Vous l’aurez compris, je suis revenu le lendemain afin de passer par toutes les chambres qui m’intéressaient. J’en avais loupé bien trop le samedi et ce malgré l’allongement des créneaux horaires. C’est peut-être dû au fait que les exposants semblaient moins concentrés sur le temps passé avec chaque groupe, quoi qu’il en soit, je n’ai pas été brillant niveau organisation et time keeping…

D’ailleurs avant de passer à la suite de mon exploration hôtelière, je dois réparer un oubli de l’article précédent. En effet, en fin de soirée est passé le représentant de la marque Mhoba, ce trublion de Knud, avec à la main, une bouteille ouverte du tout nouvellement sorti Habitation Velier de la distillerie d’Afrique du Sud.

Mhoba Habitation Velier – 64,6%
Nez : pur jus et pâte à cookies, vraiment gourmand, avec cette vivacité Mhoba
Bouche : plus puissante et plus heavy/high esters
Finale : longue, on revient sur les notes du nez, avec pâtissier et végétal de la canne
Très belle impression ! C’était vraiment une dégustation de fin de journée, alors pas simple d’y voir bien clair mais, une jolie découverte.
Cet oubli étant réparé, nous pouvons maintenant passer à la seconde journée du Rhum Society 2021. Et on va se faire pour commencer une belle série Antilles Françaises, entre Martinique et Guadeloupe.

Une maison emblématique de l’AOC Martinique pour débuter, avec Trois Rivières. J’avais repéré une nouveauté, un single cask 2005 mais je fut agréablement surpris en découvrant en dégustation la nouvelle version du Triple Millésime. Et comme je n’allais pas faire l’impasse sur la troisième bouteille, j’ai également remis le nez dans le 12 ans.
Trois Rivières Triple Millésime (2001-2005-2011) – 42%
Nez : épices, orange, boisé, fruits secs/pruneaux, pomme ; il y a de quoi faire
Bouche : très sur les épices et l’alcool est un peu faiblard
Finale : les épices restent très longtemps, avec le bois en retrait et une fraîcheur médicinale qui vient équilibrer cette finale
Je préférais la 3ème version, plus fruits à coque selon moi. En revanche, les amateurs de la première version devraient l’apprécier.
Trois Rivières 12 ans – 42%
Nez : Banane, vanille et épices
Bouche : Plus épicé en bouche mais gourmandise du fût de bourbon sur un boisé sec mais flatteur
J’ai l’impression d’avoir confirmé mon avis (puisque ce n’est pas la première fois que je goûte ce rhum) : un rhum de qualité mais qui ne me fait pas vibrer.
Trois Rivières Single Cask 2005 – 43%
Nez : Fruits secs/pruneaux, vanille, boisé, orange. Des ingrédients qui fonctionnent bien ensemble !
Bouche : Épices et bois
Finale : très longue, elle est clairement dominée par un boisé épicé qui ne laisse pas tellement de place aux autres arômes
Son nez et son intensité m’ont bien plu ; je l’ai cependant trouvé trop épicé.
Trois rhums de chez Trois Rivières où les épices prennent beaucoup de place à un moment ou un autre de la dégustation.

On prend le bateau, direction l’île papillon, Basse Terre et la distillerie Montebello. Avant de passer à la dégustation, deux mots sur cette distillerie. Elle possède deux colonnes dont une, entièrement en cuivre, qui servait depuis quelques années de réserve à pièces de rechange pour la seconde ; et bien, cette colonne devrait bientôt être remise en activité, et ça, ça fait plaisir ! Autre élément intéressant : leur “chais” de vieillissement est un fait une superposition de conteneurs métalliques, ce qui veut dire que les fûts sont enfermés dans un petit espace en tôle et qu’ils transpirent donc à grosses gouttes – pour les deux du fond, j’entends pas là que la part des anges est vraiment très importante (au-dessus des 10% par an si je ne dis pas de bêtise). Dernière précision, je connais assez mal Montebello et en ai une image assez mitigée et un peu vieillissante. Comme a pu le confirmer ma dégustation de deux rhums, je ne suis pas forcément fait pour leurs vieux, même si je leur reconnais une franche gourmandise confite ; ils trouveront leur public à n’en pas douter mais ils manquent un peu de mordant à mon goût. En revanche j’ai également dégusté ça :
Montebello Zenga – 60%
Cela fait quelques temps que je voyais passer cette image d’un coq coloré sur les réseaux mais je n’avais jusqu’alors pas eu l’occasion d’y tremper les lèvres. C’est après un an et huit mois de repos qu’il a été mis en bouteille, période durant laquelle la réduction alcoolique a été réalisée très progressivement. C’est une des rares bouteilles que j’ai dégusté deux fois lors de ce week-end et c’est plutôt bon signe.
Nez : canne lourde, un côté sirop de sucre, même les notes végétales – qui font contrepoids – paraissent gourmandes
Bouche : douceur en attaque, sucrosité et texture épaisse, puis la puissance arrive
Finale : assez long, végétal, poivré, complexe mais plus sec, alcool reste peut-être un peu
Très beau rhum, peut-être un peu trop fort en alcool sur la finale mais ce serait son seul « défaut ». Ce qui ne (me) trompe pas, c’est que je suis reparti avec la bouteille. Elle est un peu chère puisque l’on avoisine les 50€ mais j’ai trouvé qu’elle valait son prix. Un coup de cœur.

