Une transversale de blancs pur jus de canne – 22ème prise

Cela fait bien trop longtemps que je ne me suis pas livré à cet exercice que j’affectionne tant. Voici donc la 22ᵉ dégustation à l’aveugle de rhums blancs pur jus de canne. Pour cette fournée, on tourne autour des 50 %.

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Nez : très expressif, porté sur le citron vert, la terre et le poivre (dans cet ordre). Cette première impression est très verte, herbacée. Le repos confirme la grosse fraicheur, alors que le citron vert gagne en amplitude. Pas mal ma foi, même s’il manque de gourmandise.
Bouche : la relative douceur surprend un peu sur l’attaque mais est vite rattrapée par une verdeur végétale (alors que des arômes de canne, de poivre et de citron se manifestent), qui va même se faire amère en fin de bouche…
Finale : …et prendre de l’ampleur sur la finale. C’est bien cette amertume herbacée qui clôt la dégustation.
Conclusion : le nez n’était pas sans qualités mais elles se voient progressivement gommées par la caractéristique végétale de ce rhum.

Héritiers Madkaud Renaissance – 50 %

Héritiers Madkaud Renaissance – 50 %
Héritiers Madkaud Renaissance – 50 % (photo : Excellence Rhum)

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Nez : moins expressif que le précédent, il se livre néanmoins plus gourmand, plus axé sur la canne. Cette dernière est bien épaulée par le citron vert. Le second nez donne un coup de boost à la vivacité, autant alcoolique que fraiche. Ce contact initial est positif.
Bouche : plus de texture et plus de gourmandise. Il se passe plus de choses que sur le premier, avec canne (végétale mais pas que), pincée de poivre et le citron vert (qui recule d’un pas).
Finale : et puis, petit à petit, c’est la facette herbacée de la canne à sucre qui prend le dessus, jusqu’à la fin.
Conclusion : il commence mieux l’expérience qu’il ne la termine mais l’impression globale est assez positive.

Bologne Black Cane récolte 2022 – 50 %

Bologne Black Cane récolte 2022
Bologne Black Cane récolte 2022 – 50 % (photo : Excellence Rhum)

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Nez : plus fin, peut-être va-t-il se faire plus complexe. Pour l’instant c’est la canne qui se trouve devant mais pas tout à fait de la même manière que sur le deuxième. Cette canne est comme déviée de sa trame par un arôme que je n’identifie pas. Enduire les parois du verre lui donne littéralement une seconde vie. Il devient plus intense, plus frais et plus franc.
Bouche : l’attaque est très sympa, autant d’un point de vue puissance, qu’aromatiquement parlant. Il enrobe bien le palais de sa canne douce et juteuse. Très bien.
Finale : la note végétale qui survient quasiment tout le temps à la fin d’une dégustation de rhum pur jus de canne, prend tout son temps à arriver, sans vraiment se mettre en place, tant mieux.
Conclusion : un peu déstabilisé par le premier contact, je me suis rapidement « réconcilié » avec ce rhum par la suite et l’ai beaucoup apprécié.

Neisson Clos Godinot – 52.5 %

Neisson Clos Godinot - 52.5 %
Neisson Clos Godinot – 52.5 % (photo : Excellence Rhum)

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Nez : expressif oui mais sur un profil plus chimique que pur jus de canne, quelque part entre peinture et polycopié. Une fois l’intérieur du verre recouvert du liquide et avec du repos, on trouve la canne, qui semble jouer des coudes pour se faire plus de place, sans tout à fait y parvenir. Le visage chimique s’estompe et une note anisée émerge.
Bouche : là encore, texture et suavité sont au rendez-vous. La canne est devant, seule mais une pointe chimique – très discrète – a même tendance à la faire ressortir. Bien cette bouche.
Finale : étonnamment courte et pas vraiment nette, la canne va decrescendo puis disparait.
Conclusion : étonnante dégustation, pendant laquelle on passe par des états bien différents. Le second nez et la bouche le sauvent.

