Rendez-vous immanquable de la rentrée pour les amateurs de spiritueux, autant rhums que whiskies, le Salon Dugas Club Expert. Mais ce sont aussi Cognac, Saké, Armagnac, Porto, Calvados, vin de Madère – et j’en passe – qui sont en dégustation sur deux jours dans un lieu parisien parfaitement adapté, Le Carreau du Temple.
J’y ai moi-même passé un peu plus d’une journée pour y découvrir les nouveautés (surtout en rhum) mais aussi me faire le palais sur quelques classiques (essentiellement en whisky) distribués par Dugas.

Dans ce premier article, je vous propose les rhums purs jus de canne (à quelques exceptions près), les whiskies non écossais et une excursion dans la pomme de Normandie.
C’est en Martinique que j’ai posé mon verre pour débuter ce Salon Dugas Club Expert 2024. J’ai pu y découvrir les nouveaux rhums blancs de La Favorite, déjà commercialisés ou à sortir très prochainement.

La Favorite Plaisance Rouge récolte 2023 – 51 %
Nez : terreux, vert, poivre.
Bouche : très sec et herbacé.
Finale : extrêmement sec et végétal.
La Favorite Plaisance Bleue récolte 2023 – 51 %
Nez : moins sévère, la canne ressort un peu sans s’éloigner totalement du rouge.
Bouche : idem.
Finale : pareil, légère amertume.
La Favorite La Digue récolte 2023 – 52 %
Nez : plus de gourmandise avec un petit côté “poussiéreux”.
Bouche : plus de texture et de canne, tout en restant sec.
Finale : il devient plus végétal.
La Favorite Tjè Kann récolte 2023 – 48 %
Nez : plus aimable et moins intense, canne florale et agrumes.
Bouche : équilibré en alcool et en arômes.
Finale : devient graduellement végétal mais de manière contrôlée.
La Favorite Brut 2 Colonnes récolte 2023 – 72,8 %
Nez : l’alcool a l’air bien, belle expressivité et belle fraîcheur sur la canne, toujours un peu de poussière.
Bouche : très sympa, alcool bien dosé, gourmand.
Finale : canne végétale, assez longue.
Je pense être progressivement allé du moins à mon goût vers celui qui m’a le plus plu. Heureux hasard.
La Distillerie d’Indochine (qui produit les rhums Sampan) continue d’enrichir sa gamme Cellar Series, nom donné à sa collection de rhums vieux, avec deux nouveautés cette année.

Sampan Porto Finish 2020 – 45 %
3 ans et demi en ex-fût de cognac puis 6 mois en ex-fût de Porto
Nez : très boisé mais un boisé bien gourmand, caramélisé, et un côté vineux.
Bouche : très léger soufre qu’on pourra qualifier de poudre à canon, texture qui se remarque et toujours ce boisé gourmand et sec. Alcool facile.
Finale : ce boisé reste longtemps au palais.
Sampan Cognac 2018 – 45 %
Fruit des premières distillations, 6 ans en ex-fût de cognac.
Nez : grosse surprise avec essentiellement des fruits, fruits jaunes, fruits de la passion, vanille.
Bouche : alcool très discret, pourrait être un peu plus texturé, les fruits reculent un peu au profit du bois mais tout ça s’équilibre.
Finale : on continue notre évolution vers le bois, qui clôt l’expérience.
Très sympa, surtout le nez.

Manutea Quintessence – 59,9 %
Rien à redire ! Je ne manque jamais une occasion d’y tremper les lèvres.
Il était d’ailleurs arrivé en tête lors d’une dégustation à l’aveugle de rhums blancs purs jus de canne.
Manutea VSOP – 41 %
Nez : bien boisé avec en bouche une fraîcheur qui ressort.
Bouche : belle intensité malgré le petit degré.
Finale : finale entre boisé et végétal.
Manutea XO – 45 %
Voici LA nouveauté Manutea de cette année, le premier XO de la maison.
Vieillissement : 60 % Banyuls et 40 % bourbon
Nez : très vanille et fruits secs.
Bouche : concentration, un boisé vanillé bien marqué, note fraîche végétale surprenante qui vient donner du relief.
Finale : boisé gourmand, bois neuf, touche de fraîcheur.
Plaisant mais un chouïa boisé.
Et voici LA nouveauté du salon : une nouvelle distillerie à La Réunion nommée Payet & Rivière. Vous connaissiez peut-être déjà le sucre et les sirops Galabé originaires de l’île, eh bien l’entreprise productrice a décidé de distiller du rhum. Les premiers jus ont coulé très récemment et ce sont deux rhums qui ont été présentés sur le salon Club Expert. Le premier est à base de sirop de sucre de canne (appelé sirop de batterie aux Antilles Françaises) et le second utilise du vesou comme matière première (les étiquettes sont temporaires).

