Cela faisait quelque temps que je ne m’étais livré à cet exercice que j’affectionne tant avec des rhums aux alentours des 50%. Mais ça y est, c’est six échantillons en poche que j’ai pu me faire un nouveau line-up pour une nouvelle dégustation à l’aveugle.
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Première impression assez atypique sur des notes anisées et légèrement mentholées. Ces arômes, associés à une touche végétale, portent beaucoup de fraicheur. Un petit zeste de citron vert se balade également en arrière-plan. La canne et sa gourmandise me manquent. Après un moment, l’olive fait une apparition tonitruante.
La bouche suit le nez mais va révéler une pincée de poivre. Cependant c’est surtout l’arrivée de la canne à sucre qui se remarque. Pas conquérante, elle se met bien en place et est la bienvenue.
La finale est longue sur l’anis et la saumure d’olive, ainsi qu’une note de canne végétale.
Cette dégustation commençait de manière originale mais était marquée par un déficit de plaisir. La bouche fait son possible pour contrebalancer ce manque et y parvient relativement bien. La finale en revanche n’est pas à mon goût.
Savanna Creol – 52%

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Au nez, la canne est présente mais pas sous son visage le plus expressif ou le plus flatteur. L’impression qui se dégage n’est pas très franche ; il se passe pas mal de choses mais c’est un peu brouillon. Canne à sucre végétale et florale, air marin, amande, pointe d’agrume…
La bouche est plus simple et plus directe, sans être très gourmande pour autant, elle me plait un peu plus. L’alcool se fait sentir. Bien qu’elle soit plus droite que le nez, je ne suis pas non plus convaincu. La texture un peu fine n’aide pas.
La finale est relativement longue et se voit portée par l’alcool qui demeure un moment sous le palais.
Comme vous vous en êtes rendus compte, je n’ai pas été enthousiasmé par ce second concurrent.
Les Rhums de Ced’ Point G 2019 – 50%

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Plus expressif et plus agréable dès les premières effluves, il associe bien fraicheur et arômes plus lourds. C’est une canne fraiche, fruitée et végétale qui domine mais qui se trouve épaulée par une impression cirée, huileuse. Un zeste de citron vert et une pincée d’épices complètent ce profil engageant. Au bout d’un moment, apparait une rondeur quelque peu céréalière.
La bouche est intense malgré un alcool mesuré. Une discrète suavité nous accueille mais la texture est, là aussi, légèrement trop fluide. On retrouve notre jolie canne, que j’imaginais un peu plus gourmande malgré tout.
Ce rhum devient étonnamment asséchant sur la finale ; bien plus sec que prévu, un peu trop. Un peu moins long que les deux précédents, c’est le végétal de la canne qui nous accompagne, accompagné de son amertume, qui accentue encore le côté sec et même un peu austère à ce moment-là.
Pas mal, et au-dessus des précédents à mon goût, il présente tout de même de petits “défauts”.
Saint Aubin Cœur de Chauffe – 50%

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Encore un rhum qui s’offre à nous de manière peu commune. Il n’est pas sans me rappeler des arômes de pomme et de poire que l’on peut trouver sur des new makes (distillat de malt) ou des eaux-de-vie. La canne à sucre n’est pas bien loin et semble ronde et crémeuse. La fraicheur vient de la matière première mais aussi d’une touche anisée. Ce jus est délicat et prometteur.
L’attaque est très douce, de trois manières : l’alcool est quasi inexistant, la texture est grasse et la sucrosité notable. On peut le garder en bouche un bon moment, ce qui permettra d’y trouver essentiellement canne et agrumes. Une jolie bouche qui manque un peu d’intensité.
C’est à vrai dire sur la finale que l’alcool se manifeste peu sans que cela gêne. On garde notre canne, qui va progressivement gagner en puissance végétale et en amertume.
Un rhum plaisant et intéressant. Il lui manque quand même un petit quelque chose pour être remarquable – sans doute cette intensité qui lui fait défaut.
La Part des Anges Sublim’ Canne – 45%

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On change une nouvelle fois totalement de registre ! Énormément de verdeur et un côté organique qui m’évoque certains alcools chinois et leurs arômes fromagers. Non, tout ça n’est pas très flatteur. Ajoutez-y un tour de moulin à poivre et vous avez un rhum, qui n’en a pour ainsi dire aucun marqueur.
En bouche, il s’en tire mieux, puisque, bien qu’il conserve ses étranges arômes, la canne fait irruption. De plus, l’amertume que je présentais, du fait de sa facette végétale exacerbée, est en fait absente. Une légère sucrosité nous surprend même positivement. Bon, ça ne reste pas folichon non plus mais on reconnait le rhum.
La finale retombe sur les travers du nez et même si la canne demeure, on perd la gourmandise de la bouche. On gagne aussi une note terreuse.
Aucune idée de ce qu’est ce rhum… En tout cas, il ne m’a pas plu. Franchement, je pense que mon échantillon était daubé.
Et quand j’ai vu de quel rhum il s’agissait, je confirme que mon sample était défectueux. J’essaierai de m’en procurer un nouveau et de réintégrer ce Dillon dans une future dégustation.
Dillon Canne Rouge 2018 – 50%

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Après le précédent, cela fait très plaisir de retrouver un profil plus classique où le rhum pur jus de canne est évident. C’est justement cette canne qui domine de belle manière. Gourmandise et fraicheur vont main dans la main vers un bel équilibre. Pas très complexe, il fonctionne bien comme ça.
L’attaque est très agréable. On garde cette simplicité efficace où le jus de canne se trouve au centre du rhum. Fraicheur, intensité, alcool bien dosé, suavité et texture agréable sont les ingrédients pour beaucoup de plaisir.
On garde cette belle impression plusieurs secondes et tant mieux. Relativement longue, la finale va progressivement devenir plus verte et végétale mais elle prend son temps.
Eh beh… Il aura fallu attendre le dernier du line-up pour tomber sur le meilleur de la série.
Rhum Bielle – 50%

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Deux rhums de La Réunion, un de l’Île Maurice, un martiniquais, un marie-galantais et un assemblage Guadeloupe/Martinique, voilà qui nous sort de nos répartitions habituelles. Et niveau classement, ça donne quoi ?
On passe sur le Dillon, puisque mon échantillon n’était clairement pas de qualité. En 4ème place, exæquo, on trouve le Savanna Creol et le Point G des Rhums de Ced’ qui ne m’ont convaincu ni l’un ni l’autre. On monte d’un cran assez net pour trouver sur la 3ème marche du podium, le Cœur de Chauffe de Saint Aubin, qui confirme le bien que j’en pensais déjà, sans être révolutionnaire. On retourne à La Réunion pour trouver en seconde position le Sublim’ Canne de la distillerie La Part des Anges ; une superbe eau-de-vie de canne à laquelle il me manque qu’un peu de peps. Et vous l’aurez compris, c’est un grand classique qui se hisse à la première place de ce classement : le Bielle 50% ! C’est ce rhum de Marie-Galante qui m’aura procuré le plus de plaisir, tout simplement.
Retrouvez ici les précédentes dégustations à l’aveugle de rhums blancs pur jus de canne :
Transversale n°1
Transversale n°2
Transversale n°3
Transversale n°4
Transversale n°5
Transversale n°6
Transversale n°7
Transversale n°8
Transversale n°9
Transversale n°10
Transversale n°11
Transversale n°12
Transversale n°13
Transversale n°14
Transversale n°15
Transversale n°16