20 ans ! Cela fait 20 ans que La Maison du Whisky organise le salon Whisky Live. Différents lieux, une variété de spiritueux grandissante au fil des ans, une dimension qui va crescendo, bref un salon de plus en plus immanquable chaque année. Thierry Bénitah, le patron de LMDW, se penche sur l’histoire du Whisky Live au “micro” de Christine Lambert dans Whisky Magazine, c’est ici que ça se passe.
Cette année encore, on bat des records, autant vous dire que deux semaines ne suffiraient pas à déguster l’intégralité des produits présentés. Petit frein supplémentaire de mon côté, le traditionnel rhume post salon a décidé de venir m’enquiquiner en plein événement, ça n’a pas aidé.
Pour cette édition 2024, mon plan initial se résumait assez simplement : Rhum Avenue le premier jour, VIP essentiellement rhum le deuxième jour, whisky et spiritueux français le troisième jour. Ce dernier jour ayant tourné court (fatigué, plus envie, merci le rhume), je suis loin d’avoir dégusté autant que je l’aurais souhaité.
Je devrais pouvoir vous raconter mes aventures dégustatives an fil de trois articles, chacun d’entre eux mentionnant une grosse majorité de rhums.
On y va ? C’est parti !
Rhum
À tout seigneur, tout honneur, débutons par une bonne partie des rhums sélectionnés par La Maison du Whisky pour figurer dans son catalogue 2024 : Foundations.

Renegade Singular Cask Study 3 ans – 55 %
Le jus est là avec sa verdeur, nous avons aussi de la taille de crayon et des épices, puis un peu de beurre.
Même constat en bouche. Long.
Pas le meilleur des Renegade vieillis que j’ai goûté.
Pour rappel, en voilà deux qui étaient plus à mon goût, découverts sur le salon La Maison 2024.
Neisson Profil Équilibre – 49 %
Il s’agit d’un assemblage des Neisson Profils 62, 105 et 107.
Bouche mieux que nez, un peu plus fruitée, moins boisée et plus fraiche sur une canne végétale. Miel, citron et vanille sont également de la partie.
Neisson Élevé sous bois Mizunara Bio – 51,2 %
Épices, poivre, beurre, à nouveau mieux en bouche avec une sucrosité sur l’attaque qui est bien foutue. Floral, fruité, végétal et vraiment pas mal de poivre.
Je ne suis pas un grand fan des vieillissements en fût de chêne japonais, cela semble se confirmer.
Chalong Bay Lunar Series ex-Jamaican Single Cask – 62,5 %
Un mélange sucre roux et notes médicinales, voire sève.
Sucrosité et apparition franche du jus de canne, puis se porte plus sur la canne végétale quand on atteint la finale.

Rhum J.M 2016 Single Cask (8 ans) – 56,7 %
Fût de chêne américain neuf.
Frais et fruité, léger pâtissier.
Beau boisé, puissance correcte, léger tannique, gourmand.
Tannins sur la langue, fruits à coque.
Juste bien.
Le 7 ans du catalogue 2023 m’avait aussi beaucoup plu.
Rhum J.M 2014 Single Cask (9 ans) – 54,8 %
Fût de chêne américain neuf également.
Plus chaud, peut-être plus facile, moins de fruits frais et plus de fruits à coque, léger côté punaise écrasée (!).
Dur de se départir de cette note déplaisante qui va perdurer jusque sur la finale.

Isautier La Cour 13 ans – 59 %
Rhum agricole.
Vif et relativement délicat de prime abord, les agrumes caramélisés se placent au centre de ce nez. Un côté torréfié ensuite et quelques épices, pour une bouche tonique et fruitée, toujours ces agrumes, qui font de la résistance jusque sur la finale.
Ce n’est pas première fois que La Maison du Whisky sélectionne des rhums de cette distillerie réunionnaise (ici la sélection 2023).
Penny Blue 15 ans Whisky Cask – 60 %
Caramel cuit, empyreumatique.
Rond, facile malgré le pourcentage, pas très complexe mais simplement plaisant. La puissance se sent tout de même et reste un peu sur la langue.
Longueur pâtissière et caramélisée.
Penny Blue 13 ans Sherry Cask – 60 %
Plus chaud, plus fruits secs, léger torréfié cacao, fruits à coque grillés.
Texturé, très sherry mais sympa, pointe de soufre très discrète.
Bien sombre et long, très sherry à encore.
On sort un peu du rhum mais plutôt avec succès.