Domaine de Séverin années 70 – 50 %

Domaine de Séverin années 1970 - 50 % - Il ne s'agit pas exactement de la bouteille dégustée
Domaine de Séverin années 1970 – 50 % (photo : Excellence Rhum) – Il ne s’agit pas exactement de la bouteille dégustée

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Nez : on retombe sur du classique non dénué d’intérêt. Expressif, c’est avant tout la matière première qui s’exprime. Cette canne est complète, armée de ses facettes florale, fruitée et herbacée. Un zeste de citron vert passe par là. La suite confirme la prédominance de la canne mais ce sont (malheureusement) ses accents floraux et végétaux qui prennent le pas, laissant la gourmandise fruitée de côté. Néanmoins, ça reste pas mal.
Bouche : encore une fois, la sucrosité marque l’attaque. On associe douceur et notes florales et végétales de la canne. Tour de moulin à poivre, zeste de citron vert complètent ce profil qui fonctionne bien mais qui reste un poil austère.
Finale : décidément, c’est une nouvelle fois le duo herbacé et floral qui l’emporte. Relativement longue cette finale mais pas l’étape la plus à mon goût.
Conclusion : ma foi, voilà un rhum qui se fixe sur une trame et ne la quitte plus. Intense tout du long pour une impression globale positive, malgré ce léger déficit de gourmandise.

Braud & Quennesson – 50 %

Braud & Quennesson 50 %
Braud & Quennesson 50 % (photo : Excellence Rhum)

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Nez : décidément celui-ci aussi s’exprime pleinement mais à nouveau dans un autre registre. Il semble avoir été distillé sur alambic à repasse plutôt que sur colonne créole. S’en dégagent à la fois une certaine âcreté mais aussi une douceur (canne et graine de fenouil) qui promet. Ce sont bien ces deux impressions qui s’affirment sur le second nez, avec une montée des curseurs. Il y a un côté Cap-Vert là-dedans.
Bouche : très réussie, entre suavité, acidité et arôme de canne fruitée et fraiche. Vraiment bien foutue ; pas la plus complexe mais très plaisir.
Finale : on conclut la dégustation dans la logique des étapes précédentes, ce qui me va très bien. Moyennement longue, on garde un profil identique, qui ne vogue pas vers trop de verdeur, voire d’amertume.
Conclusion : il se démarque clairement des autres (j’imagine absolument une distillation différente) et ne souffre d’aucun défaut.

Cachaça Yaguara Still Strength – 48 %

Cachaça Yaguara Still Strength - 48 %
Cachaça Yaguara Still Strength – 48 % (photo : Velier)

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Remontons le classement, de celui qui m’a le moins plu, vers mon favori de cette série. À noter un niveau moyen assez élevé avec des rhums qui ont tous des qualités (plus ou moins atténués par leurs défauts quand il y en a).
En 6ème place, c’est le Héritiers Madkaud que l’on trouve ; ce Renaissance est moins à mon goût que le Castelmore, que j’avais découvert dans une précédente dégustation à l’aveugle. Deux rhums viennent ensuite occuper la 4ème place exæquo, deux guadeloupéens avec le Séverin old school et le Bologne Canne Noire 2022. On passe un cran qualitatif (ou plutôt plaisir d’ailleurs), en arrivant sur le podium. J’ai redécouvert le Braud et Quennesson 50 %, qui ne m’avait pas marqué positivement lors de ma première dégustation au Rhum Fest 2023 mais qui m’avait plus plu récemment à France Quintessence. Neisson prend la deuxième place avec son Clos Godinot, dont le nez m’a laissé un peu perplexe mais qui, ensuite, s’est fait remarquer par beaucoup de gourmandise. Vous l’aurez compris, c’est au Brésil que revient la première place. Cette cachaça brute d’alambic de chez Yaguara coche toutes les cases sans souffrir du moindre défaut à mon goût.

Retrouvez ici les précédentes dégustations à l’aveugle de rhums blancs pur jus de canne :

Transversale n°1
Transversale n°2
Transversale n°3
Transversale n°4
Transversale n°5
Transversale n°6
Transversale n°7
Transversale n°8
Transversale n°9
Transversale n°10
Transversale n°11
Transversale n°12
Transversale n°13
Transversale n°14
Transversale n°15
Transversale n°16
Transversale n°17
Transversale n°18
Transversale n°19
Transversale n°20
Transversale n°21

Et, voici les dégustations à l’aveugle des purs jus de canne en version brut de colonne :

Dégustation à l’aveugle de bruts de colonne partie 1
Dégustation à l’aveugle de bruts de colonne partie 2
Dégustation à l’aveugle de bruts de colonne partie 3
Dégustation à l’aveugle de bruts de colonne partie 4
Dégustation à l’aveugle de bruts de colonne partie 5

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