Je vous ai quitté, il y a une semaine, sur du rhum agricole, et bien je vous retrouve aujourd’hui, pour démarrer cette seconde partie de mon compte rendu du Whiksy Live 2017, avec… encore de l’agricole, en compagnie d’une maison dont je vous ai déjà parlé dans la première partie : Neisson. Après s’être penché sur les trois sorties pour les 70 ans de Velier, nous allons nous attarder sur deux autres nouveautés en dégustation sur le stand Neisson ou dans l’espace VIP.

Neisson XO Full Proof
Le premier n’est autre que la version brut de fût du nouveau XO (que j’évoquais ici). Cinq degrés et demi de plus pour le “petit” dernier ; nous allons voir si ça change vraiment quelque chose. Le nez m’a paru bien plus fruité que le XO “normal”, avec également un boisé moins présent. La bouche parait très pleine et sur des arômes chauds. On retrouve sur la finale un profil similaire au XO sur une dominante boisée et cacaotée. La texture semble épaisse et devient légèrement tannique puis laisse une sensation de cacao en poudre. Un rhum sans fausse note et simplement sacrément bon 🙂

Neisson Armada 1991
Le second est un des membres composant la famille Armada, nouvelle gamme de millésimes Neisson, embouteillés dans de très belles (et très couteuses) carafes. Le 1991 (45%) est donc le premier des Armada que j’ai pu déguster – trois autres ont suivi le soir même, mais c’est une autre histoire 🙂 Son nez fin et complexe se développe sur des arômes de fruits confits, de fruits à coque (amande et noix) et de boisé légèrement grillé. La bouche n’est pas facile à déchiffrer, mais c’est le fin boisé Neisson qui domine. La finale se distingue par ces notes de boisé grillé et de fruits à coque. Les secondes passant il se fait de plus en plus sec et pourrait être un peu plus long.
Intéressant comme je l’ai trouvé bon en tant que tel, mais beaucoup moins intéressant quand on le compare à d’autres millésimes de l’Armada.

Spirits Shop Selection Caroni 1997 – Nous nous sommes demandé si c’était un Caronoi ou un Chironi…
S’en est fini des rhums purs jus de canne pour cette année, mais il nous reste bon nombre de rhums traditionnels à déguster.
Débutons par un classique, pas si classique. Je ne vais pas vous faire le laïus sur Caroni, vous connaissez l’histoire par cœur. En revanche, si je vous dis : Caroni taïwanais, ça vous parle ? Moi ça ne me parlait pas du tout. Mais voilà, Spirits Chop Selection, embouteilleur de Taïwan, a donc mis en bouteille un Caroni 1997 à 59.6%. A noter qu’il s’agit de l’embouteilleur qui a mis en bouteille tous les Karuizawa pour Taïwan, donc déjà bien connu dans le monde du whisky (merci Guillaume pour la précision ;)). Au nez, pas de doute, nous sommes bien dans la fameuse distillerie de Trinidad, mais avec des notes fermières en prime. Il n’est pas porté sur les fruits mais n’est pas non plus lourd ou monolithique. La bouche, légèrement sucrée, nous apporte à nouveau le côté fermier. L’alcool est bien intégré et une certaine fraicheur acide amène une nouvelle dimension. La finale est longue (ça ne surprendra personne) et de plus en plus sèche sur les notes typiques Caroni, à tendance fumée.
Il m’a bien plus ce Caroni, surtout la bouche, pas si classique que ça au final.

Wild Parrot deuxième du nom, toujours Hampden
Une bouteille, qui n’est pas une surprise, elle, c’est le second Wild Parrot, toujours de la distillerie Hampden. Et là, me v’la bien. Je ne sais plus pourquoi mais je n’ai pris qu’une courte ligne : “Encore plus expressif que le premier”. Voilà, voilà… Cela ne vous avance pas à grand-chose, et moi non plus d’ailleurs. Alors oui c’est positif et l’impression qu’im m’en reste est bonne, mais là tout de suite, cette description me fait penser à cet article de Roger Caroni !