Payet & Rivière En Amplitudes (rhum de sirop) – 43,6 %
Nez : jolie expressivité, encore sur la canne florale et la bagasse.
Bouche : texture grasse, fraîcheur de la canne.
Finale : longueur végétale et réglissée. Puis léger côté marin du pot still.
Payet & Rivière Sur nos Pistes (rhum agricole) – 50,3 %
Nez : pur jus ! Grosse fraîcheur, très léger air iodé.
Bouche : sucrosité, texture, vivacité agréable, canne végétale.
Finale : canne un peu verte mais en gardant du gras. Et puis arrivée de la facette marine là aussi.
Voici deux premiers rhums très prometteurs pour l’avenir. J’ai été particulièrement intéressé par celui issu de sirop de canne.
Petit aparté sur le fait qu’il est toujours coquasse de voir et d’entendre certains amateurs se révélant tout à fait extatiques à la dégustation d’une nouvelle distillerie (surtout quand il s’agit de jus de canne) et ne tarissant pas de conseils pour les producteurs. Il faut se calmer un peu. En l’occurrence, ils débutent, sont bien conseillés en interne, je leur fais confiance pour sortir des jus encore meilleurs à l’avenir. Attention à ne pas simplement s’emballer sur le simple fait que c’est une nouveauté (même si ces deux rhums sont déjà réussis). Cela crée une attente (entre autres sur le rythme auquel les prochains rhums suivront) qui, selon moi, peut s’avérer néfaste.
La Maison du Rhum est la marque de Dugas (j’avais dégusté sept références l’année dernière). Ils sélectionnent des rhums chez les producteurs avec lesquels ils ont une longue relation de distribution pour les proposer sous un autre jour (un pourcentage alcoolique plus haut, moins d’édulcoration, un vieillissement différent…). Jusqu’à présent, il n’y avait pas de gamme permanente mais “juste” des petites séries. Cette année, c’est différent, voilà trois références pérennes, chacune voulant symboliser une tradition rhumière. Ils ont tous au moins six ans au compteur.

La Maison du Rhum XO Île Maurice – 42 %
Tradition française avec ce pur jus de canne (de chez Chamarel).
Nez : rondeur (vanille et fruits secs), intensité épicée et fraîcheur.
Bouche : relative vivacité pour ce degré, fruitée, fin de bouche bouffée de gourmandise.
Finale : boisée et longue.
La Maison du Rhum XO Jamaïque, Trinidad et Sainte Lucie – 45 %
Tradition anglaise sur un blend de trois distilleries (TDL, Saint Lucia Distillers et une distillerie jamaïcaine inconnue).
Nez : empyreumatique, presque cendré, hydrocarbures, fruits cuits/confits.
Bouche : plus « abordable », petite rondeur, intensité.
Finale : sucre cuit, voire brûlé et fumée. Long.
La Maison du Rhum XO Paraguay, Guatemala et Panama – 43 %
Tradition espagnole avec les jus des distilleries Fortin, Abuelo et Botran.
Nez : un peu « neutre », vanillé.
Bouche : manque d’intensité mais reste sec, ce qui fait plaisir.
Finale : vanille à nouveau, un peu de bois.
La Maison du Rhum Île Maurice Batch #5 2014 (8 ans) – 55 %
Nez : complexe et déroutant, dans le bon sens du terme.
Bouche : bouche jolie, belle intensité, une complexité harmonieuse, autant bois, que fruits de différentes natures, fraîcheur.
Finale : on garde ce profil multifacettes.
Joli rhum.

Ti Ced’ Litchi Tangelo – 32 %
Vraiment très fruité avec l’agrume bien présent au nez pour pas mal de fraicheur, puis le litchi qui se développe très joliment en bouche.
Ti Ced’ Miel Pain d’Épices – 36 %
Épices et miel en plein dans le nez !
Texture et suavité massives (trop pour moi), aromatiquement le miel et les épices explosent, très très long.
C’est sur cette gourmandise fruitée et épicée que nous arrêtons notre voyage en terres de rhum, pour bifurquer vers les contrées du malt. Mais pas de scotch pour aujourd’hui, direction l’Angleterre et le Japon, en commençant par un des géants nippons : Suntory.
Deux nouveautés estampillées Yamazaki pour débuter.