On reprend le bateau mais pas pour aller bien loin, puisque le cap est sur Marie Galante et sa célèbre distillerie Bielle.
Bielle Ambré Premium – 45%
Je n’ai pris qu’une très courte note à son sujet car j’ai complètement été déconcentré par le citron vert. Je m’explique : ce fruit est représenté dans son intégralité sur ce rhum : arôme, amertume et acidité. J’ai vraiment été surpris et interpelé par cette gamme déroulée en bouche.
Bielle Blanc 59 – Sélection cavistes – 59%
Qui ne connait pas le Bielle blanc 59, véritable étendard de la maison ? Mon expérience a été assez variable au cours des années, avec parfois des ti’punchs exceptionnels et d’autres fois de franches déceptions. Il semblerait que ces dernières soient dues au lieu d’embouteillage. Ce n’est pas la première fois que je vous en parle mais les rhums purs jus mis en bouteille en métropole sont simplement moins bons (sans doute du fait d’une réduction alcoolique précipitée). Sur cette sélection cependant, l’embouteillage se fait sur l’île et la réduction est plus longue que d’habitude.
En deux mots, il m’a bien plu : puissance (peut-être un tantinet trop), sucrosité et canne fraiche, un trio gagnant pour des ti’punchs de compet’. J’aurais bien aimé le comparer à la version classique.

On termine notre tour des rhums agricoles par une curiosité : un rhum à haut degré en provenance de chez J.M aux couleurs d’un embouteilleur indépendant : Old Brothers. Et on passera ensuite à une petite bombe aromatique également embouteillée par les toulousains de la Source.
J.M blanc par Old Brothers pour Les Grand Alambics – 65,6%
Il s’agit donc d’une sélection réalisée par Anto pour la Cave chambérienne (oui moi aussi j’ai appris un mot) Les Grands Alambics. Ce rhum J.M a été lentement réduit jusqu’à 65,6%.
Nez : très frais mais pas sur des notes végétales, ce qui est pour moi inhabituel de la distillerie
Bouche : puissante mais dosée, sucrosité et salinité (ce qui fonctionne bien), canne et framboise
Finale : un peu plus végétale
J’ai bien aimé mais il faudrait voir comment il évolue. Il avait apparemment été mis en bouteille la veille avant de faire le trajet en voiture, du coup il faudrait voir comment il se met en place et à quoi il ressemble définitivement.
Old Brothers MLC 2001 – 61,3%
Ce petit bébé a passé 18 ans sous les tropiques et il est tout de même assez rare de trouver ce genre de rhums chez un embouteilleur indépendant pour le souligner.
Nez : épicé, gourmand, fruité (plus au nez qu’en bouche),
Bouche : puissance parfaite, végétal, herbacé vif et frais
Finale : Très longue
Dégusté bien trop vite mais super impression. J’ai du mal à penser à un meilleur Clarendon que j’aurais pu déguster. Bravo pour la sélection !