Worthy Park Finish Olorosso, Finish Marsala et Single Estate Reserve
On reste en Jamaïque mais on change de distillerie avec Worthy Park. Et cette fois, il ne s’agit pas d’un embouteillage indépendant mais de sorties officielles.
Le Single Estate Reserve pour commencer, qui est un assemblage de rhums âgés entre 6 et 10 ans, et qui est proposé à 45% ; il semblerait que les quelques degrés en plus soient là pour répondre à la demande des amateurs et clients européens. Le nez est gourmand, entre autres sur l’amande (en plus du profil jamaïcain) mais manque un peu de profondeur. La bouche m’a semblé acide et est moins équilibrée. Sur la finale on retrouve cette gourmandise “calme”, et alors que l’on débute sur des notes empyreumatiques, on se rapproche ensuite de touches vanillées.
Pas si mal, mais rien d’exceptionnel.
Deux finitions sont ensuite proposées sur des bruts de fût. Les étiquettes étaient temporaires et du coup, je suis en train de me demander si leur degré aussi. Quoi qu’il en soit, ces deux nouveautés sont vieillies 4 ans en fût ayant contenu du bourbon, avant de passer respectivement, un an en fût d’Olorosso et un an en fût de Marsala.
Le premier propose immédiatement un nez plus profond sur une Jamaïque un peu assagie, entre autres du fait des 59% qui se font discrets. La vanille et les fruits à coque sont également présents. Et là je dois avouer que sur la bouche, j’ai trouvé l’alcool trop présent, limite à brûler. J’avais dégusté pas mal de choses avant et peut-être mon palais commençait-il à saturer… La finale est sur les notes typiques de l’île mais la sensation alcooleuse demeure.
Sans doute à regoûter seul, mais là pour l’instant, trop fort pour moi.
Le second est à 60% – ce qui m’a un peu freiné étant donné mon expérience précédente, mais j’y suis allé, rien que pour vous ! Il se passe un peu moins de choses que sur le Olorosso au nez, mais j’ai encore une fois eu des fruits à coque, en plus d’un côté huileux. Heureusement la bouche est moins alcooleuse et présente même un légère sucrosité. La finale est assez gourmande, entre autres sur la vanille.
Je me suis demandé si mes papilles n’avaient pas pris un coup de trop sur le précédent ce qui m’a empêché de mieux décortiquer le second…
Intéressant de voir des maisons comme Worthy Park tenter ce genre d’expériences. Moi je devrai y regoûter pour me faire un avis.

Plantation Extrême n°2 Guyana 18 ans et Fidji 16 ans – Pantation Single Cask Jamaica (Long Pond) 2000
Un embouteilleur indépendant français maintenant : Plantation. Connu pour ses rhums faciles d’accès qui peuvent permettre de découvrir un style, une identité (le Jamaïque par exemple est une porte d’entrée très facile vers les rhums de cette île), la maison de Cognac a étoffé sa gamme depuis l’année dernière, par des rhums appelés “Extrême”. Ces rhums sont brut de fût et très peu édulcorés (voire pas du tout).
Le premier est un Long Pond – Plantation est devenu actionnaire dans Long Pond depuis son rachat du barbadien WIRD, qui en possédait des parts. Je n’ai pas pris de notes sur ce rhum donné sous le comptoir, mais il m’a laissé une bonne impression. J’ai d’ailleurs assimilé celui-ci à la gamme Extrême, car il est, pour moi, dans le même esprit, mais il n’en fait en fait pas partie.
Le second, un Port Mourant 1999 (j’ai un doute maintenant, étant donné qu’il est écrit Uitvlugt sur la bouteille…) a été vieilli 15 ans sous les tropiques, puis 3 ans à Cognac, et a subi un ajout de sucre de 3g/litre. Un boisé épicé, un léger côté savonneux. Il est légèrement sucré en bouche mais également très puissant sur l’alcool. Pas mon truc en résumé.
Le Fidji maintenant, qui est un 16 ans proposé à 61%.
Le nez est fruité, crémeux, épicé, ainsi que légèrement fumé et aussi un peu sur la noix. Autrement dit, un nez gourmand et où il se passe des choses. La bouche est un peu douce, mais également épicée et végétale, sans oublier un cuir fugace. On retrouve l’impression fumée sur la finale, alors que le boisé n’est pas loin et qu’une légère caractéristique pâte à gâteau est à signaler.
Pas mal ce Fidji, pas mal du tout.
A suivre cette série Extrême n°2 !

