Et si nous parlions, pour cette deuxième partie, de l’espace VIP ou plutôt de quelques élixirs qui y étaient à déguster ? Pouvoir passer au moins une journée dans cette partie du salon semble vraiment essentiel, tant certains des spiritueux proposés sont de haut niveau. On commence par le rhum, puis nous irons faire une petite excursion maltée.

Neisson 3ème millénaire 45%
Bonne mise en bouche, un peu moins frais que dans mon souvenir avec pas mal de bois puis d’épices mais reste agréable. J’en avais une image plus équilibrée.
Neisson XO FP 2013 57,4% (65 bouteilles)
Nez : comme on les aime chez Neisson : intensité, gourmandise, équilibre, fraîcheur, fruits à coque
Bouche : grosse présence et intensité avec un alcool qui porte les arômes
Finale : longue et de plus en plus chaude et sombre (même un peu trop)
C’est bien bon, mais le nombre de bouteilles va rendre son obtention bien compliquée. Assez différent du XO FP batch 3.
Depaz XO grande réserve

Quel bonheur de retrouver ce rhum au profil bien éloigné des rhums actuels, plus de fraîcheur, de fruits, de tension et moins de bois ; même un côté cognac. Super ! J’ai passé mon week-end à conseiller à tout le monde d’aller le déguster 😀
C’est CE rhum qui m’avait fait passer du côté des agricoles, comme je vous le racontais dans cet article.

Vieux Vaval & Casimir 50,1%
4 ans dans d’ex-fûts d’Oloroso
Nez : super d’avoir encore cette nature du clairin blanc, avec pour l’arrondir un léger boisé beurré
Bouche : là aussi on garde non seulement des arômes mais aussi la texture astringente, alors que le boisé parvient à rester discret
Finale : très longue avec encore une fois le jus, le boisé/sherry est relégué au second plan
Très différent du Sajous vieux où le bois est au premier plan. Très bien.
Mhoba 2017 Faq Plastic 64,3%
Nez : le jus a plus de place que sur la version Habitation Velier, légère astringence, un peu de saumure, et puis le boisé qui apporte de la rondeur briochée et des épices
Bouche : attaque douce puis alcool prend bien, avec le même duo jus survitaminé et boisé apaisant et gourmand
Finale : (étonnamment) moyennement longue
J’avais déjà bien aimé le HV mais celui-ci, dans un style un peu différent, s’en tire également drôlement bien.

Isautier agricole 16 ans 65%
Nez : profil de pur jus de la réunion, plus sur l’intensité et la profondeur que la fraîcheur, même si l’équilibre est réussi avec une gourmandise qui croît. Il mérite de rester un peu dans le verre, pour encore s’améliorer.
Bouche : alcool pas si puissant et après une attaque très réussie, on part vers un trait qui me dérange sur certains rhums de la Réunion – dont Isautier – ce côté brûlé caractéristique.
Finale : la finale reste sur cette note. Dommage…
Isautier mélasse 16 ans 65%
Un peu fort et d’emblée, cette note que je n’aime pas et qui va se confirmer en bouche et en finale, qui est très très longue, ce qui n’est pas forcément une bonne chose…

Berry Bros Fiji 2009 58%
Un Fiji crémeux, très épicé, aux notes empyreumatiques, non sans rappeler certains Monymusks continentaux mais avec plus d’intensité. L’alcool est extrêmement bien intégré ! La finale très longue sur les épices. Je ne suis pas fan des Fiji mais celui-ci se défend bien.
Certains amateurs m’ont demandé de dire qu’il était dégueulasse, alors je m’exécute : il est dégueulasse ^^
Savanna Unshared Cask fût 714 pour la France 55,9%
Pas mon truc du tout, y’a du Herr là-dedans et ce high ester est bien trop présent pour me palais.