On file à la Réunion pour une dégustation sur palier : comprenez “la chambre était pleine mais le gentil exposant nous amenait les verres dans le couloir”. C’est à Saint-André que l’on fait escale pour parler de deux des dernières sorties de la distillerie Savanna.
Savanna Canton – 55,1%
Il s’agit d’un rhum de mélasse qui a passé 11 ans en ex-fûts de Cognac avant d’être fini dans un fût de Moscatel pendant un an.
Nez : très gourmand, caramel, torréfié, fruits confits, vanille et agrumes ; sympa
Bouche : attaque très agréable avec de la sucrosité et une puissance maîtrisée, puis sur la fin de bouche un côté un peu (plastique) brûlé
Finale : très long, légère astringence, on garde le côté brûlé
Ca commençait vraiment très très bien avec un joli nez et une attaque très agréable, mais la note de brulé – que je trouve régulièrement sur les rhums de mélasse de la Réunion – est venue m’ennuyer.
Savanna Madras – 60,3%
On change de registre, puisque même si l’on est toujours sur la mélasse comme matière première, nous sommes ici sur un grand arôme vieux de 12 ans où les ex-fûts de Cognac auront reposé tout ce temps dans un chai humide.
Nez : grand arôme (olive, fruits rouges, épices, sel), gourmandise mais aussi cuir et cul de vache – attention, ça peut paraitre péjoratif mais ce côté fermier/étable est quelque chose qui me plait et je suis loin de considérer comme un défaut
Bouche : explosif en arômes avec une olive qui est présente mais que les fruits tiennent en respect et l’alcool porte bien ces différents acteurs, très sympa !
Finale : looooonnnnnnggggggggg, empyreumatique, olive
Je ne suis pas fan des grands arômes et/ou longues fermentations qui font ressortir l’olive de manière exacerbée mais là, sur le nez elle reste discrète et en bouche, elle ne domine pas. Il n’y a que la finale qui est trop olive pour moi. Une bonne impression d’ensemble.

La dernière étape dégustation de ce premier week-end Rhum Society 2021 s’est passée chez SBS, ou plutôt chez 1423, embouteilleur danois qui possède, entre autres la marque SBS, mais aussi Esclavo, par exemple. Et c’est justement par-là que la dégustation a commencé.
Esclavo XO Cask – 65%
Mon impression se résume à : trop sucré et trop fort.
J’étais surtout là pour les embouteillages SBS et il y en avait trois à déguster. Mes notes deviennent très courtes, la fin de journée, tout ça…
SBS Trinidad 2008 – 57%
Voilà pour moi un rhum qui ne profite pas de son finish (3 mois en fût de Madère) mais qui au contraire se voit trop marqué par l’alcool précédemment contenu dans ce fût. Dans le cas présent, ce rhum de chez TDL en est devenu bien trop sucré et je n’ai pas réussi à passer outre.
SBS Jamaica 2007 – 59%
Ce Monymusk (Clarendon) est resté 11 ans sous les tropiques, puis a bénéficié d’une finition en fût de Pedro Jimenez 6 mois durant.
Nez : Jamaïque très timide, il a d’étonnants accents de kirsch
Bouche : puissant et épicé
Finale : je n’ai rien écrit, décidément…
Meilleur que le précédent, il ne m’aura cependant pas laissé une impression indélébile.
SBS DOK 2018 – 59%
Nous sommes chez Hampden pour ce rhum au mark indiquant une très forte concentration en congénères. Ce rhum acheté blanc chez un broker a ensuite été vieilli dans de petits fûts de sherry.
Au nez, on confirme être sur un jamaïcain survitaminé ! Puis en bouche il donne cette impression très agréable que le liquide s’évapore pour mieux envahir la bouche et y diffuser ses saveurs marquées. L’alcool est très bien intégré et il parait plus vieux qu’il n’est.
Pas mal cette découverte, qui n’est cependant pas encore mise en bouteille.

Et voilà on a fait le tour !
Mais ce n’est pas tout à fait là que ce Rhum Society s’est achevé, puisque j’ai eu la chance d’aller jeter un œil au bar caché (en bonne compagnie qui plus est), organisé dans une des suites de l’hôtel au 5ème étage.
Deux bartenders du superbe bar à cocktail Le Syndicat y officiaient sous les couleurs de Soif (un petit spin off événementiel si j’ai bien compris), pour régaler les assoiffés venus se rafraichir. Au programme, quatre cocktails mono-ingrédients : bois de santal, fraise, pèche et pastèque. Je n’aime pas la fraise et j’ai beaucoup aimé la création basée sur ce fruit, c’est tout dire ! 🙂
Bon c’est pas tout ça mais après une telle journée, le couvre-feu m’a servi d’excuse pour aller m’écrouler dans mon lit. Nous on se retrouve bientôt pour une compte-rendu (un peu plus court, enfin j’espère ^^) du second week-end de ce Rhum Society 2021.
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