La nouvelle gamme Silver Seal – Merci à Ludo pour la seule jolie photo de l’article 😀
Et Silver Seal dans tout ça ? Voilà un de ces embouteilleurs qui, tous les ans, depuis pas mal de temps, s’astreignent à sortir une série entière de bouteilles venant des pays “traditionnels” producteurs rhums. Cette année n’a pas fait exception à la règle puisqu’ils avaient en dégustation leur nouvelle gamme aux étiquettes colorées, à savoir neuf bouteilles, sur lesquelles six ont trouvé le chemin de mon verre (j’ai fait l’impasse sur – si mes souvenir sont bons – le Panama et le Trinidad non Caroni et un autre dont je ne me rappelle plus).
Je vais passer en revue ces six rhums assez rapidement, suivant l’ordre dans lequel je les ai dégustés.
La Barbade pour commencer avec un Foursquare. On connait ce qui sort de cette distillerie entre autres pour l’équilibre qui caractérise ces sorties, qui d’après Richard Seale vient pour bonne partie du savant assemblage colonne/pot still. Ici c’est tout l’inverse, puisque seules des notes fumées et modérément végétales sont présentes, ce qui n’a pas été à mon goût.
Allons à Haïti maintenant, avec – peut-être – Barbancourt (bien que cela ne soit pas indiqué, il y a des chances qu’il vienne de là, mais rien de sûr étant donné la différence gustative des sorties officielles). Nous pouvons trouver par-ci par-là des rhums de cette distillerie chez les IB, mais cela reste une exception. J’ai un souvenir plutôt ému d’un de ces rhums sortis il y a quelques années justement chez Silver Seal ; voyons voir si celui-ci est dans la même veine. Au nez il présente un profil crémeux, voire beurré, mais les agrumes apportent l’acidité nécessaire à l’équilibre. Cela n’est pas sans rappeler certains jamaïcains. La bouche reste sur le même thème mais avec des notes empyreumatiques en prime ; notes qui vont devenir plus présents sur la finale, alors que l’acidité demeure. Ce n’est franchement pas mal du tout et on est sur une identité proche de son prédécesseur dont je vous parlais.
Direction la Guyane Anglaise, avec tout d’abord un Port Mourant.
Note de dégustation : “pas bon”. Ça c’est fait.
Un Uitvlugt ensuite, au nez gourmand très porté sur la noix de coco et la vanille. Malheureusement en bouche, j’ai trouvé l’alcool trop présent.
Leur Hampden est bon mais pas exceptionnel et ne justifie pas son prix.
Et pour finir, un Caroni, sur un profil que l’on a déjà vu chez d’autres embouteilleurs, avec ces caractéristiques Caroni mais à tendance gourmande sur une vanille très présente. La bouche ajoute à ce mélange quelques fruits exotiques fort agréables, mais la finale est un peu écœurante malheureusement. Pas mauvais, mais là non plus, le prix ne s’explique pas.

Rim Nation Rare Collection – Enmore 1997 Whisky Cask Finish
Un truc un peu étonnant pour continuer, le dernier Enmore Rum Nation, fini en fût de whisky d’Islay. On m’avait “conseillé” d’y goûter pour découvrir un truc loupé 😀
Le nez est étrange, très acide, voire vinaigré avec des notes de tabac. L’influence du fût de whisky ne se fait pas sentir. La bouche n’est pas dénuée d’une touche sucrée et des notes tourbées commencent à se faire remarquer. La finale, elle, est largement dominée par cette tourbe. Ouais bon, ce n’est en effet pas vraiment un exemple de réussite…

Savanna Lontan 57 et Herr 57 – deux nouveaux ovnis dans la gamme
Et si nous finissions pas la Réunion, avec la distillerie dont je vous ai récemment parlé : Savanna. Sur le salon étaient disponibles deux nouveautés, toutes deux des rhums blancs au caractère affirmé ! Un Lontan blanc et un HERR, tous deux à 57 degrés. Je n’arrive toujours pas à apprécier le HERR, trop extrême pour moi, trop bonbon acide… Le Lontan, lui, n’a rien à voir avec un profil aromatique totalement dominé par l’olive en saumure. Ça en est franchement impressionnant ! Bon, il est certain que si l’on n’aime pas l’olive, ça va être très compliqué. A noter que le HERR a moins d’esters que le Lontan mais sur une palette plus étendue, ce qui donne cette impression de partir un peu dans tous les sens.
Eh bien voilà, ça en est fini des rhums de ce Whisky Live 2017. Il y avait bien sûr plein d’autres spiritueux présents lors du salon et il se peut que je vous en parle prochainement, si je trouve le temps d’écrire tout ça 😉
Retrouvez ici la première partie. Quand à la partie bonus, c’est par-là.
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