Mhoba Imbasha – 61,5 %
Sur ce Mhoba et le suivant, les jus et les fûts sont identiques, seule la place de ces derniers dans le chai varie. Nous sommes ici en bas de l’entrepôt.
Jus de canne, beaucoup d’esters à tendance colle, juste un peu de bois, miel.
Sucrosité, plus de bois ici mais toujours mesuré, on arrive à l’équilibre entre les trois éléments (jus, esters et bois).
Côté jus de canne sucré sur la finale.
Vraiment pas mal (un peu trop chimique au nez tout de même).
Mhoba Kigelia – 60,9 %
Et cette fois-ci, le fût a été placé en haut du chai.
Plus de bois, plus d’épices, on sort un peu de la typicité de la distillerie. Alcool plus sensible.
La finale est bien foutue mais le reste est moyen.

Flag Series Vietnam 2018 – 56,9 %
Pur jus de canne de la distillerie Sampan.
Un peu léger, fruité, banane, touche de vanille.
En bouche, plus de notes issues du fût.
Facile sur le côté gourmand avec finalement un côté légèrement tannique. La matière première a disparu, comme sur les embouteillages officiels (en voici 4 dégustés dans cet article).
Flag Series Indonesia 2015 – 59,9 %
Fruits rouges, brûlé, chimique.
Pareil en bouche.
Légère punaise écrasée à nouveau sur la finale (c’est la première fois que j’ai cet arôme mais deux fois dans la même journée) !
Pas mon favori de cette série.
Flag Series Afrique du Sud – 59,7 %
On retourne à la distillerie Mhoba. 2 ans en ex-fût de vin puis 2 ans en ex-fût de bourbon.
Nez absolument typique avec le trio esters, bois et pur jus, ce dernier dominant.
Légère astringence, étonnamment le jus est à nouveau devant.
Moins long que d’autres.
On retrouve bien la distillerie mais avec le jus de canne vraiment aux avant-postes, ce qui m’a bien plu.

Planteray Barbados 2004 – 55,5 %
Un Barbade assez typique avec une fougue supplémentaire, qui lui va bien.
Attaque sur la douceur, le coco grillé arrive vite, le bois, un peu d’amande, pas écœurant du tout, peut-être du fait de sa relative vivacité.
Bien.
Planteray Jamaica MLC 2001 – 51,5 %
18 ans en ex-fût de bourbon en Jamaïque, puis 5 ans du côté de Cognac.
Dans cette veine “trop verte” des Clarendon, malgré un fruité indéniable, entre autres sur le citron et les fruits exotiques. Le fût se manifeste au travers de notes vanillées et légèrement torréfiées sur la finale.
Le degré est bien choisi mais je n’ai pas pris de franc plaisir.
Planteray Fiji Islands 2001 – 51 %
100 % pot still et 19 ans d’élevage sur place (puis 4 ans en Charente).
Beaucoup d’amande à la fois fraîche, amère et frangipane, facette végétale aussi, et puis de la colle et des fruits. Toujours pas mon style favori que ces pot still des Fidji mais mieux que d’habitude. Grosse concentration et beaucoup de richesse.
Planteray Barbados 2022 WIRD High Ester – 59 %
Il fait plus que son âge. Rapprochement avec le Herr de Savanna et la Jamaïque, pas mal de coco pour la rondeur.
Bouche concentrée, suave, fruitée (ananas et banane) très réussie.
Notons les degrés très justes de ces quatre rhums Planteray.

