Velier Live 2017

Ben non, cette fois je ne ferai pas de jeu de mots dans le titre, peut-être de peur de ne vulgariser ou de dissiper la magie de cet événement.

Cet événement, comment vous en parler ? Par quel bout l’aborder ? Une chose est sûre, quoi que je vous en dise, cela ne pourra jamais fidèlement refléter ce qui s’y est passé et ce que nous (moi et les quelques privilégiés) avons vécu et ressenti.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je dois vous avertir de deux ou trois choses. Tout d’abord, cet article ne se veut pas exhaustif (il ne pourrait pas l’être de toute manière) ; ensuite, il y aura quelques références que seuls les gens présents risquent de comprendre, et enfin, il se peut que je sonne très “fan boy”, mais premièrement, je le suis et deuxièmement, alors que j’écris ces lignes, j’ai encore des étoiles dans les yeux. J’espère que vous ne m’en voudrez pas 😉

Vue d'ensemble

La vue d’ensemble, on ne sait plus où donner du regard 🙂

Après ce petit teaser, prenons les choses dans l’ordre.
Velier est une entreprise italienne dont je vous ai déjà parlé à maintes reprises. Je vous ai également parlé du patron de cette entreprise : Luca Gargano. Je ne vais pas vous refaire un quelconque historique de l’un ou de l’autre, je vous en ai déjà rabattu les oreilles dans d’autres articles. Mais voilà, il se trouve que cette année, Velier souffle ses 70 bougies ; quoi de mieux alors que d’organiser un Velier Live spécial, accompagné d’embouteillages réalisés pour l’occasion ? Rien ! Du coup, ils l’ont fait 🙂
Un événement qui avait lieu le 8 mai 2017 à Milan et auquel presque 3000 professionnels avaient été invités, ainsi qu’une poignée de passionnés.

Vous vous en doutez je faisais partie de ce groupe d’irréductibles fans de cette vénérable maison italienne. C’est très généreusement que Velier, au travers de Chiara, a donné la possibilité à certains amateurs de pouvoir se rendre sur le salon.
Email envoyé, billet d’avion acheté et chambre réservée ! Le tout après environ une demi seconde d’intense réflexion 😀 Je vous épargne la description des quelques interminables semaines d’attente et je vous emmène directement avec moi à Milan.

Milan

Divers highlights de mes visites de la ville.

Arrivée dimanche matin à l’hôtel, qui de manière fort pratique, se trouve à quelques 2 mètres du lieu où le salon se déroulait. Rencontre des premiers collègues du week-end, avec lesquels j’ai passé un très agréable après-midi à explorer les rues milanaises (et à déguster la spécialité culinaire – jaune – de la ville ;)). Retour à l’hôtel le soir venu, où nous retrouvons un bon paquet d’autres fana de rhum. Après moult embrassades, poignées de mains et bises, il est temps de nous poser une question de la plus haute importance : où allons-nous prendre l’apéro/diner/boire un verre ? Et c’est en pleine réflexion qu’un SMS vient nous interrompre. Il dit en substance “Vous pouvez venir les gars, le salon vous est déjà accessible”.

*BLANC*

Nous nous réunissons alors en conciliabule afin de peser le pour et le contre, d’évaluer l’intérêt de nous y rendre, et ce n’est qu’après une bonne heure de débats que nous décidons finalement d’y aller. Non j’déconne ! Nous avons évidemment immédiatement sauté sur l’occasion !
Grand bien nous en a pris 🙂 Nous nous sommes bien vite rendu compte que nous étions arrivés, non pas sur les lieux des préparatifs d’un salon mais dans une grande teuf !
Accueillis par Angelo, il nous fait faire le tour du propriétaire : vin, tequila, cognac, vodka, armagnac, bien sûr rhum et j’en passe… Les stands sont prêts pour l’ouverture des portes le lendemain. Et nous, nous sommes prêts pour tester ces stands le soir-même 😉

