Oui, il est déjà temps de se pencher sur les rhums sélectionnés pour faire partie de de la fournée 2021 des Single Casks de chez Plantation !
Rappelons que ces single casks ont tous vieilli en trois étapes ; d’abord un vieillissement tropical en fût de bourbon, puis du temps passé en fût de cognac en France avant de passer par un élevage dans un troisième type de fût (qui varie selon les embouteillages) toujours en Charente. Entre ce temps passé dans trois fûts différents et les origines très variées de ces rhums, les profils qui en résultent sont extrêmement variés ! Vous allez vous en rendre compte à la lecture de cet article, avec au programme douze participants 🙂
Je reprends le principe de “carte d’identité” pour vous présenter ces Single Casks 2021.
Plantation Single Cask – Barbados 10 years old – 49.9%

Vieillissement : 4 ans sous les tropiques en fût de bourbon, 5,5 ans en France en fût de cognac, 4 mois en fût de Imperial stout de chez Brooklyn Black Ops
Dosage : 16 g/L
Nez : gourmand à l’extrême (presque écœurant, sans passer la limite), coco grillé, vanille, copeaux de crayon, brioche et quelques épices, fait penser à une stout « crémeuse » à la vanille ; on craint un peu le sucre
Bouche : on retrouve bien cette impression de stout vanille et coco et en effet le sucre est tout de même très présent
Finale : moelleuse sur le lait de coco et la brioche, elle est longue
Intéressant de trouver ce parallèle entre les rhums de la Barbade et les Imperial stouts.
Plantation Single Cask – Barbados 10 years old – 49.6%

Vieillissement : 4 ans sous les tropiques en fût de bourbon, 5,5 ans en France en fût de cognac, 4 mois en fût de Sherry Oloroso
Dosage : 8 g/L
Nez : un peu plus vif et plus classique que le précédent, tout en gardant la noix de coco, le boisé et la vanille
Bouche : plus vive, avec un alcool plus marqué, qui équilibre partiellement le sucre, on reste dans le classique Barbade
Finale : noix de coco, vanille, bois neuf
Très Barbade/bourbon, plutôt agréable dans ce classicisme gourmand, sans réelle nouveauté. Oui le Sherry apporte peut-être quelque chose mais c’est extrêmement discret.
Plantation Single Cask – Barbados 2014 – 50.1%

Vieillissement : 5 ans sous les tropiques en fût de bourbon, 1 an en France en fût de cognac, 1 an en fût de Malbec
Dosage : 0 g/L
Nez : bien différent des deux premiers, plus fin et moins typique de la Barbade. Notes de vanille mais aussi accents végétaux et quelques épices
Bouche : là encore, il marque sa différence, avec un profil bien plus sec et relativement végétal, et c’est ici que l’on retrouve sa troisième phase de vieillissement avec des notes de poudre à canon (qui m’ont fait me demander si le fût avait été méché).
Finale : définitivement plus sèche et même agréablement astringente
On sort de la typicité barbadienne, de manière plutôt réussie.
Plantation Single Cask – Panama 14 years old – 52.4%

Vieillissement : 11 ans sous les tropiques en fût de bourbon, 2 ans en France en fût de cognac, 1 an en fût de Rye whiskey de chez New York Distilling Company
Dosage : 12 g/L
Nez : c’est d’abord le fût de bourbon qui ressort, avec vanille et caramel (et même un peu de coco), puis la fraicheur apportée par le rye whiskey ressort avec des notes de céréales vertes et un résultat assez équilibré
Bouche : il est étonnamment ample en bouche avec un fruité qui surprend agréablement mais aussi du sucre qui pique un peu
Finale : malheureusement assez courte et marquée par l’alcool et le sucre (avant de devenir un peu plus sèche), pas fan de cette finale
Le nez m’avait fait espérer mieux, d’autant que d’habitude j’aime bien l’influence du rye, que je trouve finalement trop discrète ici.
Plantation Single Cask – Panama 2007 – 46.5%

Vieillissement : 11 ans sous les tropiques en fût de bourbon, 2 ans en France en fût de cognac, 10 mois en fût de Côte-rotie
Dosage : 8 g/L
Nez : le fût de vin rouge saute aux narines, surtout en comparaison du précédent ; plus de finesse (le fût de bourbon est bien plus discret) et une pointe de poudre à canon/souffre ressort, en lui apportant une certaine tension
Bouche : là encore, grosse domination du fût de vin et de sa mèche de souffre ; je n’arrive pas à passer outre
Finale : on revient vers des contrées plus crémeuses et plus classiques du Panama
J’adore la syrah des Côtes du Rhône et j’espérais que ce cépage marque le rhum mais c’est bien le fût méché qui laisse son empreinte.
Plantation Single Cask – Fiji Islands 2011 – 50.1%

Vieillissement : 7 ans sous les tropiques en fût de bourbon, 2 ans en France en fût de cognac, 10 mois en fût de whisky Japonais de chez MARS (Tsunuki The First)
Dosage : 0 g/L
Nez : relativement discret où les différentes phases de vieillissement sont bien liées ; arômes de chocolat au lait, de caramel et discret fruité, avec une pointe d’agrumes
Bouche : l’alcool est bien dosé pour équilibre entre vivacité et notes moelleuses, là encore pas de note dominante mais plutôt une unité issue des différents fûts utilisés
Finale : moyennement longue sur un boisé sec
Assez réussie que cette finition whisky, même si l’influence de cette dernière a été pour moi quasi indétectable
Plantation Single Cask – Multi-Island XO – 40.8%