Rum Nation Enmore 23 ans 57,6%
(vieillissement en fût de whisky et sherry finish)
Nez : on démarre sur plus de gourmandise que ce que j’imaginais, puis il devient plus végétal avec du repos et une pointe soufrée émerge, qui disparaît rapidement et laisse la place à une note tourbée
Bouche : attaque sur la douceur, puis la tourbe prend étonnamment de place et c’est celle qui va clore la dégustation.
Un peu décevant sur l’ensemble avec trop d’impact du fût à mon goût.
Rum Nation Versailles 30 ans 56,8%
(finish en fût de sherry ayant contenu du whisky)
Nez : Épicé, végétal et fruité
Bouche : pareil avec moins de fruit et une note brûlée – attaque réussie par ailleurs
Finale : très longue sur cette dernière qui mène et qui est suivie d’épices ; vraiment trop cramée

Trinidad LMDW 2001 65,6%
Nez : très intense, le cassis explose littéralement aux narines, d’autant que l’alcool est assez marqué ; un boisé assez noir nous parvient en arrière-plan
Bouche : très fort et très boisé, trop et trop
Finale : très longue – on retrouve notre cassis et de l’amande en plus du bois
Ça commençait bien mais c’est trop déséquilibré, avec beaucoup d’alcool et de bois.
Caroni Employees United 1996 66,6%
Nez : l’alcool pique un peu le nez, fraîcheur sur la garrigue, pâtissier, agrumes, pas si classique, patte Caroni très discrète
Bouche : attaque non dénuée de sucrosité, puis intensité où l’on retrouve un bref passage de la garrigue puis les autres acteurs réapparaissent
Finale : assez longue (moins longue que la plupart des Caroni) et on vire plus vers le bois et ce qui fait de Caroni, Caroni
Original et réussi, j’ai beaucoup aimé.

Caroni Employees Mahesh “Sonny Black” Bridgelal (1996) 64,6%
Nez : là encore l’alcool titille les narines, profil plus équilibré à tendance pâtissière, vanille et légèrement sur les hydrocarbures
Bouche : un Caroni assez facile et plutôt sympa ma foi, l’alcool se sent encore un peu et va de pair avec une belle concentration
Finale : un beau mix entre notes pâtissières et l’identité Caroni
Un classique qui fait bien le taf.
Caroni Employees Ricky “Dirty Harry” Seeharack (1996) 66,2%
Nez : surtout bois et hydrocarbures
Bouche : à nouveau sucrosité en attaque puis on retombe sur un Caroni un peu austère
Finale : sur le bois et le goudron/caoutchouc/hydrocarbures/fumée (rayez les mentions inutiles)
Le moins bon des trois.

Long pond STCE 2010 60%
Nez : très intense et “puant”, un côté grand arôme, beaucoup d’esters, j’aurais presque dit Hampden, les 11 années de vieillissement sont discrètes tant on est encore sur le distillat de départ
Bouche : astringente, forte, asséchante et toujours hyper funky
Finale : longue avec ces notes jamaïcaines hyper vitaminées, c’est là qu’on sent un peu le bois mais de manière timide
Long Pond STCE 2005 65%
Nez : il lui aura fallu 5 ans de plus pour arriver à un certain équilibre : le jus est encore là mais partiellement dompté par le fût qui apporte beaucoup de gourmandise briochée et vanillée, l’alcool a aussi l’air mieux intégré
Bouche : attaque d’une concentration rare et en effet l’alcool passe mieux (attention quand même, ce n’est pas un ron à 37,5% non plus). Fruité, boisé, “esterisé”, asséchant, bien
Finale : longue sur ce beau mariage bois et jus
Une belle découverte que ce Long Pond.