Tequila Kah

J’ai juste bien aimé le visuel ^^

Cette soirée est désormais relativement floue dans mon esprit (je me demande bien pourquoi !), mais certains souvenirs vont rester longtemps gravés dans ma mémoire : un jéroboam de Worthy Park à 57% bu directement à la bouteille (qui n’aura pas survécu à la soirée – peut-être y-a-t’il un lien avec mes souvenirs embrumés), un groupe de reggae légendaire jouant sur la scène, des cocktails d’anthologie aux ingrédients on ne peut plus qualitatifs, des rencontres et des retrouvailles (autant avec d’autres amateurs, qu’avec des figures de la profession), une chenille géante et cette impression générale et partagée de participer à quelque chose d’exceptionnel. Un sentiment de gratitude envers nos hôtes, ainsi que d’être privilégié de pouvoir se retrouver là, comme faisant partie de la grande famille Velier.

Etagère à cocktails

Un “petit” bar à cocktail, avec que des bonnes choses, les résultats étaient à la hauteur des ingrédients !

Ce n’est qu’un peu après minuit (si mes souvenirs sont bons ^^), que nos ventres vides se mettent à réclamer leur dû d’offrandes solides ! C’est une pizza – salvatrice – qui sera atrocement sacrifiée sur l’autel des besoins physiologiques.

Retour à l’hôtel, la tête aussi pleine que le ventre, mais d’images et d’euphorie, elle, et direction le lit de ma chambre où je m’écrase, telle une baleine s’échouant sur la plage, avec la vague pensée que cette soirée était sans doute le point culminant du week-end… Et comme j’étais naïf 😉

C’est après une bonne, mais trop courte, nuit, que je me prépare et me mets en route vers le point de rendez-vous. Dix heures moins cinq, tout le monde est là, plus ou moins frais, et prêt à en découdre avec une nouvelle journée exceptionnelle !

Après quelques minutes d’attente nous pouvons pénétrer dans cet immense hall, qui s’apprête à voir défiler près de 2500 personnes sur la journée, avec comme cadeau de bienvenue un tee-shirt aux couleurs de l’événement (je ne sais toujours pas pourquoi j’ai pris un M, j’ai dû croire que j’étais mince :/).

Je ne vais pas vous faire le récit de cette journée, il y aurait trop à en dire, mais voici quelques éléments à retenir.
Avant tout (et c’est sans doute ce qui restera gravé dans ma petite tête), un accueil hors du commun à tous les niveaux, qui m’a fait comprendre que la veille au soir, n’était finalement pas le clou du spectacle. J’en profite pour, encore une fois, remercier nos hôtes 🙂

Guardians of Rum

The Guardians of Rum

Voilà ensuite, dans le désordre, quelques faits marquants : un Saint James 1935 donc j’ai dégusté les premières gouttes, une discussion avec David de chez Issan, un super “ti-punch” à base de Savanna Intense, de Rhum Rhum PMG 56%, de sirop de sucre de canne Neisson, de citron vert et de spray à la mandarine verte, une conversation avec Gregory Neisson puis m’être occupé de leur stand quelques minutes, être mentalement bloqué pendant une heure à ne pouvoir rien boire tellement le choix était vaste, déguster pour la seconde fois un Skeldon 1978, le meilleur gras de jambon blanc de ma vie, une paire de chaussures volantes et agressives, être en présence de tant de défenseurs du R(h)um, un bœuf entre un normand et des jamaïcains sur la scène, une photo au perpendicularisme improbable, un Luca Gargano intenable, ma rencontre avec le plus grand italien du monde, un joli meuble en bois très bien décoré, un vieux voleur de bouteille, des échanges avec Marc Sassier, de multiples fractures de l’œil droit, un vigile récalcitrant, déguster avant la terre entière le Destino… Le tout partagé avec cet incroyable groupe qui s’était rassemblé pour l’occasion (d’un peu partout en Europe).

