Après la mise en bouche – sacrément musclée – de la première série, on continue avec cinq nouveaux rhums agricoles brut de colonne. Sans vous en livrer trop, le niveau de qualité moyen sur ce line-up a encore été supérieur au précédent, ce qui n’est pas une mince affaire.
Action !
L’alcool parait étonnamment discret mais pas les arômes. La canne à sucre domine, une canne légèrement organique et complétée par un air marin (sans doute distillé sur alambic en cuivre ce rhum). On a l’impression qu’il va y avoir une réelle épaisseur en bouche. Le deuxième nez nous propose un profil encore plus expressif tout en gardant nos acteurs, qui se font plus frais. Un peu plus de repos apporte une mangue très mûre, presque trop.
L’attaque est saisissante, autant de puissance (c’est le premier du line-up, ce qui peut expliquer cela), d’intensité et de sucre. Il occupe très bien le terrain par sa texture collante. Plus canne que mer, il n’est cependant pas dénué d’une pointe saline.
La finale est plus droite et plus sèche sur une trame végétale qui va rester un moment en bouche. La brise de bord de mer vient clore la dégustation, en prenant progressivement le pas sur les autres arômes et évolue même légèrement sur des notes métalliques. Définitivement pas distillé sur colonne.
Une jolie dégustation, en équilibre jusqu’à la finale, qui développe cette note métallique/marine qui me déplaît.
La Perle Fine 2020 – 67.5%

La première impression : un côté huileux/friture assez étrange. La fraîcheur (citron vert) et la canne n’apparaissent qu’au second plan. Bien que cet arôme « gras » ne disparaisse pas totalement, il recule et se fait discret au profit de la canne qui devient fort agréable. Étaler le liquide sur les parois va faire resurgir l’huile, mais qui prend rapidement des accents de fruits exotiques – en voilà une évolution intéressante et surprenante. Plus de temps dans le verre va plutôt le desservir et il faudra l’agiter à nouveau pour qu’il retrouve une belle fraîcheur.
La goutte posée sur la langue s’évapore presque pour laisser place à un nuage d’arômes. Le liquide a cependant le temps de laisser une impression sucrée très “friandise”, qui, associée à une canne gourmande et à sa nature exotique, donne un résultat très concluant. Pas question d’en prendre trop ou de le garder longtemps en bouche, sinon c’est la brûlure assurée, heureusement ce n’est pas peine.
La finale est longue et fraîche où la canne est là et bien là.
Dégustation intéressante et agréable. Cette première note, qui m’a fait un peu peur, s’est rapidement éclipsée/transformée et la suite était tout à fait à mon goût (je n’oublie quand même pas la puissance en bouche qui m’a un peu dérangé).
Saint James Brut de Colonne Bio – 74.2%

Il faut lui donner un peu de temps pour que les arômes se manifestent, il débute vraiment timidement. Puis viennent la canne et la fraîcheur mais sous un visage assez sec. Des notes terreuse et fruitées (mangue) se frayent un chemin jusqu’aux narines. Des notes marines là aussi ? Peut-être mais bien plus en retrait que sur le premier. Fruits et fraîcheur (beaucoup de fraîcheur) se développent encore sur le second nez et on imagine une texture soyeuse, alors que l’impression générale se fait moins sèche et plus flatteuse.
La bouche déstabilise un peu du fait d’une grosse intensité gustative qui révèle (ou confirme) la présence de fruits exotiques mûrs, une canne légèrement organique, une léger sucré/salé et une texture qui va assécher le palais. L’ensemble fonctionne quand même drôlement bien !
Ce sont plusieurs minutes qu’il va falloir à se rhum pour se faire plus discret et je ne m’en plains pas.
Pas de fausse note sur cette dégustation, qui bien qu’elle démarre un peu doucement, passe rapidement la deuxième et met ensuite le booster, pour finalement m’avoir vraiment conquis.
Bielle Brut de Colonne – 71.2%

Celui-ci se dévoile plus rapidement et offre un profil plus classique dominé par la canne (végétale et fruitée) et le citron vert. Pas mal de fraîcheur et un bel équilibre. A noter également que l’alcool sur ce premier nez est assez discret. Une fois le rhum aéré dans le verre, ce sont les fruits qui vont dominer, et pas qu’un peu. Mangue et passion occupent désormais le premier rôle, la canne et le citron vert devant se contenter de jouer les seconds couteaux. Là encore une évolution assez inattendue pour un joli résultat.
La canne reprend ses droits en bouche, une canne gourmande et sucrée, bien équilibrée par un citron vert très frais. J’ai tout de suite pensé à un ti’punch, survolté certes mais un ti’punch quand même ; et moi j’aime ça.
Moyennement longue que cette finale qui va progressivement prendre un visage plus végétal et vert, voire légèrement astringent. Sans partir non plus vers un jour désagréable, c’est l’étape la moins plaisante.
Un tout petit bémol sur la finale mais la majeure partie de la dégustation est tout à fait réussie, avec beaucoup de gourmandise fruitée !
Montebello Cuvée the Bolokos batch 1 – 76%

Sur la réserve que ce dernier rhum du line-up, il faut y mettre le nez mais l’alcool n’étant (pour l’instant) pas trop marqué, ce n’est pas un problème. On y trouve alors une canne végétale et des agrumes pour un profil global assez sec. Après avoir badigeonné l’intérieur du verre (n’essayez pas de le faire sur l’extérieur) avec le liquide, le rhum se livre à peine plus mais l’alcool ne devient toujours pas problématique. Ce sont principalement des arômes végétaux qui se font sentir : canne végétale, réglisse et quand même un peu de fruit avec le zeste de citron. Mouais. Du repos dans le verre va faire apparaître une facette florale.
Bien plus classique en bouche – ce qui n’est pas pour me déplaire – avec une canne multi-facettes, une texture grasse et une belle dose de fraîcheur. Réussie sans apporter quelque chose de plus, il faut remarquer que l’alcool est toujours discret en bouche.
La finale est plus longue que sur le précédent. La canne se fait moins gourmande et plus végétale (comme souvent), avec un tour de moulin à poivre en prime.
Sur ce Bielle par Old Brothers, il n’y a pas vraiment de défaut mais je ne l’ai pas trouvé assez expressif et manquant de gourmandise. A noter cet alcool hyper fondu, tout à fait remarquable.
Old Brothers (Bielle) – 72.8%

Oui, je me répète, du haut niveau et vraiment une très bonne impression générale de ces cinq rhums. Mais je dois tant bien que mal établir un classement ; sur ce line-up de qualité, c’est le Brut de Colonne de chez Bielle qui l’emporte avec un sans-faute. En seconde position, un rhum dont j’avais entendu le plus grand bien à de nombreuses reprises et qui est très recherché : la Cuvée Bolokos de Montebello, dont la réputation n’est pas usurpée. Vient ensuite un des bruts de colonne au prix le plus intéressant du marché, le Bio de Saint James et sa bouche concentrée et conquérante. Ex-æquo à la quatrième place se trouvent donc la Perle Fine de A1710 et le Old Brothers 72.8, qui sont bons et auraient sans doute occupé une marche du podium face à d’autres concurrents.
Il ne me reste plus qu’à espérer que les dégustations à l’aveugle suivantes seront à la hauteur !
Dégustations à l’aveugle de bruts de colonne partie 1.
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