neisson d’exception – partie 2
Neisson d’exception – partie 3
Neisson d’exception – partie 4
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