Caroni Magnum

Les fameux magnums Caroni – ils sont malheureusement restés fermés 🙂

Je me rends bien compte que cette énumération est quelque peu hermétique pour ceux qui n’étaient pas présents, mais je vous avais prévenu 😉
Du coup, je vais quand même vous offrir quelques notes de dégustation, qui, elles, s’adressent à tout le monde 🙂 J’espère que vous les apprécierez car elles n’ont pas été simples à rédiger en plein milieu de cette grande fête qui battait son plein ! Il s’agit principalement de rhums mis en bouteilles pour le 70ème anniversaire de Velier, donc, pour la plupart, de petites, voire de très petites sorties – il ne va pas être évident de mettre la main dessus, et comme vous allez voir, c’est bien dommage…

Neisson 2005 et 2007

Neisson pour les 70 ans Velier – Voilà par quoi j’ai commencé, ça aurait pu être pire 😉

J’ai décidé de m’attaquer aux rhums pur jus de canne pour commencer. Première étape la Martinique, avec Neisson, qui nous offre deux embouteillages pour l’occasion, un 2005 et un 2007.
Au nez, ce 2005 vous aborde d’abord par son boisé sec et gourmand, qui sera bien présent tout au long de la dégustation et qui demeurera fin. Les fruits suivent très vite derrière, et il y en a un paquet, avec entre autres des fruits frais (pomme et poire) mais aussi divers fruits à coque (qu’est-ce que je peux les aimer ceux-là chez Neisson !). Le tout est délicatement enrobé de vanille et le tabac apporte une dimension un peu plus sombre. Il offre même comme une impression veloutée – oui au nez, même si ça peut paraitre étrange.
En bouche, on retrouve presque exactement les mêmes marqueurs qu’au nez, avec cependant l’apparition de quelques épices. Son intensité et ses arômes m’ont procuré beaucoup de plaisir (on se calme bande d’obsédés !).
La finale est longue et moins complexe, avec une dominante de bois et de menthol. A ces deux éléments viennent s’ajouter des notes de tabac.
C’est clairement l’un de mes coups de cœur sur la gamme anniversaire, un rhum équilibré, plaisir et d’une certaine manière “facile”.

Luca et Marc

Ils semblent déjà prêts à têter ce Saint James 1935 !

Le 2007 maintenant.
Au nez, il est d’emblée sur des notes plus chaudes, plus “noires”. Les fruits ici sont compotés, le boisé est plus marqué, sur des tons plus sombres et le tabac n’est pas en reste. Des arômes torréfiés et de fruits à coque accentuent encore cette idée d’un rhum chaud. Une certaine fraicheur est cependant présente et apporte un certain équilibre (pour moi moins abouti que sur le 2005).
La bouche nous apporte de la puissance, l’alcool se sent. Ici, il y a une relative redistribution des cartes avec toujours cette impression chaleureuse, mais les fruits sont plus présents, tandis que le bois recule d’un pas. De plus, il n’est pas dénué d’une légère impression sucrée.
La finale présente pas mal de similarités avec le 2005, avec une présence marquée du bois et du tabac, qui vont progressivement être rejoints par le menthol ; ce dernier venant même occuper le devant de la scène, les minutes passant.
Un style très différent que nous offre ce 2007. Intéressant de voir comme l’un et l’autre ont trouvé leurs amateurs sur le salon 🙂

Karukera 2008

Malheureusement je suis bien incapable de vous dire laquelle j’ai dégustée 😡

On change maintenant d’île pour passer en Guadeloupe, chez Karukera. Il y a quatre rhums différents de cette maison pour l’anniversaire de Velier. J’en ai goûté trois mais n’ai pris des notes que pour deux d’entre eux, un des 2008 et le 2011.
Concernant le 2008, c’est en premier lieu la noix qui, au nez, m’a frappée. L’amande, la vanille, les fruits rouges et le tabac (un peu plus discret) viennent ensuite en un ensemble frais et gourmand.
La bouche est un peu moins intéressante et un peu plus simple. De plus, l’alcool est ici un peu trop présent. Cependant, la canne ressort également ce qui n’est pas pour me déplaire.
La finale est moyennement longue et offre une relative douceur.
Pas mal que ce 2008, mais pas inoubliable non plus.