Vieillissement : plusieurs années sous les tropiques en fût de bourbon, plusieurs années en France en fût de cognac, 8 mois en fût de Pineau des Charentes blanc
Dosage : 20 g/L
Nez : pas tellement expressif, avec une impression générale de caramel crémeux, de fruits confits et de fût de bourbon ; il est un tout petit peu piquant ; mouais
Bouche : plus de caractère que prévu, avec même des esters qui s’y sont égarés alors que le sucre, bien que présent est moins gênant que sur d’autres rhums de la série
Finale : moyenne, on garde la douceur mais aussi les fruits confits
Je ne suis clairement pas client de ce rhum mais il a l’avantage – dans le créneau des rhums sucrés – de sortir du sempiternel profil latino.
Plantation Single Cask – Guatemala XO – 43.3%

Vieillissement : plusieurs années (on ne sait pas combien là non plus) sous les tropiques en fût de bourbon, 1 an en France en fût de cognac, 11 mois en fût de Moscatel
Dosage : 15 g/L
Nez : le boisé ici est plus sec et le rhum offre plus de profondeur que le précédent, avec des fruits à coque vanillés, de l’orange et de discrètes notes florales
Bouche : moins dosé que le précédent, le sucre s’y sent pourtant plus ; les saveurs sont assez monocordes entre boisé, vanille, et cette petite touche florale qui réapparait
Finale : moyenne, sucrée, boisée et plutôt gourmande
A la limite j’ai préféré le Multi-Island ; non ce Guatemala ne retiendra pas mon attention.
Plantation Single Cask – Trinidad 2008 – 49.8%

Vieillissement : 11 ans sous les tropiques en fût de bourbon, 1 an en France en fût de cognac, 1 an en fût de Chablis
Dosage : 10 g/L
Nez : le bourbon a laissé son empreinte mais, il y a un second niveau de lecture avec des notes fruitées (agrumes, noix et raisins), ainsi qu’une timide pointe végétale/fumée ; l’ensemble est gourmand
Bouche : la puissance est bonne et contrebalance (partiellement seulement) la douceur ; ce sont bien les notes apportées par le fût de bourbon qui occupent le devant de la dégustation
Finale : la finale suit la bouche, avec ses arômes de coco, de bois et de vanille
Le nez laissait présager plus de complexité mais on revient rapidement sur un profil très bourbon – à l’aveugle, j’aurais pu dire Barbade.
Plantation Single Cask – Trinidad 2009 – 45.3%

Vieillissement : 10 ans sous les tropiques en fût de bourbon, 1 an en France en fût de cognac, 11 mois en fût de Duvel Barrel Aged (Batch n°5)
Dosage : 0 g/L
Nez : complexe, il s’y passe pas mal de choses : caramel, agrumes, fruits exotiques et puis une impression sèche et végétale (peut-être le malt de la bière), pas mal
Bouche : voilà plus de caractère et l’on y retrouve les acteurs du nez, avec en prime une invitée de dernière minute : l’olive verte
Finale : sèche et longue, avec du caramel, un boisé sec et cette surprenante olive
Pas mal cette finition Duvel, même si elle n’aide pas à cadrer le profil Trinidad, qui est toujours si compliqué à identifier, c’est une réussite.
Plantation Single Cask – Jamaica (Clarendon) 2013 – 43.1%

Vieillissement : 3 ans sous les tropiques en fût de bourbon, 4 ans en France en fût de cognac, 10 mois en fût de Duvel Barrel Aged (Batch n°5)
Dosage : 0 g/L
Nez : la Jamaïque n’explose pas aux narines et on est face à un profil atypique et intriguant, avec des arômes de résine, d’anis, de caramel et de fruit de la passion qui dominent (j’ai pensé IPA à un moment), alors que sa nature jamaïcaine est au second plan, entre autres représentée par l’amande amère
Bouche : on retrouve la complexité du nez et son originalité ; c’est sec, gourmand, végétal
Finale : assez longue, on reste sur cette identité sèche, végétale mais non dénuée de gourmandise pour autant
C’est peut-être le fût de Duvel qui fait ça, mais je me suis retrouvé un peu con devant ce rhum, ne trouvant pas vraiment mes repères, et c’était bien !
Plantation Single Cask – Jamaica (Long Pond) 1998 – 49.6%

Vieillissement : 20 ans sous les tropiques en fût de bourbon, 2 ans en France en fût de cognac, 10 mois en fût de Bourbon de chez Bardstown (Fusion Series)
Dosage : 0 g/L
Nez : sans conteste le plus intense et concentré de la série, sur un profil pâtissier qui fait vraiment envie, sa nature tropicale et opulente nous parvient par les fruits exotiques au second plan, alors que le fût de bourbon est bien (trop ?) présent
Bouche : punaise c’est bon ! On retrouve cette concentration autant sur les saveurs que sur la texture, collante qui envahit chaque recoin de la bouche. Pas très complexe mais simplement hyper gourmande, généreuse et qui ne demande qu’à y revenir
Finale : longue sur ces notes pâtissières et bourbonnées
Quelle gourmandise et quel goût de reviens-y ! Sommes-nous vraiment en Jamaïque ? Pas sûr, et ce n’est pas bien grave tant ce rhum est plaisant et facile ; décidément Long Pond est vraiment ma distillerie jamaïcaine favorite.
Comme je vous le disais, il y en a pour tous les goûts ! A mon avis, trop de ces rhums sont édulcorés mais je ne suis évidemment pas le public visé par toutes les références de la gamme. Certains de ces “triple vieillissements” sont en revanche très à mon goût, comme les trois derniers de cette liste. A retenir que, si ce n’est le Jamaica 1998, tous ces rhums sont annoncés sous la barre des 100€.
Je note également sur mes calepins que ces finitions bière apportent de la nouveauté et de l’intérêt, ce que j’avais déjà pu expérimenter chez Richland lors de ma visite. A suivre !
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