Plantation Clarendon 1994 MMV 65,4%
Nez : une gourmandise ! Fruité, pâtissier, boisé, légèrement empyreumatique, amande amère, épices, il se passe pas mal de choses et on peut rester dessus un moment. Beau nez
Bouche : les degrés passent bien mais on est moins multi dimensionnel
Finale : la finale est très bois et empyreumatique, le tout saupoudré d’épices douces
Ça commence mieux que ça ne finit à mon goût, avec une bonne impression globale tout de même.
Plantation Hampden 2002 70,3%
Nez : il faut s’en approcher avec prudence et ce n’est pas bien grave tant il est expressif – on a le côté « lacté » de Hampden et sa provenance devient évidente après 5 minutes dans le verre. Intéressant de garder autant de funk après presque 20 ans
Bouche : ne fait que confirmer ! Hampden en plein mais avec tout de même de l’âge, autrement dit un équilibre entre les deux et un alcool qui se sent, la prudence est de mise
Un sacré grand écart entre tous ces rhums de l’espace VIP, une belle balade autour du globe !
Voilà pour la mélasse et le jus de canne, partons du côté des céréales où je me suis laissé guidé par Benoit (merci encore !), bien calé derrière son stand, bien occupé à servir la horde d’amateurs et à distiller ses précieux conseils.

Highland Park 1998 Gordon & MacPhail 56.8%
Pointe tourbée mais qui laisse la place à des notes pâtissières et bourbon, belle présence en bouche et une boisé très ample et présent qui va progressivement virer vers la tourbe.
Bien foutu, même si j’ai décidément un problème avec la tourbe.
Glen Keith 1991 Signatory Vintage 50.2%
Fruité impressionnant pour cet âge (ou pas), rond, amande douce, vanille, puis en bouche la puissance vient progressivement pour arriver sur une belle intensité et on garde cette douceur gourmande.
Très très bon !

Benrinnes 23 ans Hidden Spirit 52.8%
Plus expansif et chaud. Fruits secs et légers fruits à coque. Bouche avec ce profil plus chaud et gourmand, la finale tombe un peu et mériterait un peu plus de relief.
Très agréable, surtout le nez et l’attaque.
Glenlivet 2007 Signatory Vintage 64.1%
Côté organique un peu étrange mais surtout une grosse gourmandise sherry ; alcool présent mais pour son degré ça va. La bouche me plaît beaucoup, puissance (maîtrisée) alliée à une gourmandise conquérante, on le garde un long moment et tant mieux.
Décidément, encore un whisky très à mon goût.

Glenburgie 2007 LMDW 62.5%
Là, même moi qui ai du mal à systématiquement détecter l’influence du sherry, je ne me suis pas posé la question tellement il est intense. Fruits rouges, noix, poudre à canon. Grosse texture, légèrement tannique, attaque riche et ample, puis une timide (et tant mieux) tourbe arrive pour assécher la finale
Longrow 1987 Signatory Vintage 43%
Tourbe à tendance barbecue et fumée mais qui n’emporte pas tout sur son passage ; fruits secs et notes pâtissières forment un duo très plaisant. Texture très légère, limite aqueuse et trop tourbé pour moi malgré tout.
Celui-ci est moins à mon goût.
Eh beh ! Quel excursion incroyable dans l’univers du malt, avec quelques références qui me plaisent vraiment beaucoup. J’imagine que leur tirage et leur prix sont malheureusement à l’avenant, ce qui rendra compliqué leur acquisition. Quoi qu’il en soit, je suis déjà bien content d’avoir découvert le Glen Keith et ce Glenlivet.
C’est là-dessus qu’on se quitte pour cette fois mais ne vous inquiétez pas, j’ai encore quelques pépites dans mon escarcelle ; si vous dis Velier ou encore Grosperrin, ça vous parle ? 😉
En attendant, une petite mousse entre potes !

Voici le lien vers la première partie : Whisky Live 2021 – Partie 1
Et celui vers la troisième : Whisky Live 2021 – Partie 3
Pingback: Mon Whisky Live 2021 – Partie 1 | Les rhums de l'homme à la poussette
Pingback: Mon Whisky Live 2021 – Partie 3 | Les rhums de l'homme à la poussette
Pingback: Mon Whisky Live 2022 – Partie 1 | Les rhums de l'homme à la poussette
Pingback: Mon Whisky Live 2022 – Partie 4 | Les rhums de l'homme à la poussette