Karukera 2011

Bouteille dédiée à la plus jeune fille de Luca Gargano, née en 2011.

Le 2011, lui, a un profil bien différent. Au nez, le parallèle avec les Libération est, pour moi, immanquable, avec ses notes de poudre à canon. Le côté sherry se manifeste par les fruits rouges. Il n’est peut-être pas très complexe mais la gourmandise et l’équilibre sont là.
En bouche, on retrouve la comparaison avec les Libération ainsi que la gourmandise. L’alcool est extrêmement bien intégré et une certaine douceur le rend encore plus agréable.  Un léger côté tannique complète son profil.
La finale est longue sur le sucre et roux et… la poudre là encore 🙂
Un succès que ce 6 ans vieilli en fûts de sherry !

Enmore 1996

Il n’est pas mal, reste à voir le prix.

Passons à la mélasse maintenant avec l’une de deux nouveautés de chez El Dorado et leur Rare Collection, l’Enmore 1996. Un bon Demerara (meilleur que le nouveau Port Mourant de la même collection). Pour faire court, bien qu’il soit un petit peu trop alcooleux, il est gourmand sur la mélasse, la réglisse, le bois… Le souci, il n’a pas vraiment d’identité, rien qui ne le caractérise. Je ne serais pas contre le déguster à l’aveugle avec d’autres Demerara de plusieurs embouteilleurs afin de me faire un avis plus définitif.

Destino

Oui il ‘agit bien de l’étiquette finale… ou pas.

Pour finir, direction la Barbade avec une avant-première de poids, le Destino de chez Foursquare. Le nom est un clin d’œil à la rencontre entre Luca Gargano et Richard Seale, considérée ici comme un signe du destin 🙂
Le nez est très gourmand, dans un premier temps sur les fruits à coque allié à un côté herbacé et une légère acidité, surprenant. Tabac et boisé sont également de la partie. Approchez-vous en avec prudence, les 61% sont bien là. Je l’ai gardé un moment dans le verre ce qui m’a permis de m’apercevoir de sa grande évolutivité. En effet, un court passage très boisé (une sorte de “fermeture”) s’est distingué avant que n’apparaisse un grand équilibre et un côté opulent très charmeur (avec entre autres le pruneau).
La bouche est sucrée, acide, boisée, explosive et fruitée. Aucun centimètre carré ne sera épargné : langue, palais, joues, dents… Tout sera envahi et recouvert de ce breuvage.
La finale est longue et reste intense et gourmande un long moment. Puis les arômes s’assombrissent avec un bois qui gagne en intensité et la réglisse qui prend sa place.
Sans aucun doute un autre de mes coups de cœur de la journée, dommage que son tirage soit vraissemblablement si limité :/

Last Ward+ Mount Gilboa

Goûtés mais pas pris de notes. De mémoire, le Last Ward a eu ma préférence sur les deux 🙂

Et voilà, c’est ainsi que s’achève mon récit milanais. Ou presque, puisqu’un petit mot sur la journée du lendemain s’impose. La visite du château (ah bon, il y a un château à Milan ? Ben oui !), la recherche – infructueuse – de bouteilles chez les cavistes et un déjeuner super agréable (mon dieu ce vin ! 17% quand même, mais du velours), voilà ce qui a réellement conclu cette escapade italienne.

Last lunch

The last lunch 😉

Pour ceux qui trouvent que cet article est trop long, je vous offre ce résumé : le meilleur événement rhum auquel je sois allé 🙂 C’est encore trop long ? Alors faisons plus court : rencontres, hospitalité et plaisir !

6 thoughts on “Velier Live 2017

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