
Le coffret d’échantillons envoyé par L’Esprit – merci à eux !
Ce n’est pas la première fois que je vous parle de L’Esprit, embouteilleur indépendant français de whisky et de rhum (et caviste à Rennes). J’ai par exemple eu la chance de déguster leur précédente collection (vous trouverez les notes de dégustation ici et là).
Outre cette série 2016, ils resteront dans l’esprit (haha) de beaucoup d’amateurs grâce à certains de leurs embouteillages précédents – qui a dit Blackrock et Don José ?
Sur ces trois nouveautés 2017, on retrouve des distilleries bien connues dans le milieu rhumesque, entre autres de par leur présence chez de nombreux autres embouteilleurs indépendants. Ce qui fait se poser la question suivante : ces rhums vont-ils se démarquer de leurs petits camarades déjà existants ? On va voir cela au fil des dégustations dans les lignes à venir 🙂

L’Esprit Rhum – Foursquare 2002, 14 ans, 56.4%
Justement jetons-nous-y avec le Foursquare (Barbade) 2002. Brut de fût (comme les deux autres), il se présente à nous avec ses 56.4% et ses 14 ans de vieillissement.
Au nez, il mérite du repos, sans quoi tout sera dominé par le citron et un côté minéral très, trop présent. Mais voilà, avec du repos il se fait plus exotique et tout s’équilibre. Les agrumes sont toujours présents mais l’orange vient faire mumuse avec le citron. Après plus de 45 minutes dans le verre, impossible de reconnaitre les marqueurs de la Barbade ; les rhums Foursquare qui sont normalement caractérisés par plus d’harmonie et peut-être moins d’intensité, ne trouvent pas ici un de leur représentant. Il aurait presque plus un profil Demerara. Mais revenons-en aux arômes, puisqu’une seconde ligne est également présente, avec l’herbe, une touche iodée et quelques épices. Voilà un rhum original au nez inhabituel. Bien sélectionné !
En bouche, contrairement au nez, l’alcool fait des siennes. L’attaque est exotique mais le citron marque rapidement son territoire tandis que des notes végétales s’impriment sur la langue et que la note iodée se confirme. Une légère note poivrée complète cette bouche.
La finale longue et à l’amertume prononcée. Le citron conclue sa participation de belle manière. Des notes torréfiées de café mais aussi de tabac et plus globalement empyreumatiques (voire même un peu cendrées) marquent le palais.
Comme quoi on peut sortir des codes habituels et apporter de l’originalité. C’est sans doute le nez qui m’a le plus plu et vraiment à aucun moment je n’aurais mentionné Foursquare à l’aveugle. Intéressant.

L’Esprit Rhum – Port Mourant 2005, 11 ans, 60.1%
On continue avec le Port Mourant (Guyane Anglaise) 2005, 11 ans et 60.1% au compteur.
Au nez, on se le prend en plein, il ne prend pas de chemin de traverse pour nous asséner un sacré mix entre arômes d’olive, d’anis, de pomme, de poivre et de fumée. Il y a également une légère acidité citronnée et pour finir deux notes plus surprenantes de thym et de nougat. Un nez intéressant, complexe, varié et moins boisé que ce que l’on pourrait attendre d’un Port Mourant.
En bouche, un peu de sucre pour commencer, cela confirme cette impression de nougat. Les olives se font à nouveau remarquer, mais elles sont alliées à des notes torréfiées. Son côté empyreumatique est accru par la fumée toujours présente. La pomme, très mûre, à en être acide, continue de faire des siennes, et pour finir une pointe iodée apparait.
La finale est longue. On y retrouve l’anis, la pomme ainsi que le côté iodé. Des notes végétales et un voile de fumée complètent cette fin de dégustation.
Eh ben ce n’est pas mal du tout, d’autant plus que l’alcool est bien intégré. Cependant il pèche par un manque de gourmandise à mon goût.

L’Esprit Rhum – Monymusk 2007, 9 ans, 67%
Et on termine par la Jamaïque avec le Monymusk 2007, qui est le plus jeune de ce trio, puisqu’il n’a “que” 9 ans mais qui est aussi le plus puissant avec ses 67%.
Au nez, attention aux degrés, la prudence est de mise. D’emblée on se rend compte que ce rhum est original avec des notes florales et fruitées (poire et banane) très marquées. Mais ce n’est pas tout, un peu en retrait, des notes de sève de pin et de céréales se font aussi sentir. Vraiment surprenant !
En bouche, là aussi l’alcool est puissant. On retrouve les notes florales et céréalières ainsi qu’une très étrange impression de bleu, oui oui le fromage, peut-être de la fourme d’Ambert. Obligé d’y mettre un peu d’eau tant l’alcool se fait sentir. Il y gagne, ses arômes étant augmentés et moins masqués par l’alcool. La pomme fait même une soudaine apparition, tandis que la banane fait son come-back. Toujours aussi atypique !
La finale est longue et c’est là que le bois apparait enfin mais sur un profil légèrement amer. Pomme, fleur et… bleu vous accompagneront un bon moment.
Alors là… Voilà une sorte d’ovni qui ne répond pas aux codes de la Jamaïque, voire pas vraiment aux codes du rhum non plus. Du jamais-goûté en ce qui me concerne ; alors certes il est trop puissant et ses arômes vous désarçonneront mais quelle identité il possède !
J’en reviens à la question posée en début d’article sur la capacité à se démarquer des autres rhums issus des mêmes distilleries (et potentiellement de la même année) chez d’autres embouteilleurs indépendants. La réponse, vous l’aurez compris, est que, oui, cette “collection” 2017 est réussie dans son ensemble, entre autres du fait des profils atypiques proposés !
Pour finir, une petite info, qui personnellement attise ma curiosité : les prochains embouteillages de chez L’Esprit risquent de se focaliser sur des rons ! Cela pourrait bien donner des produits originaux une fois de plus 🙂
Pingback: L’Esprit Monymusk 2007 9YO – Single Cask Rum
Pingback: La Maison (du Whisky) + Velier = une soirée réussie | Les rhums de l'homme à la poussette
Pingback: Mon Rhum Fest 2018 – partie 1 | Les rhums de l'homme à la poussette
Pingback: L’Esprit Rhum – Cuvées 2020 | Les rhums de l'homme à la poussette
Pingback: L’Esprit Rhum – Cuvées 2022 | Les rhums de l'homme à la poussette