Rum Sponge Nicaragua 2004 – 60 %
Le noix prend tout de suite le premier rôle. Surprenante et bienvenue fraîcheur, boisé caramélisé.
Même chose en bouche, concentré, doux, boisé torréfié, caramel.
Très agréable.
Colors of Rum Guyana 1991 – 48,3 %
Très bois, avec ce côté épicé d’un vieillissement trop prolongé.
Et en bouche énormément de café, légère astringence, caramel trop poussé.
Pas mon truc, il ne va pas me réconcilier avec les embouteillages de cet embouteilleur (dont 4 dégustés sur le salon La Maison 2023).
Silver Seal Caroni 1999 – 63,9 %
Très Caroni, boisé médicinal un peu piquant, de la vanille tout de même mais pas de fruits.
Bouche plus aimable, sucrée, mois boisée mais toujours pas de fruits.
Pas mon style de Caroni préféré, je veux des fruits !
Wild Parrot Jamaica 2009 – 58,9 %
Distillerie Clarendon.
Pas mal, amande, colle, boisé présent sans plus.
Un peu trop puissant, certaine suavité cependant.
Finale un peu en dessous avec réglisse et bois, légère amertume.
Jetons maintenant un œil à des nouveautés martiniquaises présentes sur la Rhum Gallery.

Depaz Private Cask 2015 pour Premium Craft Spirits – 57 %
8 ans de vieillissement, dont 5 ans en fût de chêne américain neuf puis 3 ans en ex-fût de Pineau des Charentes.
Grosse gourmandise au nez, on sort un peu de ce que peut être Depaz mais ça marche. Fruits confits, intensité et suavité. Très plaisir, avec un degré étonnamment facile. Relativement long.
Il se place haut sur l’échelle du Glouglou !
Neisson Zetwal Sirius – 49.2 %
Même assemblage que le Polaris, avec un an de foudre en plus.
Fruits confits, boisé très fondu, pâtissier, léger poivre, légère fraîcheur, un peu fermé au départ. J’ai pris le luxe de l’attendre 30 minutes dans le verre sur les très bons conseils de la personne qui me l’a servi sur le stand.
Rarement vu une évolution aussi notable. On perd le boisé un peu trop présent et limite végétal pour une pure gourmandise, en tout cas au nez. Belle concentration en bouche, intensité et longueur. Confirme mon impression positive de la présentation du Catalogue Foundations, même si les dégustations étaient différentes, aromatiquement parlant.
Neisson Vieux Bio batch 2 – 51,6 %
Caramel au beurre, végétal mentholé frais, poivre, touche de noisette. Alcool très bien. Intensité correcte. Finale commençant sur la fraîcheur puis le pâtissier arrive. Grosse longueur.

Trois Rivières SC 2004 11 ans – 43 %
Stock retrouvé des anciens propriétaires.
Fût de chêne américain 100 %.
Boisé épicé Trois Rivières, typique de la maison, intense et long, un peu de tabac et de fruits secs.
Correct sans plus.
Saint James Single Cask 2003 – 42,3 %
Un boisé mentholé dominant, fruité (fruits confits et fruits secs) et léger pâtissier vanillé au second plan. Concentré sur le bois, assez sombre, long, alcool bien dosé.
Un peu trop de bois pour moi mais, l’aération de l’échantillon que j’ai discrètement subtilisé (ou pas) me fera peut-être changer d’avis. Rappelons-nous du Single Cask 1998-2009, absolument magnifique.
Whisky
Nous en avons fini avec le rhum pour ce premier article, jetons une narine aux whiskies de la gamme Artist.
On débute avec la verticale Benromach (distillerie du Speyside en Écosse), des whiskies sur lesquels la composante tourbée s’exprime plus ou moins intensément et où les vieillissements sont réalisés en ex-fût de bourbon ou de sherry.