Yamazaki Golden Promise – 48 %
Une seule variété d’orge : la golden promise (oui Sherlock, d’où le nom de la cuvée).
Nez : belle vivacité, beaucoup de beurre.
Bouche : texture, grosse suavité, et du beurre !
Finale : cette gourmandise façon kouign-amann est presque trop.
Yamazaki Islay Peated – 48 %
Nez : tourbe, un peu de poire et une discrète rondeur.
Bouche : sucrosité à nouveau, associée à la tourbe.
Finale : on garde ce couple suavité et tourbe.
Yamazaki 25 ans – 43 %
Nez : la fraîcheur interpelle par rapport au Golden Promise, on a encore le côté pâtissier mais avec des fruits secs et un peu de noix.
Bouche : intensité, à la fois sec et gourmand, texturé, facile dans le bon sens du terme.
Finale : long, devient chaud et légèrement empyreumatique, zeste d’agrume.
Hakushu 25 ans – 43 %
Nez : malt, agrumes, chaleureux.
Bouche : plus sec, plus minéral, moins rond mais toujours sur l’équilibre.
Finale : très légèrement fumé, fruits à coque, long.
Une distillerie anglaise maintenant, que j’avais découverte il y a deux au Salon Dugas Club Expert 2022 et qui m’avait bien plu. J’ai donc souhaité voir les évolutions des whiskies sur les deux dernières années et les nouveaux produits.

Filey Bay Flagship – 46 %
5 ans minimum en ex-fût de bourbon (l’âge minimum de cette référence monte au fil des ans).
Nez : fruité, poire, céréales.
Bouche : finesse, texture, côté cacao, quelques épices.
Finale : le cacao – y compris sur la texture – reste.
Filey Bay IPA finish – 46 %
4 ans en ex-fût de bourbon puis 6 mois en ex-fût d’IPA barrel aged (de chez eux).
Nez : bien sûr le malt est là mais aussi la fraîcheur tropicale et légèrement végétale du houblon.
Bouche : vivacité et un côté presque effervescent sans vraiment l’être. Aromatiquement peut-être moins bien que le Flagship.
Finale : finale où l’on retrouve le nez avec une certaine amertume.
Filey Bay Single Cask Bourbon Cask #342- 51 %
5 ans de vieillissement pour ce whisky pour lequel la petite colonne de rectification a été shuntée.
Nez : plus de puissance, un single malt bourbon classique dans ce qu’il a de réussi y compris son côté pâtissier, moins de fruits que le flagship et plus de bois.
Bouche : vif, un peu trop peut-être (à moins que cela ne vienne de mon palais de fin de journée).
Finale : longue sur le bois et le pâtissier.
Filey Bay Sherry Cask Reserve #3 – 46 %
5 ans de maturation intégralement en ex-fût de sherry Fino.
Nez : très expressif, sherry, fruits secs, épices.
Bouche : pas le côté écœurant que le sherry peut parfois avoir, boisé et relativement sec, raisins secs, un peu torréfié.
Finale : long, vraiment gourmand sur un boisé sec.
Mon impression de ce qui sort de cette distillerie reste très positif.
On termine ce premier article dédié au Salon Dugas Club Expert 2024 en traversant la Manche pour accoster sur les côtes normandes avec les Calvados Coquerel.

Coquerel Finish Cacao – 41 %
4 ans puis 18 mois en fût dans lequel des fèves de cacao ont été affinées.
Il faut bien ce temps là pour que le café puisse se faire une place au côté de la pomme et alors qu’il reste en seconde position, on le sent, de manière discrète. Quand on sait qu’il est présent, on le trouve sans mal mais à l’aveugle, ce serait sans doute une autre paire de manches. Une réussite. Hashtag cafécalva !
Coquerel Finished in Rhum Barrels – 41 %
6 ans avant de passer un minimum de 6 mois en ex-fût de rhum de la Barbade (Planteray).
Pomme et menthol, autant en bouche qu’au nez. Pas mon truc. Je réalise être rarement fan des finitions rhum, quel que soit le spiritueux.
Coquerel Finished in Porto Barrels – 40,7 %
À peu près sur les mêmes temps de vieillissement que le précédent (le temps de finition est légèrement plus long).
Nez plus flatteur, légèrement vineux, très sympa. Même observation en bouche.
Coquerel Finished in White Porto Barrels – 40,5 %
14 mois de finish cette fois-ci, après 6 ans d’élevage initial.
Fruits blancs, pomme mais aussi un peu de soufre, qui se confirme en bouche. Finale réussie, assez sèche.
Coquerel Pommeau de Normandie – 17 %
J’ai toujours considéré le pommeau comme un alcool plaisant et facile, dominé par une pomme vibrante où acidité et rondeur s’équilibrent. Cette nouvelle dégustation n’a fait que confirmer mon avis. Ce fut la parfaite boisson pour finir cette première journée de salon !

Il est temps de faire une pause, avant de se plonger dans les rhums de mélasse et les whiskies écossais dans le second article à venir.
Séance rattrapage :
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