Artist #14 Benromach 10 ans – 60,4 %
First fill bourbon.
Banane et bois, tourbe discrète, sec.
Alcool présent mais ok, tourbe et suavité, marqué bourbon.
Long et dominé par la tourbe, puis un retour de la banane.
Pas mal.
Artist #14 Benromach 19 ans – 58,9 %
Ex-fût de Sherry.
Fermier, pas sherry habituel, tourbe.
Ample et assez aérien avec la tourbe fumée, alcool bien, très frais végétal.
Intéressant sans être vraiment plaisant.
Artist #14 Benromach 22 ans – 55,5 %
Ex-fût de Sherry.
Plus gourmand que le 19, fruits secs, agrumes légers
De la rondeur sèche (dans le sens suave mais légèrement asséchant), tourbe en fin de bouche puis sur la finale, long.
Plus classique.
Artist #14 Benromach 25 ans – 49,7 %
First fill bourbon.
Très bourbon, vanille, banane, coco et tourbe.
Tourbe intégrée et facilement aimable.
Peu de tourbe au final et beaucoup de bourbon.
Facile, souffrant peut-être d’un manque de complexité.
Artist #14 Benromach 20 ans – 56.7%
Très tourbe et encre.
Très tourbe et suavité.
Et tourbe pour changer… Trop pour moi.
On continue sur la gamme Artist avec différentes distilleries écossaises.

Artist #14 Highland Park 20 ans – 56.9 %
Ex-fût de Sherry.
Le fût est bien présent, vanille, chocolat, fruits secs, végétal.
Asséchant, tourbe végétale.
Artist #14 Aberlour 15 ans – 58,9 %
Ex-fût de Sherry.
Banane, fruits rouges, sherry.
Suavité et encore plus sherry avec des arômes similaires, grosse texture, alcool très bien.
Trop marqué Oloroso pour moi.
Artist #14 Glenburgie 25 ans – 54.7 %
Fraîcheur fruitée, agrumes et poire.
Assez fin et droit, toujours le fruit, qui se fait plus travaillé et plus exotique.
Long et plus boisé (au travers de la vanille et de légers tannins), puis la céréale qui revient.
Très bien, sans doute le whisky qui m’a le plus marqué du salon !
Artist #14 Macallan 30 ans – 55.2 %
Pomme et gentiane au nez puis rien qui m’aille vraiment en bouche.
Oui, je sais, ça manque un peu de détails, mais il ne m’a pas inspiré.
Artist #14 Longmorn 30 ans – 55.9 %
Agrumes, légère fumée, pas super expressif, vanille, tout petit côté Caroni étrangement.
Trop fort et quelque chose ne va pas, une pointe de savon ?
Toujours de la fumée en finale.
Non, pas pour moi.
Petit retour dans le temps maintenant, avec trois références d’une gamme Artist antérieure (dont je n’avais goûté que la verticale Strathisla en 2022).

Artist #12 Bunnahabhain 40 ans – 47.2 %
Fraîcheur fruitée malgré son âge (impressionnant), agrumes.
Bouche bien différente et moins à mon goût, sur le végétal.
Le nez me laissait définitivement espérer mieux par la suite, un peu déçu.
Artist #12 Glenrothes 25 ans – 55,5 %
Fruité et empyreumatique, concentré, un peu suave, pas très fin.
Léger fermier/tourbé qui monte sur la finale.
Artist #12 Bowmore 20 ans – 54,8 %
Fruits de la passion, plastique, cire, tourbe.
Pareil en bouche et ce mariage – sans doute assez typique de la distillerie mais je n’ai pas assez d’expérience – fonctionne très bien. Et en plus, la finale est longue.
Plus qu’une mise en bouche que ce premier article ! Gardons-en un peu pour les suivants.
Par-ici pour la seconde partie des dégustations :
Whisky Live Paris 2024 – Partie 2
Si vous souhaitez vous replonger dans les précédentes éditions de mes Whisky Live, c’est par ici :
Whisky Live Paris 2023 – Partie 1
Whisky Live Paris 2023 – Partie 2
Whisky Live Paris 2023 – Partie 3
Whisky Live Paris 2023 – Partie 4
Whisky Live Paris 2022 – Partie 1
Whisky Live Paris 2022 – Partie 2
Whisky Live Paris 2022 – Partie 3
Whisky Live Paris 2022 – Partie 4
Whisky Live Paris 2021 – Partie 1
Whisky Live Paris 2021 – Partie 2
Whisky Live Paris 2021 – Partie 3
Mais vous pouvez aussi remonter jusqu’à l’édition 2014 (et toutes celles entre 2014 et 2021) :
Whisky Live Paris 2014










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